• Saint-Omer, la cathédrale Notre-Dame.

     

    Dédiée à la Vierge, la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer est considérée comme le plus bel édifice religieux du Pas-de-Calais. Et c'est vrai qu'elle est superbe !! Grandiose vaisseau de pierre avec ses 103 m de long et ses 23 m de hauteur sous voûte, sa construction sur le point culminant de la ville s'est étalée sur 4 siècles, du XIIIe au XVIe siècle, d'où le mélange des styles gothiques (primitif, rayonnant, flamboyant). D'une exceptionnelle cohérence architecturale, elle abrite une quantité impressionnante de chefs-d'œuvre sur lesquels le regard se pose, longuement admiratif. Qu'il s'agisse du mobilier, fastueux, des tableaux, des nombreux hauts et bas-reliefs, des monuments funéraires, du pavement... on ne sait plus où poser les yeux.

     

    Parmi les choses qui m'ont le plus émerveillée arrive en tête le monumental buffet d'orgue et sa remarquable statuaire en bois. Il y aussi l'horloge astrolabe, incroyable trésor de complexité et de précision, et la "Descente de croix" de Rubens dans la chapelle de la Sainte Trinité. Mais la beauté se trouve partout, dans chaque détail. Il faut prendre le temps d'observer. J'aurais pu y passer des heures !! La cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer a été classée MH en 1840. 

     

    Tympan du portail royal (XIIIe siècle) sur le thème du Jugement dernier. On retrouve l'iconographie propre à ce thème avec le Christ en majesté entre la Vierge et Saint Jean. De chaque côté, 2 anges portent les instruments de la Passion tandis qu'au son de l'olifant des hommes sortent du tombeau. Les damnés se dirigent enchaînés vers un monstre infernal prêt à les enfourner dans sa gueule béante. Les élus s'en vont libres et heureux vers le paradis. A gauche, Abraham porte les élus sur ses genoux.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Intérieur de la cathédrale Notre-Dame, harmonie des équilibres. Le chœur, gothique primitif, date du XIIIe siècle. La double rangée de candélabres renforce la luminosité de la nef déjà baignée de la lumière filtrant par les nombreux vitraux. Avec son bel alignement de voûtes sur croisées d'ogives, elle est de pur style gothique flamboyant (XVe siècle). 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

       

    A droite dans la nef, grande chaire, dite Chaire de la Vérité (œuvre du sculpteur Danvin). Installée en 1714, elle provient de l'église des Dominicains de Saint-Omer. Sur l'imposant abat-voix, une allégorie de la Religion, trônant sur des nuages, tient dans ses mains le calice et la croix. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Autre vue, en contre-plongée sous la galerie du triforium.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Gros plan sur 2 des 4 panneaux de la cuve. Panneau de gauche : Saint Dominique et l'un de ses compagnons prêchent la parole divine à un auditoire pieux et attentif ; panneau de droite : Saint Dominique prêche la parole divine aux hérétiques albigeois. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    A l'entrée de la cathédrale, vaste ouverture circulaire à colonnades donnant sur la clef de voûte du narthex. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Intérieur de la cathédrale Notre-Dame, avec vue sur les grandes orgues depuis la nef.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Les grandes orgues (XVIIIe siècle) culminent à 20 m de haut !! Signées des frères facteurs douaisiens Thomas et Jean-Jacques Desfontaines, elles ont été restaurées en 1855 par Aristide Cavaillé-Coll. Chef-d'œuvre de l'art baroque, le buffet, installé en 1717, réalisé en chêne par les frères Antoine et Jean Piette, maîtres sculpteurs sur bois et menuisiers à Saint-Omer, est une merveille !! 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Sous le portique à colonnes du buffet d'orgue, St Pierre brandit la clef du paradis. Au fond, la grande ouverture circulaire du narthex.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    En haut à gauche : 1er étage du buffet. Sur la partie gauche, la Foi tient une grande croix cerclée d'or. Sur la partie droite, l'Espérance fait fi d'une main des vanités humaines et tient de l'autre une ancre dorée. Au milieu, debout sur les tuyaux, des angelots musiciens jouent de la viole de gambe et du violon sous la baguette impérieuse d'un petit chef d'orchestre.

