Bonifacio, le cimetière marin.

Situé dans le quartier du Bosco à la sortie de la Ville Haute, peu après les ruines des 2 anciens moulins à vent, le cimetière marin de Bonifacio occupe l'extrémité de la presqu'île dominant le Goulet. Perché depuis 1823 sur son promontoire de pierre blanche face à la Méditerranée, il est dédié à saint Érasme, le patron des pêcheurs.  

Dans cette petite ville de l'au-delà, serrées le long des allées tels des pavillons mitoyens, les chapelles blanches orientées vers le soleil couchant voisinent avec la démonstration ostentatoire de quelques tombes monumentales de notables locaux. La mort efface les différences et l'on n'emmène rien dans la mort de ce qui faisait la richesse ici-bas... Au milieu des nantis, le carré des indigents rappelle chacun à l'humilité.

Des centaines de croix s'élèvent dans le ciel bleu intense. Instant de paix, un souffle passe... Pour moi, le cimetière marin de Bonifacio est avec celui de Colleville-sur-Mer, en Normandie, l'un des plus beaux cimetières de France, l'un des plus émouvants.

Entrée principale du cimetière marin. Tympan, corniche et colonnes à chapiteaux, ce portail monumental a tout du temple antique. Façonné en granit rose pour l'église Sainte-Marie-Majeure de Bonifacio, il a été déplacé en 1987 et orne depuis l'entrée est du cimetière marin. 

Passée l'entrée, une allée du cimetière descend en pente douce vers la Méditerranée.

Repos éternel, face à la Grande Bleue. A droite sur la photo et visible sur plusieurs photos suivantes, l'imposant dôme en tuiles de la chapelle funéraire élevée à la mémoire de la famille Aïcardi. Construite en 1866 dans un style néo-classique, cette chapelle funéraire est la plus ancienne du cimetière.

A hauteur de toits...

Déambulation à travers les allées du cimetière.

Succession de chapelles aux murs blancs sous un ciel d'azur, la Méditerranée autour. En parcourant certaines allées, on pourrait se croire dans quelque village d'une île grecque.

Chacune des chapelles est surmontée d'une croix en pierre sur laquelle viennent fréquemment se poser mouettes et goélands... Il se murmure qu'ils sont l'âme des pêcheurs disparus...

Monument aux Morts des guerres de Crimée et de 1870. Édifié en 1892 par Dominique Paoleschi, tailleur de pierres bonifacien, c'est l'unique monument de Corse commémorant ces 2 guerres du règne de Napoléon III. Au centre, une statue en marbre blanc de la Vierge à l'Enfant.

L'ostentatoire monument funéraire de Castelli Pacha (1845-1916). Avec sa position centrale, son obélisque, son piédestal et ses dimensions, j'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'un monument aux morts en hommage à des soldats tombés au combat. Né à Bonifacio, Antoine-Marie Castelli (en médaillon), surnommé Castelli Pacha, fut directeur des bureaux européens au Ministère de la Justice et conseiller du khédive. Il fit l'essentiel de sa carrière de haut-fonctionnaire en Égypte. 

Carré de l'hôpital et des indigents. Des défunts dont les corps n'ont jamais été réclamés. 

Face à la mer, tournés côté soleil couchant, les absents dans leur demeure d'éternité.

 (Photos prises le 12 mai 2022)

Bonifacio, l'escalier du Roi d'Aragon.

D'aucuns racontent qu'il a été construit en une nuit par les troupes d'Alphonse V lors du siège de la ville en 1420. Que nenni !! Il n'y a qu'à le voir pour comprendre qu'il aura fallu bien plus d'une nuit pour creuser à même la roche cet escalier descendant sur 65 m de dénivelé des hauteurs de la citadelle jusqu'à la mer. Pas de notion guerrière donc. Plus vraisemblablement œuvre de moines franciscains, l'escalier du Roi d'Aragon était destiné à faciliter les allers/retours en taillant au plus court à travers la falaise pour atteindre le puits Saint-Barthélemy dans une grotte en contrebas et pouvoir ainsi alimenter la population bonifacienne en eau douce.

Inscrit aux MH depuis 1994, l'escalier du Roi d'Aragon est un incontournable de Bonifacio, cette ville de fin de terre qui se définit tant par ses falaises. L'accès se fait rue Simon-Varsi, au coeur de la citadelle. Compter 5 € l'entrée, avec jauge de visiteurs car le passage se rétrécit par endroits à tel point qu'il peut être compliqué de se croiser... Casque sur la tête, c'est parti pour une petite descente : 187 marches -irrégulières et plutôt hautes, prolongées sur une vingtaine de mètres supplémentaires par un sentier aboutissant à l'endroit où se trouvait jadis le puits (non visible).

Le parcours en lui-même ne présente pas de danger, il est sécurisé tout le long, mais attention la remontée requiert quand même une bonne condition physique. Si pas de vertige et pas de problèmes cardiaques, je conseille vivement l'expérience pour les vues magnifiques, en a-pic, dont on ne peut jouir qu'à cet endroit, et pour la sensation incroyable de faire corps avec la falaise  !!

Faire corps avec la falaise, illustration...

187 marches creusées à même la roche... Je les ai comptées, elles y sont bien toutes !!

