• Abbaye de Fontevraud.                                                                                                                                                      4. Les gisants des Plantagenêt.

     

    Abbaye royale dirigée de 1115 à 1792 par des abbesses issues de la très haute aristocratie (sœurs, filles, petites-filles, cousines, veuves de rois, de ducs, de comtes...), Fontevraud bénéficia durant des siècles de la protection financière des Bourbons et des Plantagenêt. Son histoire est étroitement liée à celle d'Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre qui en fit sa nécropole et commanda de son vivant son propre gisant. Il voisine avec 3 autres dans la nef de l'église abbatiale depuis 1992. 

     

    C'est bien ce statut de nécropole royale qui aujourd'hui encore fait la réputation de l'abbaye de Fontevraud. 4 gisants, alignés côte à côte 2 par 2. Mais qui sont-ils exactement ?... Pas évident de les identifier tous. Pour Aliénor, je savais. Plus compliqué en revanche pour les 3 autres. Premier duo : Aliénor, donc ; à côté, le 2e gisant est celui de son second mari, le roi Henri II (pas de France, Plantagenêt). Deuxième duo : le 3e gisant est celui de Richard Cœur de Lion, 3e fils d'Aliénor et d'Henri II. Et à côté de Richard, le 4e gisant, question jackpot... c'est celui de leur belle-fille, Isabelle d'Angoulême. La femme de leur fils, donc, mais pas de Richard, de leur 4e fils, Jean sans Terre. Ignorante de tout cela, j'aurais bien refait les couples et les descendances... Heureusement, la visite de l'abbaye s'apparentant à un cours d'histoire, j'ai pu redonner à chacun sa chacune.

      

    Accolée au cloître, l'église abbatiale. Portail roman en plein-cintre, avec grande baie similaire au 1er étage. Au-dessus, le pignon porte une petite baie géminée de style gothique. Les 2 tours octogonales, étroites, sont coiffées de toits pointus en ardoise.

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

      

    Portail principal de l'église abbatiale, typiquement roman, voûté en plein-cintre. 

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

     

    En arrière-plan, construite sur 2 étages et accolée au transept nord de l'abbatiale, la galerie Renée de Bourbon.

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

      

    L'église abbatiale, côté abside.

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

     

    Surmontée d'une enfilade de coupoles, la nef, lumineuse, très épurée, mesure 58 m de long !! Défilé de touristes autour des gisants.

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

     

    Mais avec un peu de patience, l'heure du déjeuner aidant, c'est presque un tête-à-tête. 

    Abbaye de Fontevraud,

      

    Représentation d'un défunt couché, endormi dans une posture royale ou de piété, le gisant est fait pour laisser à la postérité une image idéalisée. Polychromes, les gisants de l'abbaye de Fontevraud ont été sculptés en pierre pour 3 d'entre eux. Le 4e est en bois.

    Abbaye de Fontevraud,

      

    Gisant d'Aliénor d'Aquitaine (1122-1204). Femme d'influence au destin exceptionnel, politicienne éclairée, mécène instruite, audacieuse, deux fois reine -de France puis d'Angleterre- mère de 10 enfants dont 3 seront rois, Aliénor d'Aquitaine est sans doute le personnage historique féminin le plus célèbre du Moyen-Age, à la tête d'un territoire parmi les plus puissants de l'Europe médiévale. Elle participa à la IIe Croisade, recluse en résidence surveillée durant 15 ans puis libérée, après une vie tumultueuse menée au rythme de ses grossesses successives, elle se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud où reposent Henri II (son second mari) et Richard Cœur de Lion (son 3e fils). Elle commande leurs gisants et aussi le sien, choisissant de se faire représenter un livre entre les mains, symbole de son érudition. Aliénor d'Aquitaine meurt en 1204, à 82 ans. Une copie du gisant, réalisée par les ateliers du Louvre, est visible depuis 2019 dans l'église Saint-Georges d'Oléron ► gisant d'Aliénor d'Aquitaine, copie. Église Saint-Georges d'Oléron

    Abbaye de Fontevraud (4). Les gisants des Plantagenêt

     

    Le gisant d'Aliénor d'Aquitaine côtoie celui de son second mari, Henri II Plantagenêt (1133-1189). Premier représentant de la dynastie, Henri II fut comte d'Anjou, du Maine, de Touraine et duc de Normandie. Le comté du Poitou et le duché d'Aquitaine lui furent apportés par son mariage avec Aliénor. Il sera couronné roi 2 ans plus tard et meurt à 56 ans à la forteresse de Chinon en combattant ses fils alliés contre lui aux barons aquitains. 

