• Saint-Omer, la cathédrale Notre-Dame

    Saint-Omer, la cathédrale Notre-Dame.

     

    Dédiée à la Vierge, la cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer est considérée comme le plus bel édifice religieux du Pas-de-Calais. Et c'est vrai qu'elle est superbe !! Grandiose vaisseau de pierre avec ses 103 m de long et ses 23 m de hauteur sous voûte, sa construction sur le point culminant de la ville s'est étalée sur 4 siècles, du XIIIe au XVIe siècle, d'où le mélange des styles gothiques (primitif, rayonnant, flamboyant). D'une exceptionnelle cohérence architecturale, elle abrite une quantité impressionnante de chefs-d'œuvre sur lesquels le regard se pose, longuement admiratif. Qu'il s'agisse du mobilier, fastueux, des tableaux, des nombreux hauts et bas-reliefs, des monuments funéraires, du pavement... on ne sait plus où poser les yeux.

     

    Parmi les choses qui m'ont le plus émerveillée arrive en tête le monumental buffet d'orgue et sa remarquable statuaire en bois. Il y aussi l'horloge astrolabe, incroyable trésor de complexité et de précision, et la "Descente de croix" de Rubens dans la chapelle de la Sainte Trinité. Mais la beauté se trouve partout, dans chaque détail. Il faut prendre le temps d'observer. J'aurais pu y passer des heures !! La cathédrale Notre-Dame de Saint-Omer a été classée MH en 1840. 

     

    Tympan du portail royal (XIIIe siècle) sur le thème du Jugement dernier. On retrouve l'iconographie propre à ce thème avec le Christ en majesté entre la Vierge et Saint Jean. De chaque côté, 2 anges portent les instruments de la Passion tandis qu'au son de l'olifant des hommes sortent du tombeau. Les damnés se dirigent enchaînés vers un monstre infernal prêt à les enfourner dans sa gueule béante. Les élus s'en vont libres et heureux vers le paradis. A gauche, Abraham porte les élus sur ses genoux.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Intérieur de la cathédrale Notre-Dame, harmonie des équilibres. Le chœur, gothique primitif, date du XIIIe siècle. La double rangée de candélabres renforce la luminosité de la nef déjà baignée de la lumière filtrant par les nombreux vitraux. Avec son bel alignement de voûtes sur croisées d'ogives, elle est de pur style gothique flamboyant (XVe siècle). 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

       

    A droite dans la nef, grande chaire, dite Chaire de la Vérité (œuvre du sculpteur Danvin). Installée en 1714, elle provient de l'église des Dominicains de Saint-Omer. Sur l'imposant abat-voix, une allégorie de la Religion, trônant sur des nuages, tient dans ses mains le calice et la croix. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Autre vue, en contre-plongée sous la galerie du triforium.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Gros plan sur 2 des 4 panneaux de la cuve. Panneau de gauche : Saint Dominique et l'un de ses compagnons prêchent la parole divine à un auditoire pieux et attentif ; panneau de droite : Saint Dominique prêche la parole divine aux hérétiques albigeois. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    A l'entrée de la cathédrale, vaste ouverture circulaire à colonnades donnant sur la clef de voûte du narthex. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Intérieur de la cathédrale Notre-Dame, avec vue sur les grandes orgues depuis la nef.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Les grandes orgues (XVIIIe siècle) culminent à 20 m de haut !! Signées des frères facteurs douaisiens Thomas et Jean-Jacques Desfontaines, elles ont été restaurées en 1855 par Aristide Cavaillé-Coll. Chef-d'œuvre de l'art baroque, le buffet, installé en 1717, réalisé en chêne par les frères Antoine et Jean Piette, maîtres sculpteurs sur bois et menuisiers à Saint-Omer, est une merveille !! 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Sous le portique à colonnes du buffet d'orgue, St Pierre brandit la clef du paradis. Au fond, la grande ouverture circulaire du narthex.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    En haut à gauche : 1er étage du buffet. Sur la partie gauche, la Foi tient une grande croix cerclée d'or. Sur la partie droite, l'Espérance fait fi d'une main des vanités humaines et tient de l'autre une ancre dorée. Au milieu, debout sur les tuyaux, des angelots musiciens jouent de la viole de gambe et du violon sous la baguette impérieuse d'un petit chef d'orchestre.