    En haut à droite : 2e étage du buffet. Posé sur le globe terrestre, l'Enfant Jésus auréolé vise de la hampe de sa croix la tête du serpent. De chaque côté, 2 grands anges sonneurs d'olifant. Placés plus bas, 2 petits anges jouent de la conque marine.

    En bas, vue d'ensemble. Terminé à chaque extrémité par 2 hautes tourelles, le buffet présente une forme en hémicycle. Belle verticalité des tuyaux d'orgues s'élevant dans un même élan vers le monde céleste.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Dominant le buffet, il couronne la tourelle de gauche : le roi David joue de la harpe.

     Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Dominant le buffet, elle couronne la tourelle de droite : Sainte Cécile, patronne des musiciens, joue de l'orgue portatif.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Chapelle de la Conception de Notre-Dame. Superbe clôture, ornée d'un bas-relief en albâtre représentant la fuite en Égypte. Devant le triptyque de l' "Adoration des mages", les fonts baptismaux en marbre proviennent de l'église Sainte-Aldegonde, aujourd'hui détruite. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Triptyque de l' "Adoration des mages", de style maniériste (huile sur bois). Le volet gauche figure une Nativité ; le volet droit la présentation de Jésus au temple.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    "La Descente de croix",  signée Rubens (1612). Jean (en rouge) soutient la tête de Jésus tandis que Joseph d'Arimathie et Nicomède descendent son corps dans un linceul. C'est Marie-Madeleine qui reçoit en premier le corps du Christ. Marie, à droite, main tendue, offre son Fils pour le salut des hommes.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Encastrée dans le mur sud de la nef, pierre tombale du chanoine Toussaint de La Ruelle, au service des papes Martin V et Eugène IV, de la Reine Isabelle de France et des ducs de Bourgogne Jean-Sans-Peur et Philippe-le-Bon. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    A suivre, plusieurs hauts et bas-reliefs visibles sur les murs de la nef, du transept et du déambulatoire. 

    Haut-relief, Vierge à l'Enfant (pierre peinte, XVIe siècle). 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Dans la chapelle de Wissocq, triptyque de Jean Thorion (1500-1520). L'un des retables les plus précieux de la cathédrale, classé MH en 1908. Le panneau central présente une Vierge à l'Enfant en gloire dans le ciel, assise sur un arc-en-ciel et entourée d'angelots. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Bas-relief représentant la légende de Saint Hubert, patron des chasseurs. Au VIIIe siècle, Hubert, seigneur d'Aquitaine, se serait converti au cours d'une partie de chasse après avoir aperçu un grand cerf blanc porteur d'un crucifix entre les bois. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Bas-relief en albâtre, "La Vierge au chat" (attribuée à Jacques du Broeucq, XVIe siècle). Étonnante scène que cette maternité représentant la Vierge allaitant l'Enfant Jésus avec le bœuf, l'âne... et un chat à ses pieds !!

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Nativité en albâtre (XVIIe siècle). A gauche, de haut en bas, les bergers entendent l'appel des anges, se découvrent puis se prosternent. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

       

    Plaque funéraire encastrée du chanoine Vincent Brejon (1463). Le chanoine, à genoux, est présenté à la Vierge Marie par Saint Nicaise, martyr décapité. Sur la banderole figure l'inscription "O Mater Dei memento mei" (Ô Mère de Dieu, souviens-toi de moi).

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Haut-relief. Le Christ, attaché à une colonne de flagellation, est livré à ses bourreaux. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Chapelle Sainte-Aldegonde, triptyque de la Résurrection (huile sur bois, 1555-1562). Sur le panneau central, le Christ ressuscité apparaît debout sur son tombeau fermé. Victorieux de la Mort, il perce son squelette avec la hampe de sa croix. Volet gauche : sainte Barbe et la tour dans laquelle son père l'avait enfermée ; volet droit : le chanoine Robert de Saint-Martin, agenouillé sur un prie-Dieu, est présenté par son saint patron, Robert d'Arbrissel, fondateur en 1101 de l'abbaye de Fontevraud.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Chapelle Sainte-Aldegonde, Christ ressuscité en albâtre, portant la marque des clous.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Chapelle Sainte-Aldegonde, haut-relief "Notre-Dame de Pitié". 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Bas-relief, représentant sur fond azur fleurdelysé le pape Saint Grégoire le Grand (VIe siècle), à genoux, ayant le vision du Christ descendu de la croix pendant la célébration de la messe. Jésus se tient debout sur l'autel, drapé du périzonium et coiffé de la couronne d'épines. Autour de lui figurent les symboles et les acteurs de la Passion. On reconnaît Saint Pierre, le coq, les 30 deniers, Judas avec sa bourse autour du cou, Caïphe, Hérode, Ponce Pilate, la cruche, Sainte Véronique, le marteau, les clous, la lance de saint Longin... tout y est !! (monument funéraire de Jean de Libourc, 1470).  