    Abbaye de Fontevraud,

     

    A la mort d'Henri II Plantagenêt, son fils Richard Cœur de Lion (1157-1199) lui succède. C'est le 3e gisant de l'abbaye de Fontevraud. Roi d'Angleterre mais aussi duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou, son règne fut marqué par sa participation à la IIIe Croisade, son enlèvement lors de la route du retour et sa libération contre rançon, puis par sa rivalité avec le roi de France Philippe Auguste. Richard Cœur de Lion est mort à 41 ans des suites d'une blessure infectée à l'épaule, provoquée par un carreau d'arbalète tiré des remparts du château de Châlus (Haute-Vienne) dont il faisait le siège. 

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Des 4 gisants, le plus difficile à identifier est celui ici au premier plan. Il s'agit du gisant d'Isabelle d'Angoulême. Née à une date incertaine (vers 1188/1192), fille du comte d'Angoulême Aymar II Taillefer et d'Alix de Courtenay, petite-fille du roi de France Louis VI le Gros, elle fut l'épouse de Jean sans Terre, roi d'Angleterre et benjamin des enfants d'Aliénor et d'Henri II. C'est cependant à côté de Richard Cœur de Lion, le frère de Jean sans Terre, qu'elle repose dans la nef de l'abbaye.

    Abbaye de Fontevraud,

      

    Les gisants d'Aliénor d'Aquitaine, d'Henri II Plantagenêt et de Richard Cœur de Lion ont tous été sculptés en pierre. Ils sont d'ailleurs passablement dégradés. Seul celui d'Isabelle d'Angoulême, plus tardif, est en bois. C'est le mieux conservé de tous. 

    Abbaye de Fontevraud,

    (Photos prises le 21 août 2022)


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  • Abbaye de Fontevraud.                                                                                                                                                      3. La salle du chapitre.

     

    De style Renaissance, ouverte sur le cloître (galerie est), la salle du chapitre telle qu'elle apparaît aujourd'hui date de la restauration entreprise au XVIe siècle sous l'impulsion de Louise de Bourbon, cousine de François Ier et 30e abbesse de Fontevraud. A l'extérieur, l'élégant portail à voussures et les 2 baies géminées qui l'encadrent arborent une profusion de figures décoratives taillées dans la pierre qu'il est intéressant de détailler... Et en passant ce portail, waouh, surprise et admiration, on entre dans l'une des plus belles pièces de l'abbaye, tant du point de vue de l'architecture que du décor. Environ 100 m², voûtée sur croisée d'ogives délimitant 6 travées dont les arcs retombent au centre sur 2 fines colonnes à chapiteaux et se terminent au niveau des murs par des culots sculptés, la salle du chapitre est couverte de fresques !! Signées d'un obscur peintre angevin (Thomas Pot), les 10 fresques forment un bel ensemble dédié à la Passion du Christ. Détail signifiant, représentées en prière dans leur habit noir, les grandes abbesses de l'abbaye apparaissent en coin sur toutes les fresques. 

     

    Également appelée salle capitulaire, la salle du chapitre est un haut-lieu de la vie monastique. Admission des novices, questions de discipline, élection des abbesses, réception d'invités, annonces papales, gestion financière, c'est là que se discutait tout sujet en rapport avec la bonne marche de l'abbaye. On y lisait et commentait aussi chaque soir un chapitre de la règle de l'ordre. L'abbesse présidait la séance, réunissant quotidiennement les religieuses autour d'elle. Mais pas toutes les religieuses, seules celles appartenant au collège (sorte de conseil d'administration) avaient... voix au chapitre. D'où l'expression.  

     

    Entrée de la salle du chapitre par l'aile est du cloître. Archivolte richement sculptée. Directement dans l'axe d'entrée, visible ici dans la pénombre, la fresque de la Crucifixion. Le sol noir et blanc est pavé de carreaux dont certains sont ornés du "F" de François Ier et d'une salamandre. Sur d'autres on peut lire les initiales "RB" de Renée de Bourbon et "L" de Louise de Bourbon, toutes 2 abbesses issues de la lignée des Bourbon-Vendôme.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    3 photos suivantes : archivolte à 5 rangées du portail, détail des sculptures. Dans la salle du chapitre sont disposées des tables basses sur lesquelles se trouvent des informations concernant les figures sculptées du portail et des 2 baies géminées, mais aussi des différentes fresques à l'intérieur. Indispensable pour bien appréhender cette pièce majeure de l'abbaye et toute sa symbolique. 