    En haut à droite : 2e étage du buffet. Posé sur le globe terrestre, l'Enfant Jésus auréolé vise de la hampe de sa croix la tête du serpent. De chaque côté, 2 grands anges sonneurs d'olifant. Placés plus bas, 2 petits anges jouent de la conque marine.

    En bas, vue d'ensemble. Terminé à chaque extrémité par 2 hautes tourelles, le buffet présente une forme en hémicycle. Belle verticalité des tuyaux d'orgues s'élevant dans un même élan vers le monde céleste.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Dominant le buffet, il couronne la tourelle de gauche : le roi David joue de la harpe.

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    Dominant le buffet, elle couronne la tourelle de droite : Sainte Cécile, patronne des musiciens, joue de l'orgue portatif.

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    Chapelle de la Conception de Notre-Dame. Superbe clôture, ornée d'un bas-relief en albâtre représentant la fuite en Égypte. Devant le triptyque de l' "Adoration des mages", les fonts baptismaux en marbre proviennent de l'église Sainte-Aldegonde, aujourd'hui détruite. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Triptyque de l' "Adoration des mages", de style maniériste (huile sur bois). Le volet gauche figure une Nativité ; le volet droit la présentation de Jésus au temple.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    "La Descente de croix",  signée Rubens (1612). Jean (en rouge) soutient la tête de Jésus tandis que Joseph d'Arimathie et Nicomède descendent son corps dans un linceul. C'est Marie-Madeleine qui reçoit en premier le corps du Christ. Marie, à droite, main tendue, offre son Fils pour le salut des hommes.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Encastrée dans le mur sud de la nef, pierre tombale du chanoine Toussaint de La Ruelle, au service des papes Martin V et Eugène IV, de la Reine Isabelle de France et des ducs de Bourgogne Jean-Sans-Peur et Philippe-le-Bon. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    A suivre, plusieurs hauts et bas-reliefs visibles sur les murs de la nef, du transept et du déambulatoire. 

    Haut-relief, Vierge à l'Enfant (pierre peinte, XVIe siècle). 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Dans la chapelle de Wissocq, triptyque de Jean Thorion (1500-1520). L'un des retables les plus précieux de la cathédrale, classé MH en 1908. Le panneau central présente une Vierge à l'Enfant en gloire dans le ciel, assise sur un arc-en-ciel et entourée d'angelots. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Bas-relief représentant la légende de Saint Hubert, patron des chasseurs. Au VIIIe siècle, Hubert, seigneur d'Aquitaine, se serait converti au cours d'une partie de chasse après avoir aperçu un grand cerf blanc porteur d'un crucifix entre les bois. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Bas-relief en albâtre, "La Vierge au chat" (attribuée à Jacques du Broeucq, XVIe siècle). Étonnante scène que cette maternité représentant la Vierge allaitant l'Enfant Jésus avec le bœuf, l'âne... et un chat à ses pieds !!

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    Nativité en albâtre (XVIIe siècle). A gauche, de haut en bas, les bergers entendent l'appel des anges, se découvrent puis se prosternent. 

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

       

    Plaque funéraire encastrée du chanoine Vincent Brejon (1463). Le chanoine, à genoux, est présenté à la Vierge Marie par Saint Nicaise, martyr décapité. Sur la banderole figure l'inscription "O Mater Dei memento mei" (Ô Mère de Dieu, souviens-toi de moi).

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Haut-relief. Le Christ, attaché à une colonne de flagellation, est livré à ses bourreaux. 

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    Chapelle Sainte-Aldegonde, triptyque de la Résurrection (huile sur bois, 1555-1562). Sur le panneau central, le Christ ressuscité apparaît debout sur son tombeau fermé. Victorieux de la Mort, il perce son squelette avec la hampe de sa croix. Volet gauche : sainte Barbe et la tour dans laquelle son père l'avait enfermée ; volet droit : le chanoine Robert de Saint-Martin, agenouillé sur un prie-Dieu, est présenté par son saint patron, Robert d'Arbrissel, fondateur en 1101 de l'abbaye de Fontevraud.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

      

    Chapelle Sainte-Aldegonde, Christ ressuscité en albâtre, portant la marque des clous.

