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Par un après-midi d'automne... apparition, le visage du Soleil...
(Photo prise le 17 octobre 2021 à l'arboretum des Grandes Bruyères, Ingrannes)
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Estaing, l'un des Plus Beaux Villages de France... Saint Fleuret et VGE.
Situé dans le département de l'Aveyron, au centre d'un triangle Conques-Laguiole-Rodez, Estaing est un village médiéval niché au pied des monts d'Aubrac, à la confluence du Lot et de la Coussane. De son écrin de collines boisées émerge un château massif, dont les bâtiments, mélange de schiste, de grès rouge et d'ardoise, sont d'époques et de styles différents... ce qui donne un assez curieux mélange. Outre son château, le village abrite un remarquable patrimoine architectural (église, pont gothique sur le Lot, vieux ponts enjambant la Coussane, Collège du XVIe siècle, passerelle à balustres). C'est aussi une étape sur les Chemins de Compostelle : des 4 itinéraires français vers Saint-Jacques, Estaing constitue une étape de la Via Podiensis, le chemin partant du Puy-en-Velay.
Ce gros village d'Occitanie, classé parmi les Plus Beaux Villages de France, est historiquement lié à 2 personnalités, l'une ecclésiastique, l'autre politique, que 14 siècles séparent : saint Fleuret et Valéry Giscard d'Estaing.
Pour VGE, je vois. Une carte de visite longue comme le bras !! En vrac : maire de Chamalières, 20e Président de la République Française, ministre des Finances, "en couple" franco-allemand avec Helmut Schmidt, député du Puy-de-Dôme puis député européen, sage au Conseil Constitutionnel, Immortel au fauteuil n°16... mais finalement mort, en 2020, à 94 ans.
Son lien avec le village ? Le nom à particule, hérité d'une aïeule aveyronnaise -Lucie-Madeleine d'Estaing, demi-sœur de l'amiral Charles-Henri d'Estaing (guillotiné sous la Terreur, il était le dernier représentant masculin de la noble lignée) et maîtresse de Louis XV- que le père de VGE, Edmond Giscard, avait obtenu par décret du Conseil d'État le droit d'accoler à son propre nom. Et c'est ainsi qu'en 1922 la famille Giscard devint Giscard d'Estaing !! Pour parfaire le truc, VGE acheta le château d'Estaing en 2005, devenant ainsi le châtelain d'Estaing... Classe !!
Moins connue est la vie de saint Fleuret, évêque thaumaturge du VIe siècle et saint patron du village. En fait, je n'en avais jamais entendu parler avant. C'est en visitant l'église qui abrite ses reliques que j'ai découvert son existence.
Estaing, vu depuis la route de Bozouls (GR65).
A l'entrée du village, pont gothique sur le Lot.
Rue François-d'Estaing. L'Office de tourisme et la mairie ont pris place dans les superbes bâtiments de l'ancien Collège Renaissance. En levant le nez, visible à l'angle du pignon ouest, on aperçoit un petit personnage (cerclé en rouge sur la photo).
Je n'ai pas réussi à trouver ce qu'il représentait ni pourquoi il avait été sculpté à cet endroit...
La passerelle à balustre du Collège (XVIIIe siècle).
Typiquement médiévale et Renaissance, la rue du Collège abrite l'Hospitalité de Saint-Jacques. On y trouve aussi de nombreuses vieilles portes en bois, cloutées ou aux verrous en fer forgé. Ici, celle située juste sous la passerelle.
Cette autre, quelque peu de guingois.
Sur celle-ci : "A échanger ou à vendre"... Un état d'esprit bien loin de l'Ethereum et du Bitcoin.
Toujours rue du Collège : une superbe porte cloutée... qui...
...au vu des toiles d'araignée, ne doit pas servir tous les jours !!
Place de l'Abiouradou. Cette place, dont le nom signifie "abreuvoir" en occitan, accueillait autrefois un marché aux bovins.
Daté de 1822, pont en pierre sur La Coussane. D'une longueur de 23 km, la Coussane est un sous-affluent de la Garonne par le Lot. Jadis, 4 ponts l'enjambaient à Estaing, dont seuls 2 sont encore debout aujourd'hui.
L'autre pont sur la Coussane, appelé "Vieux-Pont".
Ensemble d'habitations sur la Coussane, au niveau du Vieux-Pont. Au XIXe siècle, tanneurs et cardeurs logeaient sur ses berges.
Accessible par une volée d'une vingtaine de marches, l'église Saint-Fleuret (XVe-XVIe siècles) fait face au château. Construite sur les vestiges d'un prieuré roman du XIe siècle, elle a la particularité de posséder à la fois un clocher et une flèche. L'église abrite, dans une chapelle dédiée, les reliques de Fleuret, le saint patron d'Estaing.