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Partie droite de l'archivolte. La rangée centrale porte le "L" couronné de Louise de Bourbon avec au-dessus une date : 1543, date de reconstruction de la salle du chapitre par l'abbesse.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      

    Partie gauche de l'archivolte. Là encore, le "L" couronné de Louise de Bourbon.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Intérieur de la salle du chapitre, couverte de voûtes sur croisées d'ogives et décorée de fresques.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Scène de la Crucifixion. C'est cette fresque que l'on voit tout de suite en entrant, directement dans l'axe du portail.  

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Comme celui-ci, chacun des murs de la salle du chapitre est orné de fresques. Ces fresques (10 en tout), peintes sous les belles arcades en plein-cintre, représentent des scènes de la Passion. 

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Partie droite de la salle du chapitre.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      

    Les fines colonnes à chapiteaux divisent la salle en 2 nefs de 3 travées. Les arcs retombent côté murs sur des culots sculptés. 

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      

    Baie géminée avec voussures décorées de médaillons représentant des scènes bibliques ou païennes, ou des motifs végétaux.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Archivolte de l'une des baies géminées avec son décor de médaillons sculptés.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    Toutes les photos suivantes représentent les fresques de la salle du chapitre. Ici, la Cène et le lavement des pieds. A gauche est dressée la table du cénacle. Le pain et le vin évoquent l'Eucharistie tandis que l'agneau posé sur un plat symbolise le sacrifice du Christ. Le peintre Thomas Pot s'est représenté en bout de table. Sur la partie droite de la fresque, scène du lavement des pieds. 

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Scène du lavement des pieds, détail. Jésus, auréolé, lave les pieds de ses disciples. Seul Judas n'est pas nimbé. Il tient à la main une bourse évoquant les 30 deniers de la trahison. Sur la droite, l'abbesse Marie-Gabrielle-Éléonore de Bourbon-Condé, petite-fille de Louis XIV et de la marquise de Montespan.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    L'agonie au jardin de Gethsémani et le baiser de Judas.

    Abbaye de Fontevraud,

      

    L'agonie au jardin de Gethsémani et le baiser de Judas, détail. En bas à gauche, Pierre, Jacques et Jean accompagnent Jésus mais s'endorment au lieu de veiller. Au-dessus, Jésus voit en rêve sa Passion symbolisée par le calice et l'hostie ainsi que par la croix que lui tend un ange.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

       

    Retour sur la scène de la Crucifixion avec le Golgotha et les 3 croix : celles de Jésus et des 2 larrons, le bon et le mauvais.

    Abbaye de Fontevraud,

     

    La descente de croix. Richement vêtu, Nicomède aide Joseph d'Arimathie à descendre Jésus de la croix, prêt à envelopper son corps d'un linceul, tandis que Marie-Madeleine embrasse les pieds du Christ mort.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

     

    La mise au tombeau. Couché sur une table d'onction, le corps du Christ est préparé pour l'ensevelissement dans le tombeau situé sous l'amas de rochers visible en arrière-plan. Agenouillée à gauche, l'abbesse Renée de Bourbon.

    Abbaye de Fontevraud,

     

    La Résurrection. A gauche, en arrière-plan du soldat au bouclier effrayé par le retour à la vie du Christ en habit rouge, on aperçoit les 3 croix sur le Golgotha. 

    Abbaye de Fontevraud,

     

    L'Ascension. A noter, groupés derrière Marie, les apôtres ne sont plus que 11 (Judas s'est suicidé).

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      

    L'Ascension, détail.

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      

    La Dormition de la Vierge. Réunis autour du lit, les apôtres offrent à Marie des cierges et une croix, symboles de la mort chrétienne. Petite scène visible en haut à droite : l'Assomption. Agenouillée en bas à gauche, Marie-Madeleine Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, 34e abbesse de Fontevraud et soeur d'Athénaïs, marquise de Montespan, favorite de Louis XIV.

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Au centre de la photo, culot sculpté. Visible sur la fresque de la Dormition de la Vierge, la jeune femme tenant un livre sur ses genoux n'est autre que Françoise-Marie de Bourbon, dite "la seconde Mademoiselle de Blois". Fille naturelle de Louis XIV et de la marquise de Montespan, elle épousera Philippe d'Orléans, régent du royaume durant la minorité de Louis XV.  

    Abbaye de Fontevraud (3). La salle du chapitre

      (Photos prises le 21 août 2022) 


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  • Abbaye de Fontevraud.                                                                                                                                                      2. Le cloître, les abbesses... et les petites hirondelles. 

