Séjour Bretagne, printemps 2024.                                                                                                                                3. Pouldreuzic, petit port en baie d'Audierne.

Frange maritime du Finistère Sud, en Pays Bigouden, la baie d'Audierne forme un croissant s'étirant sur une quarantaine de km de la pointe du Raz à la pointe de Penmarc'h. La côte est préservée du bétonnage, parcourue de petits ports confidentiels comme celui de Pouldreuzic où j'ai posé mes bagages pour 5 jours dans une chambre face à la mer. Distant d'environ 4 km du bourg, l'endroit est sauvage, peu de monde en ce mois de juin qui débute. Face à la plage bordée par un cordon de galets régulièrement drossé par la tempête, Notre-Dame de Penhors veille sur les marins. Une jolie chapelle s'élève derrière la statue de granite aux traits éplorés. L'enclos paroissial qui l'abrite comporte un arc de triomphe et un calvaire. Chaque année en septembre, le site accueille un Pardon réputé dans tout le Pays. 

Dans cette région à forte identité culturelle, la poétiquement nommée "Route du Vent Solaire" invite le promeneur à découvrir le patrimoine local (histoire, religion, personnalités, coutumes, bâti...) à travers plusieurs tables de lecture implantées en bordure de littoral. Elle passe à Pouldreuzic, devant l'hôtel... où un mystérieux œil semble observer de la jetée quelques rares bateaux amarrés au port. 

Marée basse. Cerclé en rouge, l'Oeil de Pouldreuzic (3 photos suivantes). 

En approchant, visible sur la digue au-dessus des chaînes d'amarrage.

Observateurs cyclopéens scellés sur les digues de 113 communes du littoral finistérien, les yeux de Pierre Chanteau rendent hommage aux gens de la mer. L'artiste-plasticien originaire de Carantec s'est inspiré des yeux apotropaïques de l'Antiquité peints à la proue des navires pour créer un modèle fait de tesselles de céramique, de billes en verre et de goulots de bouteille. Posé en avril 2019, celui de Pouldreuzic est le 39e de la série. J'aurai l'occasion d'en découvrir un autre au cours de mon séjour en Bretagne, à Bénodet. 

Protectrice et consolatrice, l'affliction se lit sur son visage de pierre. Notre-Dame de Penhors pleure les marins disparus en mer. 

Accueillante derrière son petit enclos paroissial, la chapelle Notre-Dame-de-Penhors (16 photos suivantes).  

Chapelle de marins comme il en existe tant le long du littoral breton, ND de Penhors (MH en 1963) constitue avec son enclos paroissial, son arc de triomphe et son calvaire un ensemble architectural intéressant. Me voyant la photographier sous toutes les coutures, une habitante m'a gentiment conté son histoire et celle du Pardon qui s'y déroule chaque année au mois de septembre.  

"Pardon de Penhors" (1942). Cette œuvre de l'artiste-peintre Yvonne Bloc'h (en médaillon) fait partie d'une mini exposition proposée aux visiteurs dans l'enclos de la chapelle. Enfant du pays, l'écrivain Pierre-Jakez Hélias a lui aussi décrit le Pardon de Penhors dans son roman "Le Cheval d'Orgueil" en 1975. 

Intérieur de la chapelle (10 photos suivantes), remarquable notamment pour ses statues en bois polychrome datant des XVIe et XVIIe siècles. Ci-dessous dans la nef, à gauche, Vierge de Douleur ; à droite, statue de Saint Jean (MH en 1987).  

Le chœur. Encadrant l'autel : à gauche, statue de ND de Penhors en Vierge à l'Enfant ; à droite, statue de Saint Eutrope. 

La statue de ND de Penhors (MH en 1992) est portée en procession lors du Pardon chaque 1er dimanche de septembre.

Dans le retable aux colonnes torsadées, Éducation de la Vierge (MH en 1992).

Sainte Barbe (MH en 1991).

Retable de Notre-Dame des Anges (MH en 1991).

Statue de Saint Maudez (MH en 1987).

Pieta (MH en 1987).

Bas-côté nord, bateau ex-voto. La maquette date de 1926. Elle a été apportée lors du Pardon de cette même année par des marins venus à pied de Penmarc'h rendre grâce à la Vierge d'avoir été sauvés d'un naufrage.  

Four à goémon. Le brûlage du goémon fut une activité couramment pratiquée en baie d'Audierne au cours du XIXe siècle et début du XXe. Elle apportait un complément de ressources aux familles modestes. Les femmes "cueillaient" dans leurs tabliers les algues rejetées par la mer, algues que les hommes faisaient ensuite brûler afin d'obtenir des pains de soude utilisés pour l'amendement des sols et la fabrication de savon et de verre. 

Pouldreuzic, coucher de soleil.

 (Photos prises les 2 et 6 juin 2024)