187 comme ça... A descendre, facile !! Mais remonter sollicite sacrément cuisses et mollets. Ce serait mentir de prétendre que je l'ai fait d'une traite...

Le mur de falaises et le Grain de Sable (au fond à gauche). 

Une fois les marches descendues, le parcours mène sous la roche jusqu'à l'ancien puits. Au mois de mai, il n'y avait pas trop de monde, j'ai pu m'arrêter autant que je le voulais et profiter longuement de cet environnement exceptionnel sans gêner personne. 

Une impressionnante voûte calcaire suspendue au-dessus de la tête...

Magnifique tout le long !!

 (Photos prises le 12 mai 2022)

Bonifacio, les falaises.

11 petits kilomètres la séparent de la Sardaigne, en face. Commune la plus méridionale de France métropolitaine, avec sa Vieille Ville protégée par une citadelle gaillardement accrochée au bord du précipice, Bonifacio aimante le regard.

Véritable mur de calcaire blanc, immense, veiné de strates, ses hautes falaises entaillées à la verticale par l'escalier du Roi d'Aragon dominent la Méditerranée, s'effilant en presqu'île vers la Sardaigne toute proche. Sculpté par l'érosion, un gros rocher baptisé "Grain de Sable" joue les stars dans l'eau turquoise. Pris d'un besoin d'indépendance, il y a environ 800 ans il s'est détaché de la falaise. C'est le chouchou des photographes. Bonifacio et ses falaises constituent l'un des paysages les plus connus de l'île de Beauté. Sur le belvédère aménagé au pied de la citadelle, les touristes affluent.

Option plus sauvage pour admirer un panorama extraordinaire, quitter la ville direction le sémaphore. Ce faisant, on s'éloigne aussi de la foule. La route grimpe à travers le cap Pertusato. Laisser la voiture sur le bas côté. On s'enfonce à pied dans le maquis sur les chemins sinuant parmi les asphodèles et les cistes en fleurs pour arriver jusqu'au bord de la falaise. En face, Bonifacio apparaît, comme suspendue au-dessus de la mer... 

Des chemins pierreux conduisent au panorama sur les falaises de Bonifacio. Propriété du Conservatoire du Littoral, la zone est un espace protégé rattaché au Parc marin international Corse-Sardaigne. Bien rester sur les sentiers aménagés et cueillette interdite.

Au plus près de la côte escarpée, longue pause contemplative. Le panorama est grandiose !!

Ce jour-là avait lieu la première étape du Pro Sailing Tour, une course nautique réservée aux trimarans de la classe Ocean Fifty (multicoques de 50 pieds). Les équipages régataient entre Bonifacio et les îles Lavezzi. 

Au bord de la falaise, une eau incroyablement limpide. Des nuances de bleu, de vert... Se pencher (attention, pas trop) pour admirer !!

Me voilà maintenant côté ville, pour une autre perspective. Planté dans l'eau à proximité de la falaise, le "Grain de Sable". Presque au bout du bout, le phare de Pertusato et le sémaphore veillent sur les bouches de Bonifacio, un passage réputé dangereux pour la navigation car parsemé d'écueils. La "Sémillante" en fit la terrible expérience en 1855 (Alphonse Daudet raconte le naufrage de la frégate "broyée d'un coup et mise en miettes" dans l'une de ses "Lettres de mon Moulin"). 

Le cap Pertusato avec, au loin, les côtes de Sardaigne.

A gauche sur la photo, départ du chemin pédestre montant de Bonifacio jusqu'au cap Pertusato (compter 3 H aller/retour). 

Face aux falaises... Heure de pointe !!

 (Photos prises le 12 mai 2022) 

Le Lion de Roccapina. 

Du haut de son rocher de granit rose, tel un sphinx, il pose face à l'immensité de la Méditerranée. Le Lion de Roccapina est réputé dans le Sud-Ouest de la Corse. Il n'y a qu'à voir le ballet des voitures le long du dégagement aménagé en bord de route. Lui pose impassible devant l'objectif des photographes. 

Né de l'action conjuguée des embruns, de la pluie, du soleil et du vent, le Lion de Roccapina garde le cap auquel il doit son nom sur la côte découpée menant à Bonifacio, passé le golfe de Valinco. A ses pieds, une petite crique avec sa plage de sable blanc et ses eaux couleur lagon. Arbousiers, bruyère et genévriers tapissent d'un maquis dense cet univers minéral, sorte de chaos rocheux dans lequel se cache aussi la silhouette d'un éléphant. Sur cette même pointe rocheuse, voisine du Lion, une tour génoise complète le tableau. 

Le site de Roccapina, noyé dans le maquis. Au loin le promontoire rocheux sur lequel on aperçoit le Lion et la tour génoise. Une petite crique aux allures de plage caraïbe, l'horizon illimité de la Méditerranée. Sublime !!

 Immobile dans le maquis, se cache aussi la silhouette d'un éléphant... 

Lui, j'ai eu plus de mal à le repérer, il faut y regarder de près. De profil : le dos, la tête, la trompe, une défense. Mais oui, il est bien là !!

Plan rapproché sur le promontoire rocheux. La plage, la tour, le Lion.

 Le Lion de Roccapina, star du site !!

 (Photos prises le 12 mai 2022)