     

    Située en terre angevine, à une 15aine de km de Saumur, l'abbaye de Fontevraud se trouve sur le parcours des 280 km du Val-de-Loire inscrits depuis l'année 2000 au patrimoine mondial de l'Unesco (portion entre Sully-sur-Loire et Chalonnes).

      

    Fondée par l'ermite prédicateur Robert d'Arbrissel en 1101, l'abbaye de Fontevraud deviendra au fil du temps et des agrandissements successifs une véritable cité monastique, comprenant en tout 4 monastères, soit l'un des complexes religieux parmi les plus vastes et les plus puissants de l'Europe médiévale. Son nom reste à jamais associé à celui d'Aliénor d'Aquitaine, et à travers elle aux couronnes de France et d'Angleterre. Abbaye royale, donc, s'écrivent en filigrane les noms de personnalités issues de lignages prestigieux (Capétiens, Valois, Bourbons, Plantagenêt) au nombre desquelles Louis VII, Saint-Louis, Louis XII, François Ier, Louis XIV, la marquise de Montespan, Louis XV, Henri II d'Angleterre et Richard Cœur de Lion. 

     

    Par son rayonnement religieux, par sa puissance financière, par les personnalités historiques de sang royal liées à ses presque mille ans d'histoire et par son mode de fonctionnement pour le moins novateur, l'abbaye de Fontevraud se distingue à plus d'un titre. C'est ce qui rend la visite particulièrement intéressante et foisonnante. Autant dire que pour qui veut approfondir un peu, il y a matière !! Difficile de tout faire, de tout voir. Personnellement, j'ai surtout passé du temps dans 4 lieux de cet impressionnant ensemble conventuel. Mon choix s'est porté sur les cuisines romanes, le cloître, la salle du chapitre et l'église abbatiale.

     

    Après un article consacré aux cuisines romanes, voici le cloître et ses longues allées de silence. Enfin de silence... presque... à quelques trissements et gazouillis près. 

     

    Galeries nord et est du cloître. Long de 59 m, le cloître dessert les grands lieux de la vie monastique dont l'abbatiale, la salle capitulaire, le réfectoire et les dortoirs. 

    Abbaye de Fontevraud,

      

    Angle des galeries nord et est du cloître, surmontées du clocher de l'église abbatiale.

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

      

    Gros plan sur le clocher de l'église abbatiale. Sans cloche, muet, il n'a plus sonné depuis la Révolution Française. Afin de lui redonner vie, l'abbaye de Fontevraud a passé commande d'un ensemble de 6 cloches à la fonderie Cornille-Harvard de Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, avec pour mission de fondre de 2019 à 2025 une nouvelle cloche chaque année et ainsi permettre de recréer la sonnerie historique du clocher (2e plus importante commande artistique à ce jour après Notre-Dame de Paris). Chaque cloche, au décor personnalisé, est baptisée du nom d'une abbesse ou d'un personnage historique en rapport avec l'abbaye. Ont déjà été fondues "Aliénor", "Richard", "Pétronille" et "Gabrielle". 

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

     

    En arrière-plan, galerie sud du cloître, desservant l'immense salle du réfectoire (46 m de long). 

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

     

    Galerie est, desservant la salle du chapitre et les dortoirs.

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

      

    L'abbaye de Fontevraud se singularisait par un mode de fonctionnement plutôt novateur pour l'époque : la cohabitation hommes/femmes. Jusqu'à 60 moines et plus de 200 moniales y ont cohabité, formant une communauté mixte répartie sur un même lieu en 4 monastères distincts. Hommes et femmes ne se fréquentaient cependant que lors des différents offices qui rythmaient la journée. De plus, fait sans précédent, la direction générale de l'abbaye était confiée à une femme. Ainsi, de Pétronille de Chemillé en 1115 à Julie d'Antin jusqu'en 1792 à la Révolution Française, 36 abbesses se succèderont à Fontevraud... dont près de la moitié de sang royal. Des familles généreuses en offrandes et donations, asseyant par là-même la puissance financière de l'abbaye. On voit bien le lien étroit qui unissait pouvoir royal et religieux à Fontevraud, où les abbesses étaient opportunément "placées" (la galerie est accueille une exposition consacrée à 11 d'entre elles, le lien est éloquent).

     

    Ci-dessous, galerie est, portrait de Marie-Madeleine Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, 34e abbesse de Fontevraud (1670 à 1704 -la cloche créée en 2023 porte son nom). Nommée en 1670 à 25 ans par Louis XIV, Marie-Madeleine est la soeur d'Athénaïs, marquise de Montespan, qui n'était autre que... la favorite de Louis XIV !! 

