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Conques. 1. Le village.
Situé au nord du département de l'Aveyron, limite Cantal, le village de Conques (moins de 300 âmes) est depuis le Moyen Age un haut lieu de la chrétienté. De cette époque médiévale, il a conservé un remarquable patrimoine architectural, au premier rang duquel l'abbatiale Sainte-Foy et son magnifique tympan. Le bourg s'est organisé autour de cet édifice en pierre du Rouergue, chef d'œuvre de l'art roman. Dans les ruelles pavées, les maisons à colombages coiffées de toits de lauzes dégagent une évidente harmonie.
Conques est une étape majeure de la via Podiensis sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Labellisé "Plus Beaux Villages de France", il jouit en plus de cette distinction nationale d'une aura internationale par l'inscription, en 1998, de l'abbatiale Sainte-Foy au patrimoine de l'Unesco. On s'en doute, cette double distinction attire du monde, beaucoup de monde !! Alors petite recommandation : pour profiter hors cohue des beautés du village, arriver de bonne heure le matin ou en début de soirée.
Photo prise le matin : c'est l'heure sereine, celle des pèlerins, mais pas encore celle de la nuée touristique.
Arrivée à Conques par le bas du village. Au loin, se profilent les 2 hautes tours de l'abbatiale Sainte-Foy.
Parvis de l'abbatiale, avec sa petite place aux maisons moyenâgeuses. Construite en pierre du Rouergue, les murs de l'abbatiale arborent une polychromie aux teintes chaudes, typique de l'Occitanie (schiste bleu, calcaire blond et grès rose). Une ruelle monte sur la gauche vers les bâtiments d'hébergement pour les hôtes et pèlerins.
Les maisons à colombages et toits de lauzes de la place de l'abbatiale hébergent commerces de bouche et de souvenirs.
Adossée aux remparts de la cité, la résidence Dadon (ermite du VIIIe siècle) fait face à l'abbatiale et sert d'hébergement aux pèlerins.
Sa façade est austère, percée d'une porte monumentale. La résidence Dadon abritait autrefois un hôpital.
Ex rue de la Porte-de-Fer, la rue Jérôme Florens a été rebaptisée en 2014 en hommage à un enfant du pays, maître bâtisseur, qui contribua à la restauration et à la mise en valeur du patrimoine conquois. La rue mène au belvédère de Bancarel par le GR62.
Installée à proximité directe de l'abbatiale, la librairie du village a pris le nom de "Saint-Norbert", le fondateur de l'ordre des Prémontrés au XIIe siècle. Outre les livres, elle fait aussi boutique de souvenirs et vente d'artisanat et produits monastiques.
Délimitée côté bourg par la porte du Barry, la rue Charlemagne (3 photos suivantes). Entièrement pavée et bordée de maisons en pierre à pans de bois, c'est l'une des plus typiques de Conques... Excellent pour les mollets : elle est aussi particulièrement pentue !!
Noyé dans le vert, à flanc de montagne, le petit cimetière de Conques et sa chapelle.
(Photos prises les 15 et 17 août 2021)
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Rodez, ma visite du musée Soulages.
Né à Rodez le 24 décembre 1919, Pierre Soulages (bientôt 102 ans et un musée de son vivant) est un artiste à la démarche radicale qui, toute sa vie, se sera essayé à différentes matières et techniques (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies, brous de noix...), produisant de façon irrégulière au fil du temps ses tableaux, résultat de ses expérimentations. Car peut-être plus que l'œuvre elle-même, ce qui l'intéressait, c'était bien cela : expérimenter.
Et puis Soulages, c'est aussi l'outrenoir, ce concept créé à la fin des années 1970, indissociable de son œuvre. Sa marque de fabrique. De grands formats monochromes dont le noir, déposé en larges aplats, s'irise et se modifie par le jeu des matières et la réflexion de la lumière. Une approche quasi scientifique.
Scientifiquement intéressant, d'accord... mais est-ce beau ? La question se pose...