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Haut-relief, "Incrédulité de Saint Thomas" (tableau sur bois, 1474). Saint Thomas touche les plaies de Jésus ressuscité.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Tombeau de Saint Erkembode, 4e successeur de l'évêque Saint Omer. Sur le sarcophage en grès du VIIIe siècle, empilement de chaussons et chaussures d'enfants. La mort d'Erkembode, en 742, déclencha une vague de pèlerinages. Des "marcheurs de Dieu" venus parfois de très loin laissaient en ex-voto leurs chaussures usées sur le tombeau du Saint, attestant l'effort de leur longue marche. La dévotion populaire a pris le relais, les mamans de jeunes enfants ayant des difficultés à marcher y déposent les chaussures des petits.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Chapelle Saint-Antoine de Padoue. Sur l'autel, statue de Saint Antoine de Padoue, par le sculpteur audomarois Louis Noël. Sous l'autel, statue en marbre blanc de Sainte Philomèle. Canonisée le 30 janvier 1837 par le pape Grégoire XVI, elle serait morte martyre en 304, transpercée de flèches (statue également réalisée par Louis Noël).

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Grand Dieu de Thérouanne (XIIIe siècle). Groupe sculpté rescapé de la destruction de la cathédrale de Thérouanne (ancienne cité épiscopale, à une quinzaine de km de Saint-Omer) lors du sac de la ville ordonné par Charles-Quint en 1553. Il ornait le portail occidental de la cathédrale saccagée. Entre la Vierge et Saint Jean agenouillés se tient le Christ en majesté. Assis, il mesure 2,25 m et trône en élévation sur le mur, à gauche de l'horloge astrolabe.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Horloge astrolabe. Œuvre de Pierre Enguerran, horloger à Saint-Omer, c'est sans doute l'une des horloges les plus anciennes de France (1555). Surmontée d'un jacquemart en costume d'officier (habit bleu, culotte rouge, bas blancs), l'horloge de la cathédrale de Saint-Omer est à la fois une horloge calendrier (jours, mois, heures, saisons), une horloge astrolabe (phases de la Lune, éclipses solaires, solstices et équinoxes, position des astres et des constellations) et une horloge astrologique (signes zodiacaux). Le grand anneau extérieur mesure 2,10 m de diamètre. Il est parcouru d'une seule aiguille qui marque les heures, scindées en 2 fois 12. Le Soleil, solidaire de l'aiguille des heures, coulisse dessus. Selon la vision géocentrique de l'univers, l'horloge astrolabe de la cathédrale de Saint-Omer place la Terre au centre du monde.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Cadran solaire, au-dessus de la rosace du portail sud (1610). Œuvre remarquable, ostentatoire, de l'art gnomonique, il mesure plus de 15 m de long !! Comportant à la fois des chiffres romains et arabes ainsi que les signes du zodiaque, il a été commandé pour servir d'étalon à l'horloge astrolabe de la cathédrale. Le cadran solaire a été restauré en 2015.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     (Photos prises le 18 août 2022) 


    votre commentaire
  • En bacôve sur le marais audomarois.

     

    Cuvette marécageuse parcourue par un réseau labyrinthique de cours d'eau (localement appelés wateringues) s'insinuant sur un peu plus de 3 700 hectares à travers les terres d'une quinzaine de communes des départements Nord et Pas-de-Calais, le marais audomarois forme la plus vaste zone humide de la région Hauts-de-France. Alimenté par l'Aa, dont le lit a été aménagé par les populations locales dès le Moyen Age (eaux détournées et canalisées, terres poldérisées rendues cultivables), cet espace naturel préservé doté d'une histoire et de traditions singulières fait cohabiter l'homme et son milieu en étroite interdépendance.  