Sur le parvis de l'église, belle croix quadrilobée en calcaire (XVIe siècle). On y voit le Christ en croix entouré de 2 anges. Au-dessus de la tête du Christ, 2 pieds symbolisent l'Ascension. Dans la partie basse, scène de mise au tombeau et sur le fût, Marie-Madeleine et un pèlerin de Saint-Jacques en prière.
La chapelle Saint-Fleuret présente pas moins de 3 reliquaires : à droite, devant le retable, un buste-reliquaire ; à gauche sur la photo, vitrine abritant la châsse-reliquaire ; en face, sur la droite, vitrine abritant un bras-reliquaire. Dans le fond, retable présentant le saint dans ses habits d'évêque de Clermont.
Châsse-reliquaire de saint Fleuret (1880). Décorée de bijoux offerts par la population, elle contient l'essentiel des ossements du saint, ossements découverts pratiquement au complet en 1524 par François d'Estaing, évêque de Rodez, lors de l'ouverture du tombeau du saint.
En bois peint doré à la feuille, le buste-reliquaire de saint Fleuret, mitre d'évêque sur la tête. Évêque auvergnat au VIe siècle, saint Fleuret a fait étape à Estaing au retour d'un voyage à Rome. Il y aurait accompli plusieurs miracles (guérisons, jaillissement d'une source). La maladie l'empêche de continuer sa route et il meurt à Estaing où il est vénéré depuis plus d'un millénaire par les Estagnols. Son buste est porté en procession lors de la fête de Saint-Fleuret chaque 1er dimanche de juillet.
A la base du buste-reliquaire, une monstrance ovale présente la relique : un ossement du saint, enveloppé dans un morceau de tissu.
Bras-reliquaire en argent. Il représente la main droite de saint Fleuret faisant le geste de bénédiction.
Situé en dehors des remparts du village, le quartier du Barry abrite le cimetière, perché sur la colline.
Construit entre les XIe et XVIIIe siècles par les générations successives des comtes d'Estaing, le château arbore une architecture hétéroclite. Chacun y est allé de sa touche perso, accolant à la tour et entre eux des bâtiments de hauteurs et de styles différents (propriété de la Fondation Valéry Giscard d'Estaing).
Les toits du château et de l'église.
Le château, vu depuis le pont gothique franchissant le Lot. Impulsée par François d'Estaing lors de son épiscopat, la construction du pont a permis l'essor économique de la cité. Un siècle plus tard, le village comptait environ 2000 habitants. Une forte activité tertiaire s'y était développée (notaires, huissiers, chirurgiens ainsi que de nombreux commerçants).
Érigée en 1866 et placée sur le bec, au niveau de la pile centrale du pont, la statue de François d'Estaing.
Évêque de Rodez de 1507 à 1529, François d'Estaing appartient à une noble famille originaire du Rouergue, famille ayant compté dans ses rangs amiraux, sénéchaux, chambellans et cardinaux. Le dernier représentant en ligne directe fut Charles-Henri d'Estaing, mort sur l'échafaud en 1794, qui s'illustra pendant la guerre d'Indépendance américaine.
Croix du pont gothique, dressée face à la statue de François d'Estaing.
Sur le pont, sacs à dos et bâtons de marche : les pèlerins de Compostelle... Allez, plus que 1357 km avant l'arrivée !!
(Photos prises le 16 août 2021)
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Capdenac-le-Haut, l'un des Plus Beaux Villages de France... Déception.
Un de plus inscrit sur ma liste de visites des Plus Beaux Villages de France !! Mais. Est-ce la haute idée que je me faisais de l'intérêt de ce village compte tenu de son rattachement au label tant convoité ?... Toujours est-il que la visite m'a plutôt déçue.
Ancien castrum d'altitude à une petite dizaine de km de Figeac, sa situation fait de Capdenac un belvédère remarquable. L'intérêt de la visite tient d'ailleurs surtout aux points de vue sur le Lot en contrebas et sur la ville basse de Capdenac-Gare. Il y a aussi quelques vieilles rues, de belles maisons médiévales, mais assez peu finalement par rapport à bien d'autres villages de la région. Capdenac abrite aussi un certain nombre de monuments liés non seulement à son histoire gallo-romaine et médiévale, mais aussi à son statut de place forte tenue par Simon de Monfort au XIIIe siècle lors de la Croisade menée en Occitanie contre les Cathares.
Et en fait de place forte, le village se posait là !! Construit sur un mur de falaises à 100 m en aplomb du Lot, une fois cette barrière naturelle franchie, un redoutable système de défense attendait encore l'ennemi : une première enceinte, un fossé, puis une seconde enceinte, percée de portes fortifiées avec pont-levis, sans oublier un impressionnant donjon. Citadelle imprenable, maintes fois assiégée... mais jamais prise.