Je voulais y aller, afin de me faire ma propre idée sur cette icône vivante de l'art abstrait. Pour tout dire, la visite m'a plongée dans un abîme de perplexité... Si je comprends la démarche consistant à expérimenter des techniques et des matières (et l'intérêt que cela peut représenter pour un artiste), l'engouement suscité par le résultat me dépasse complètement. Car, à mon goût, le rendu n'a rien d'esthétique.
Bien évidemment, cet article de blog ne reflète que mon point de vue.
Huile sur toile (1963).
C'est dans une vaste salle sombre que sont présentées lithographies, sérigraphies et eaux-fortes.
Dans cette même salle, 3 bronzes sont visibles, correspondant aux matrices des eaux-fortes, avec lesquelles ils sont mis en regard. Parmi les choses qui m'ont le plus intéressée.
Mais j'aime mieux la méthode... que le résultat...
Les 5 photos suivantes sont des œuvres réalisées au brou de noix, technique expérimentée par Soulages à partir de 1947.
Descriptif en bas de la toile : "Un tronc oblique est barré de traces de pinceau droites et curvilignes. Une couche de brou plus épais accentue la noirceur et l'effet de croisement des lignes, tandis que quelques passages de pinceau laissent une touche incomplète "pointilliste". Ce brou retient quelque chose d'organique ou de végétal, comme le soulignent les "surgeons" à gauche de la composition. L'artiste occupe tout l'espace, l'emprise arachnéenne de la matière stimulant le blanc originel du papier".
Si le cheminement artistique est à ce point abscons qu'il faille toutes ces explications pour décrypter ce qu'a voulu faire l'artiste, alors, franchement, ça ne m'intéresse pas. Pour moi, une œuvre doit parler au coeur et faire naître l'émotion dans la spontanéité, sans tout ce décorticage intellectuel !!
L'idée me vint que mes petits-fils (5 et 7 ans) auraient pu faire la même chose...
Les 4 photos suivantes ont été prises dans une salle dédiée, présentant des peintures sur toile de grand format.
Désolée, mais le mot "fumisterie" m'est venu à l'esprit plusieurs fois au cours de la visite...
Oui, celle-ci, pas mal...
Les 4 photos suivantes sont des détails des Outrenoirs de Pierre Soulages.
Pierre Soulages. Photos NB de Christian Bousquet (1958). Présentées dans la grande salle sombre, j'ai trouvé ces 2 photos superbes !! En fait, ce que j'ai préféré de tout le musée.
(Photos prises le 17 août 2021)
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Château de Bournazel... en visite guidée...
Situé dans le département de l'Aveyron, au centre d'un triangle Conques - Villefranche-de-Rouergue - Rodez, le château de Bournazel est vanté dans les guides comme l'un des rares exemples de château Renaissance en Occitanie. Renaissance ? Pas seulement, comme en atteste son histoire mouvementée.
Cette histoire fut marquée par 2 familles puissantes : les de Mancip et les du Buisson, dont le Rouergue était le fief. Les de Mancip, seigneurs de Bournazel, érigèrent un premier château (XIe siècle) dont héritera l'une de leurs descendantes, Charlotte de Mancip. Son mariage avec Jean du Buisson, fils de banquiers toulousains et amateur de raffinement italien, scellera la construction sur le site d'un second château, au XVIe siècle. Mais les guerres de religion marquèrent un coup d'arrêt à l'édification du château Renaissance. De la forme carrée originellement prévue, seules 2 ailes seront construites. Fin XVIIIe, le château est incendié par des paysans révoltés contre les taxes seigneuriales. Classé MH en 1942, mais très endommagé, le château connaîtra dès lors divers propriétaires. Jusqu'aux propriétaires actuels, Gérald et Martine Harlin, qui en firent l'acquisition en 2007. Leur travail de restauration a été couronné en 2021 par le Grand Trophée Dassault Histoire et Patrimoine de la plus belle restauration.