     

    Reconnu Biosphère par l'Unesco en 2013, le marais audomarois a la particularité de présenter un triple visage : sauvage, habité et cultivé. Sauvage, il l'est, mais pas autant que je l'avais imaginé. Loin d'hectares de prairies humides où toute trace de présence humaine disparaît à perte de vue, c'est en fait un territoire construit. Et ça a été la vraie surprise de ma balade puisque l'essentiel s'est fait au milieu des habitations. Majoritairement privé, découpé en parcelles, le marais appartient à quelques milliers de propriétaires maraîchers. Une cinquantaine de légumes y sont cultivés, en tête desquels le chou-fleur et l'endive mais aussi la carotte, l'artichaut ou encore le céleri-rave. C'est le dernier marais maraîcher de France.

     

    Petite virée bucolique en bâcove sur les wateringues...

      

    C'est le Noooord... !! Arrivée en avance, il est trop tôt pour embarquer. Je fais quelques pas dans la campagne environnante... en espérant très fort que le brouillard se lève...  Parce que cette atmosphère cotonneuse a beau avoir un certain charme, pour la visibilité sur le marais, faudra repasser !!

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Ouf, en moins de 30 mn, le ciel s'est dégagé !! J'ai choisi "Les Faiseurs de Bateaux" pour découvrir le marais en visite guidée. Après un café réconfortant, on passe le pont pour une traversée d'une heure en bacôve au fil de l'eau (13 photos suivantes).    

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

      

    Promenade sur le marais audomarois

      

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

       

    Promenade sur le marais audomarois

     

    A la fois guides sur le marais et charpentiers de marine, "Les Faiseurs de bateaux" sont les derniers fabricants de 2 barques à fond plat typiques du bassin audomarois, utilisées pendant des siècles par les maraîchers : l'escute (petit modèle) et le bacôve (destiné jadis au transport des légumes, surtout utilisé aujourd'hui pour promener les touristes). La promenade en bacôve se prolonge d'une visite de leur atelier. Choix des planches en chêne, fabrication du squelette de la coque, fixation des bordées, calfatage... l'occasion de découvrir un savoir-faire ancestral (6 photos suivantes).

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

      

    Promenade sur le marais audomarois

      

    Promenade sur le marais audomarois

     

    Promenade sur le marais audomarois

      

    Promenade sur le marais audomarois

     (Photos prises le 18 août 2022)


    3 commentaires
  • Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin.

     

    Fondée au VIIe siècle par l'évêque Audomar (futur Saint Omer), Saint-Bertin fut l'une des abbayes les plus puissantes au nord de Paris. Important foyer de diffusion du christianisme dès le Moyen Age, elle abritait un scriptorium réputé pour la qualité de ses manuscrits et de ses enluminures ainsi qu'une bibliothèque parmi les mieux dotées de l'Occident médiéval. Son rayonnement intellectuel et artistique en Europe fut considérable. Les choses se sont gâtées sous la Révolution. Symbole honni, comme tout édifice catholique à cette époque, de la religion d'État de la France monarchique, elle sera en grande partie détruite, victime du mouvement de déchristianisation des années 1793 et 1794 sous la Terreur.

     

    Berceau de la ville de Saint-Omer, avec des habitations puis des quartiers qui se sont peu à peu agrégés autour des bâtiments monastiques, l'abbaye Saint-Bertin n'était à l'origine qu'une modeste église en bois construite sur une île du marais audomarois. Remplacée par une abbatiale romane consacrée au tout début du XIIe siècle, les ruines visibles aujourd'hui sont celles d'un 3e édifice, l'abbatiale gothique. De cette abbatiale gothique achevée au XVe siècle, il reste peu de choses : une partie de la tour-porche, quelques bouts de murs de la nef et une partie du bras nord du transept (classement MH en 1840). 

     

    Devant le portail gothique en ruines se dresse la statue de l'abbé Suger. Grand serviteur de l'État capétien, conseiller des rois Louis VI et de son fils Louis VII, régent du royaume pendant la IIe Croisade, il fut abbé de Saint-Denis de 1122 à sa mort en 1151. Initiateur de l'art gothique, on lui doit le chantier de reconstruction de l'abbatiale nécropole des rois capétiens. 

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

     

    Purée de pois... Une brume matinale enveloppe les ruines de l'abbaye Saint-Bertin d'une atmosphère romantique. L'occasion de quelques jolies photos avant que le brouillard se dissipe.