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    Chapelle Sainte-Aldegonde, haut-relief "Notre-Dame de Pitié". 

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    Bas-relief, représentant sur fond azur fleurdelysé le pape Saint Grégoire le Grand (VIe siècle), à genoux, ayant le vision du Christ descendu de la croix pendant la célébration de la messe. Jésus se tient debout sur l'autel, drapé du périzonium et coiffé de la couronne d'épines. Autour de lui figurent les symboles et les acteurs de la Passion. On reconnaît Saint Pierre, le coq, les 30 deniers, Judas avec sa bourse autour du cou, Caïphe, Hérode, Ponce Pilate, la cruche, Sainte Véronique, le marteau, les clous, la lance de saint Longin... tout y est !! (monument funéraire de Jean de Libourc, 1470).  

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    Haut-relief, "Incrédulité de Saint Thomas" (tableau sur bois, 1474). Saint Thomas touche les plaies de Jésus ressuscité.

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    Tombeau de Saint Erkembode, 4e successeur de l'évêque Saint Omer. Sur le sarcophage en grès du VIIIe siècle, empilement de chaussons et chaussures d'enfants. La mort d'Erkembode, en 742, déclencha une vague de pèlerinages. Des "marcheurs de Dieu" venus parfois de très loin laissaient en ex-voto leurs chaussures usées sur le tombeau du Saint, attestant l'effort de leur longue marche. La dévotion populaire a pris le relais, les mamans de jeunes enfants ayant des difficultés à marcher y déposent les chaussures des petits.

    Saint-Omer, cathédrale Notre-Dame

     

    Chapelle Saint-Antoine de Padoue. Sur l'autel, statue de Saint Antoine de Padoue, par le sculpteur audomarois Louis Noël. Sous l'autel, statue en marbre blanc de Sainte Philomèle. Canonisée le 30 janvier 1837 par le pape Grégoire XVI, elle serait morte martyre en 304, transpercée de flèches (statue également réalisée par Louis Noël).

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    Grand Dieu de Thérouanne (XIIIe siècle). Groupe sculpté rescapé de la destruction de la cathédrale de Thérouanne (ancienne cité épiscopale, à une quinzaine de km de Saint-Omer) lors du sac de la ville ordonné par Charles-Quint en 1553. Il ornait le portail occidental de la cathédrale saccagée. Entre la Vierge et Saint Jean agenouillés se tient le Christ en majesté. Assis, il mesure 2,25 m et trône en élévation sur le mur, à gauche de l'horloge astrolabe.

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    Horloge astrolabe. Œuvre de Pierre Enguerran, horloger à Saint-Omer, c'est sans doute l'une des horloges les plus anciennes de France (1555). Surmontée d'un jacquemart en costume d'officier (habit bleu, culotte rouge, bas blancs), l'horloge de la cathédrale de Saint-Omer est à la fois une horloge calendrier (jours, mois, heures, saisons), une horloge astrolabe (phases de la Lune, éclipses solaires, solstices et équinoxes, position des astres et des constellations) et une horloge astrologique (signes zodiacaux). Le grand anneau extérieur mesure 2,10 m de diamètre. Il est parcouru d'une seule aiguille qui marque les heures, scindées en 2 fois 12. Le Soleil, solidaire de l'aiguille des heures, coulisse dessus. Selon la vision géocentrique de l'univers, l'horloge astrolabe de la cathédrale de Saint-Omer place la Terre au centre du monde.

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    Cadran solaire, au-dessus de la rosace du portail sud (1610). Œuvre remarquable, ostentatoire, de l'art gnomonique, il mesure plus de 15 m de long !! Comportant à la fois des chiffres romains et arabes ainsi que les signes du zodiaque, il a été commandé pour servir d'étalon à l'horloge astrolabe de la cathédrale. Le cadran solaire a été restauré en 2015.

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     (Photos prises le 18 août 2022) 

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