Malheureusement, ce château privé n'est accessible qu'en visite guidée. Et ça, ça n'a jamais trop été ma tasse de thé. Obligation de se déplacer en groupe, de s'arrêter de salle en salle selon les instructions du guide, tous massés dans la même pièce, d'écouter studieusement, 1 heure durant, une abondance d'informations historico-artistiques... L'impression d'être piégée, sans pouvoir m'échapper. Ajouté à cela l'interdiction de faire des photos en intérieur. De quoi achever de me dépiter !!
Le château de Bournazel. Il suffit d'arriver sur site, la différence architecturale saute aux yeux. Clairement, 2 styles se côtoient : à gauche, la partie médiévale et ses 2 tours rondes, à droite, le château Renaissance. Agapanthes et citronniers ornent le grand bassin.
Ces 2 ailes sont les 2 seules parties du château accessibles à la visite. Bien différentes l'une de l'autre, sur la façade principale (aile Est, à gauche), colonnes, pilastres et frontons s'équilibrent harmonieusement ; l'aile Nord, à colonnes jumelées, présente une galerie à arcades avec frises et mascarons évoquant l'Antiquité.
Le château de Bournazel est réputé pour la richesse iconographique de ses frises. 3e figure à droite, le dieu Jupiter.
2e personnage de la frise en partant de la gauche : sans doute une représentation de la gorgone Méduse.
Détails.
Grande terrasse extérieure du château. Une photo sans personne, prise au bout de plusieurs minutes de patience...
Le jardin clos, vu de la terrasse. Les jardins du château de Bournazel se composent d'un verger jouxtant un jardin clos, à la française, divisé en 9 parterres et distingué "Jardin Remarquable" en 2019.
Le château vu du jardin clos. Du monde sur la terrasse...
Le labyrinthe.
Parfaite symétrie du décor.
Bassin aux agapanthes avec, dans le fond, le mur de séparation entre jardin clos et verger.
(Photos prises le 16 août 2021)
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Trou de Bozouls, le Dourdou à l'œuvre.
Situé en plein causse aveyronnais, à une vingtaine de km de Rodez, le village de Bozouls présente la particularité d'être partiellement construit en à-pic au-dessus du vide. Une impressionnante excavation naturelle de 400 m de diamètre et 100 m de profondeur, donnant à certaines maisons du village, ainsi qu'à l'église Sainte-Fauste, une position vertigineuse. Prosaïquement appelé "trou", plus scientifiquement, on parle de "cirque" en géomorphologie.
Responsable d'une telle béance ? Le Dourdou. Et il a pris son temps, le Dourdou !! Il aura fallu des millénaires à ce petit affluent du Lot pour creuser son trou, roulant infatigablement de siècle en siècle ses eaux jadis fougueuses sur le calcaire du Rouergue. Aujourd'hui passablement assagi au fond de sa tranchée béante, on peut l'observer depuis la terrasse panoramique aménagée place de la Mairie. On peut aussi l'approcher et suivre le méandre qu'il forme au niveau du village en descendant le canyon par un chemin qui sinue au milieu des parois verticales zébrées de strates. Une sorte d'ascenseur géologique.
Typiquement le genre de site dont la configuration s'apprécie en prenant de l'altitude. Mais bon, comme mon hélico était en révision, j'ai abandonné l'option aérienne et suis restée piétonne...
Entrée du village, par la rue du Trou.
La rue du Trou, avec son muret en pierre longeant le canyon.
Pour embrasser l'ensemble du site, une terrasse panoramique (cerclée en rouge) a été aménagée place de la Mairie. Sur le versant opposé, l'église romane Sainte-Fauste, en grès rose.
Le Dourdou est aujourd'hui un cours d'eau relativement tranquille. Avant de se jeter dans le Lot, il traverse des terres chargées d'oxyde de fer, d'où cette teinte caractéristique. Un sentier aménagé descend de strate en strate jusqu'au fond du canyon.
Position vertigineuse, à flanc de falaise. A y regarder de plus près, on voit bien qu'il n'y a plus grand monde dans les habitations...
(Photos prises le 16 août 2021)
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