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

      

    Ci-dessous, galerie est, portrait de Julie-Sophie-Gillette de Pardaillan de Gondrin de Montespan d'Antin. Arrière-arrière-petite-fille de Madame de Montespan, elle fut la 36e et dernière abbesse de Fontevraud (1765 à 1792). A la Révolution Française, les ordres monastiques seront supprimés et les religieuses expulsées de l'abbaye. 

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

     

    Quelques exemples de clefs de voûte du cloître (restauration au XXe siècle par l'architecte Lucien Magne, disciple de Viollet-le-Duc).

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Le cloître, galerie ouest, longue allée de silence.

    Abbaye de Fontevraud,

      

    De silence... finalement pas tant que ça. Car avant de les voir, je les ai entendues. Des petits cris perçants, insistants, qui font lever la tête. Et à bien y regarder, chaque clef de voûte est occupée par des espèces de boules foncées... autant de nids d'hirondelles où les oisillons, affamés, réclament la becquée.

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Faits de boue séchée, de paille, de radicelles, de brins d'herbes et brindilles agglomérés, les nids, fermés, accueillent plusieurs oisillons dont on aperçoit par l'orifice tantôt un bout de tête, tantôt un bout de queue. 

    Abbaye de Fontevraud,

     

    Gazouillis et sifflements... Les parents apportent aux oisillons les insectes capturés en vol. D'incessants allers-retours pour nourrir la nichée affamée. Après un mois cachés, les petits prendront leur envol...

    Abbaye de Fontevraud (2). Le cloître

       

    Pas évident d'appuyer sur le déclencheur au bon moment. Mais le spectacle était charmant. 

    Abbaye de Fontevraud,

     (Photos prises le 21 août 2022)       

     


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  • Abbaye de Fontevraud.                                                                                                                                                        1. Les cuisines romanes.

     

    Après la déconvenue de 2018 où j'avais annulé ma visite de l'abbaye car les cuisines romanes, l'un des bâtiments les plus singuliers du complexe monastique, étaient en restauration, 4 années plus tard, m'y revoilà... Tout est planifié pour un week-end détente/culture. Séjour à la Croix Blanche, hôtel-restaurant de charme place des Plantagenêt, juste à côté de l'abbaye, et visite couplée avec l'expo "Monet et ses métamorphoses" pour admirer par la même occasion quelques Nymphéas.

     

    Ensemble abbatial parmi les plus vastes d'Europe (le site regroupait à l'origine 4 monastères), l'abbaye royale et ses dépendances s'étendent sur une quinzaine d'hectares. Passé le hall d'accueil, je les repère facilement sur la droite. Un bâtiment conique, comme une immense hotte. Hautes de 25 m, construites au XIIe siècle en pierre blanche de tuffeau, les cuisines romanes de l'abbaye de Fontevraud présentent une architecture étonnante. Accolées au réfectoire, elles se composent d'une partie centrale -la hotte- flanquée de 5 absidioles, chacune couronnée d'une hotte plus petite à lanternon, le tout recouvert d'un remarquable toit en écailles de poisson. A l'intérieur, c'est vide, aucun meuble, rien, ce qui permet de mieux comprendre l'organisation spatiale particulière de ce bâtiment de plan octogonal. L'espace central est renversant, surmonté de la plus imposante des 6 cheminées. Rayonnant autour, 5 aires de taille plus modeste, séparées par des contreforts, correspondant aux 5 absidioles, elles aussi surmontées de cheminées. Le bâtiment servait probablement de fumoir pour la viande et les poissons de Loire (classement aux Monuments Historiques en 1840). 

     

    Billet en poche, je les aperçois au loin. Les cuisines romanes !! C'est vers elles que je me dirige en premier, avant la cohue touristique.

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Unique sur le site de l'abbaye, la toiture en pierre, hérissée d'écailles de poisson. 

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Certains goguenards, d'autres flippants... Sous les corniches, la ronde des modillons (5 photos suivantes). Toute une symbolique.

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      

    Blancheur de la pierre. La restauration est récente... ça demande à prendre un peu de patine. 

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Attention au torticolis... L'intérieur des cuisines romanes (4 photos suivantes) se visite en levant la tête. Cheminées, absidioles et contreforts forment un ensemble graphique qui se prête bien à la photo.

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

     

    Abbaye de Fontevraud, les cuisines romanes

      (Photos prises le 21 août 2022)


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