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

      

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

     

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

     

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

     

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

      

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

       

    Saint-Omer, ruines de l'abbaye Saint-Bertin

     (Photos prises le 18 août 2022)


    votre commentaire
  • A Croix, la spectaculaire Villa Cavrois. 

     

    Située à Croix, banlieue aisée de Roubaix dans le département du Nord, la Villa Cavrois porte le nom de son propriétaire, Paul Cavrois, un industriel ayant fait fortune dans le textile. Membre depuis 2012 du réseau mondial "Iconic Houses" pour la préservation des maisons emblématiques du XXe siècle, cette étonnante bâtisse de briques jaunes, rescapée des squats et de la démolition, est aujourd'hui le double témoin historique de la puissance des grands empires familiaux textiles du Nord de la France dans les années 1930, mais aussi du courant moderniste (minimalisme et géométrie) qui souffla sur l'architecture à la même époque. 

     

    Spectaculaire extérieurement, audacieuse dans ses formes, très graphique, la Villa Cavrois se présente comme une juxtaposition de blocs carrés, rectangulaires et cylindriques imbriqués façon cubisme. Deux choses m'ont particulièrement frappée en l'observant : l'extrême dépouillement de sa ligne ainsi que la proportion exceptionnelle des terrasses (830 m² en tout) et des baies vitrées. Signée Robert Mallet-Stevens, star du courant moderniste à qui l'on doit également la Villa Noailles à Hyères, la Villa Cavrois fut livrée à son propriétaire en 1932. Dotée d'une piscine extérieure et d'un parc de 5 hectares, elle mesure 60 m de long pour 1 840 m² habitables. De quoi prendre ses aises... De la villa au parc et jusqu'aux meubles, aux tapis, la déco..., l'architecte a tout conçu, c'est du 100 % Mallet-Stevens !! 

     

    A l'intérieur, 4 maîtres mots : fonctionnalité, confort, esthétisme et modernité. L'organisation spatiale, les volumes, les proportions signent à coup sûr la demeure d'architecte. La part belle est faite à la lumière et aux points de vue sur le parc, avec d'intéressants jeux de symétrie. Chaque pièce est dotée d'équipements à la pointe de la technologie (de l'époque). Côté déco, la couleur domine, certains accords "perroquets" frisant légèrement le kitsch. Concernant les matériaux, Mallet-Stevens a opté pour les essences exotiques et les marbres les plus précieux, choix qui asseyent la Villa Cavrois dans son statut de villa d'exception, alliance de luxe et de sobriété (MH depuis 1990).  

     

    Dans l'ordre de visite, la cuisine. Rien de particulièrement spectaculaire dans cette pièce si ce n'est qu'elle était équipée à la pointe de la technologie. A noter, un monte-plats (mur de gauche, sous la pendule) qui permettait d'amener les plats du rez-de-chaussée jusqu'à la terrasse-pergola deux étages plus haut.

    Villa Cavrois

        

    La salle-à-manger des enfants, avec ses meubles en zingana, un bois tropical brun clair à brun foncé à l'aspect veiné originaire d'Afrique, recherché en menuiserie, notamment pour le placage.

    Villa Cavrois

     

    Dans la salle-à-manger des enfants, bas-relief en bois représentant différents jeux (cartes, fléchettes, quilles, dames, tennis...). Il s'agit d'une reproduction du bas-relief d'origine signé des frères Martel.  

    Villa Cavrois

      

    La salle-à-manger des parents, en marbre vert de Suède, veiné de serpentine, et ses meubles en poirier verni. Un grand miroir fixé à droite sur le mur permettait aux invités tournant le dos à la baie vitrée de profiter, par réflexion, de la vue sur le parc.

    Villa Cavrois

     

    Dans la salle-à-manger des parents, luminaire à rhéostat signé André Salomon. Divisé en 3 parties, il était modulable en fonction de la longueur de la table. 

    Villa Cavrois

      

    Tout de vert vêtu, le hall-salon est la pièce principale de la Villa. Ouvert sur la salle-à-manger des parents, il est divisé en espaces fonctionnels (table centrale à double plateau, coin banquette, petit salon).

    Villa Cavrois

     

    Vue élargie avec les 3 baffles de haut-parleurs qui diffusaient la TSF.

    Villa Cavrois

     

    Villa Cavrois

     

    Cheminée monumentale du hall-salon.