Seulement voilà, gros défaut : sur tout cela, excepté un espace muséographique (mal conçu et rebutant) dans le donjon, l'information est assez pauvre. Difficile, donc, d'associer Capdenac à son histoire particulière, si bien que l'on ressort de la visite sans en avoir trop rien saisi. A la place, on nous sert un jardin médiéval sensoriel un peu cheap, un jardin pédagogique des Mille et unes pattes et des hôtels à insectes fabriqués par les enfants. Sympathique, mais hors contexte. Dommage.
Érigé au sommet de la route menant au village, le donjon de Capdenac, également appelé tour de Modon, domine l'espace alentour du haut de ses 17 m (XIIIe et XIVe siècles). Bâti sur 3 niveaux, il abrite, au 1er étage, un espace muséographique... peu attractif.
Vue depuis le jardin médiéval avec le donjon et la route d'accès au village en contrebas.
Vue sur l'église Saint-Jean-Baptiste depuis le jardin médiéval. Situé au pied du donjon, le jardin médiéval, a été conçu comme un espace sensoriel où les plantes et les installations évoquent tour à tour la vue, le goût, le toucher, l'odorat et l'ouïe.
Évocation de l'ouïe avec le flic floc de cette fontaine.
De la vue pour ce coin de potager.
Terrasse crénelée du donjon.
Vue sur Capdenac-Gare depuis la terrasse du donjon.
La place Lucter est le point de départ pour l'exploration du village par ses ruelles anciennes.
La rue du Sault, typiquement moyenâgeuse avec ses maisons à encorbellement.
Rue de la Commanderie.
Impasse de la Commanderie.
Rue Saint-Géraud.
La terrasse du Sault, pour de beaux points de vue sur le village de Capdenac-Gare et la vallée.
Vue sur le Lot depuis la terrasse du Sault.
Le jardin des 1001 pattes, un espace pédagogique dédié aux petites bêtes de nos jardins. OK, mais un peu hors contexte dans un des "Plus Beaux Villages de France".
A plusieurs endroits dans les rues du village, des hôtels à insectes, fabriqués par les écoliers.
Et sinon, pour revenir à du plus authentique : vestige de l'une des 2 portes d'entrée de ville encore visibles, avec l'escalier descendant au chemin de ronde.
Et les remparts de Capdenac-le Haut.
(Photos prises le 15 août 2021)
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Ponte-Novu, la fin de l'indépendance corse.
Situé sur la commune de Castello-di-Rostino, à une quarantaine de kms au sud-ouest de Bastia, ses ruines, baignées par les eaux du Golo, attirent immanquablement le regard de qui passe sur le nouveau pont de la RN193. Tablier éventré, pile unique curieusement plantée au milieu du fleuve, il faut un peu d'imagination pour visualiser la forme en dos d'âne et les 5 arches du Ponte-Novu tel que les Génois l'ont construit au XVIe siècle.
Alors, ça ne se voit pas forcément, le Ponte-Novu a été restauré en 2008 !! Mais plutôt que de le reconstruire intégralement -et par là-même d'effacer l'histoire- la municipalité a fort judicieusement préféré consolider les vestiges et valoriser le site (parking à proximité, esplanade, panneaux explicatifs). Car il a beaucoup à raconter le Ponte-Novu... Sur ses pavés s'est joué le destin de la Corse indépendante.
8 et 9 mai 1769 : emmenés par Pascal Paoli, les indépendantistes se battent contre l'armée de Louis XV. L'enjeu ? Conserver la souveraineté de l'île, acquise en 1755. Après d'âpres combats, débordés par les forces françaises, les Corses s'inclinent. La défaite scelle la fin de l'indépendance, qui n'aura finalement duré que 14 ans.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Car la destruction du pont ne date pas de cette bataille du XVIIIe siècle : contre toute attente, c'est au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 9 septembre 1943, que le Ponte-Novu fut détruit, dynamité par la Résistance pour ralentir la 90e Division d'infanterie légère de la Wehrmacht.
Un pont à moitié détruit, une pile esseulée plantée dans le lit du Golo : le Ponte-Novu, volontairement laissé en place à l'état de vestige, pour le rappel de l'histoire (MH depuis 1928).
Autre vue du pont détruit. Construit en dos d'âne par les Génois au XVIe siècle, le pont comportait à l'origine 5 arches.
Bien restauré en 2008, mais juste ce qu'il faut. Ici, le tablier et son pavement en galets.
Le Ponte-Novu, témoin de l'histoire corse : construit par les Génois au XVIe siècle, symbole de la cause indépendantiste au XVIIIe et de la Résistance française au cours de la Seconde Guerre mondiale.
(Photos prises le 9 juin 2021)
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