    Villa Cavrois

     

    Habillé de marbre jaune de Sienne, le coin cheminée forme une alcôve en hémicycle avec banquettes intégrées. 

    Villa Cavrois

     

    Hall-salon, vue plongeante de la mezzanine... 6m plus haut.

    Villa Cavrois

      

    A la Villa Cavrois, si les volumes sont impressionnants, c'est particulièrement vrai pour le hall-salon, dont la vue depuis la mezzanine est vertigineuse. Dans le prolongement, grande baie vitrée avec vue directe sur le parc et son miroir d'eau.  

    Villa Cavrois

       

    Chambre de jeune homme. Un assortiment de couleurs vives légèrement agressif visuellement...

    Villa Cavrois

      

    Villa Cavrois

      

    Villa Cavrois

      

    Chambre jaune, en cours d'ameublement. Le jaune vif pour faire ressortir le veinage du bois de chêne cérusé noir. Pas trop mon goût...

    Villa Cavrois

     

    La partie en colonne de la Villa Cavrois accueille un escalier à paliers panoramiques alliant le marbre blanc de Carrare au marbre noir de Golzinne. Ici, belvédère du 1er étage, avec sa grande baie en demi-cercle.

    Villa Cavrois

      

    Le boudoir de Lucie Vanoutryve-Cavrois, avec ses meubles en sycomore jaune. Murs et moquette bleus, tissus verts.

    Villa Cavrois

       

    Villa Cavrois

      

    La chambre parentale, avec son mobilier en bois de palmier.

    Villa Cavrois

     

    Villa Cavrois

     

    La luxueuse salle-de-bain des parents, en marbre blanc de Carrare. Là encore, une pièce spectaculaire par son volume. Occupant toute la largeur de la Villa, avec ses 60 m,  elle représente à peu près la superficie d'un F2 actuel !! Elle est équipée d'une balance intégrée dans le mur, d'un chauffe-peignoirs et d'une grande cabine-douche couverte de mosaïques en émaux de Briare.

    Villa Cavrois

      

    Villa Cavrois

      

    Villa Cavrois

      

    Escalier menant au deuxième étage.

    Villa Cavrois

     

    Palier panoramique de l'escalier menant au 2e étage.

    Villa Cavrois

        

    Au 2e étage de la Villa, conçue sur 2 niveaux, la salle de jeux des enfants. La partie supérieure, à rambarde amovible, pouvait faire office de petite scène de spectacle. Dans le fond, passerelle d'accès à la terrasse-pergola.

    Villa Cavrois

     

    Terrasse-pergola, couverte de 32 poutrelles pour un éclairage à claire-voie. Dans cette "salle-à-manger" des journées estivales, les mets arrivaient directement de la cuisine au rez-de-chaussée par le monte-plats.

    Villa Cavrois

     

    De la terrasse-pergola, entrée de la villa, côté nord. Tout était pensé pour que les voitures puissent circuler aisément.

    Villa Cavrois

     

    Vue de la terrasse-pergola, côté parc, avec le plan d'eau

    Villa Cavrois

       

    La piscine. Dénommée "bassin de natation", elle mesurait 27 m de longueur pour une profondeur de 2,80 m à l'origine (en partie comblée) et était dotée d'un plongeoir à chacune des extrémités.

    Villa Cavrois

      

    Sympa, les longueurs avec vue sur le parc !!

    Villa Cavrois

      

    Le double plongeoir, côté ouest du bassin de natation.

    Villa Cavrois

     

    La profondeur maximum était de 2,80 m au niveau du double plongeoir.

    Villa Cavrois

      

    La Villa Cavrois, côté sud, avec sa façade couverte de briques jaunes. En prenant du recul, on se rend bien compte de l'exceptionnelle surface occupée par les terrasses (rambardes blanches + terrasse-pergola en haut à gauche) et les baies vitrées (au centre, la grande baie vitrée du hall-salon). La tour ronde abrite l'escalier en marbre. Au sommet se trouve un belvédère panoramique. D'une longueur de 72 m, le miroir d'eau du parc était utilisé l'hiver comme patinoire. 

    Villa Cavrois

      

    Mais la perspective qui fait toute la différence... c'est celle-ci !! 

    Villa Cavrois

    (Photos prises le 17 août 2022)


    3 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique