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360° au sommet de la Tour Eiffel.
Après avoir, du rez-de-chaussée au 2e étage, monté 720 marches puis pris l'ascenseur pour le sommet (seul moyen d'accès), me voici au 3e étage de la Tour Eiffel, niveau le plus haut ouvert au public. A presque 300 m et à 360° en balcon au-dessus du vide, la vue est sublime, la sensation limite vertigineuse !! J'admire aussi loin qu'il est possible. Prenant mon temps devant chaque point panoramique, j'essaie de repérer les différents monuments parisiens. Le regard balaie l'espace, accroche de-ci de-là un clocher, une tour, une silhouette à l'architecture familière... quoique, mon œil de provinciale n'accroche finalement pas grand chose. Je connais très mal Paris. Faisant le tour de la galerie circulaire, je reconnais quand même l'esplanade du Trocadéro et le Palais de Chaillot, le Champ de Mars, l'Arc-de-Triomphe, les dômes des Invalides et du Panthéon, au loin Montmartre et le Sacré-Cœur, le Musée du Quai-Branly, et puis les plus hautes tours de la capitale : Tour Montparnasse, les "escaliers" du Tribunal de Paris, le Hyatt Regency accolé au Palais des Congrès et le défilé des ponts sur la Seine.
A savoir : jusqu'au 2e étage, on peut monter à pied ou en ascenseur, au choix. Par contre, seul l'ascenseur permet d'accéder au niveau panoramique. Attention cependant : l'option 3e étage doit être prévue dès l'achat du billet (après c'est trop tard), en demandant bien un billet avec montée au sommet. On a alors une vue culminante, du sol la plus haute possible sur Paris. Incontournable, surtout si l'on visite la Tour Eiffel pour la première fois. Côté météo, j'ai eu de la chance. Froid, certes, mais le soleil était radieux, le ciel parfaitement dégagé. Des conditions idéales !! Ci-dessous, quelques photos prises à chacun des 3 étages. Il est possible de zoomer sur certaines (2 clics successifs sur les photos avec *) pour mieux distinguer les monuments.
Du 1er étage.
Au premier plan, blocs d'immeubles haussmanniens. En arrière-plan, la colline de Montmartre et le Sacré-Cœur. Le monument couleur brique est le Musée du Quai-Branly. On aperçoit derrière les 5 bulbes dorés de la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité.
Du 2e étage.
Passerelle Debilly, exclusivement piétonne. Juste derrière, le pont de l'Alma. Entre les 2, rive gauche (mais à droite sur la photo) le Musée du Quai-Branly et la cathédrale de la Sainte-Trinité. Rive droite, le gratte-ciel en escaliers est le nouveau siège du Tribunal de Paris. 3e plus haut monument de la capitale (160 m) après la Tour Eiffel et la Tour Montparnasse, il est l'œuvre de l'architecte Renzo Piano. Plus à gauche, l'Arc-de-Triomphe. Toujours en arrière-plan, Montmartre et le Sacré-Cœur.
*A voir : passerelle Debilly, pont de l'Alma, pont des Invalides, pont Alexandre III et pont de la Concorde. Visible à proximité du pont des Invalides, l'Église américaine se repère à sa flèche verte (première église américaine construite en dehors des États-Unis, 1931). En face, le Grand Palais. Le Musée du Quai-Branly et la cathédrale de la Sainte-Trinité. Entre les deux, le Palais de l'Alma. En arrière-plan Montmartre et le Sacré-Cœur.
La Seine, avec les 3 ponts de l'île aux Cygnes : pont de Bir-Hakeim, pont Rouelle et pont de Grenelle. Au-delà, le pont Mirabeau. A droite, la Maison de la Radio (anciennement ORTF). Au premier plan, le Centre Sportif Émile Anthoine et derrière la cheminée du Front-de-Seine (130 m de hauteur, 5e plus haut monument parisien). A Paris, la Seine est traversée par 37 ponts. Du pont de Sully au pont de Bir-Hakeim, les berges sont classées au patrimoine de l'Unesco depuis 1991.
*A voir : le dôme doré des Invalides et en arrière-plan le dôme du Panthéon. En zoomant sur la gauche, on distingue Notre-Dame et l'immense grue d'échafaudage pour la reconstruction de la flèche suite à l'incendie du 15 avril 2019. Plus à gauche encore, la basilique Sainte-Clotilde et ses 2 tours s'élevant à 70 m de hauteur.
L'esplanade du Trocadéro et le bâtiment en hémicycle du Palais de Chaillot. A noter que lors de ma visite, la Maison Yves Saint-Laurent avait privatisé les jardins du Trocadéro pour un défilé de la Fashion Week, d'où la structure rectangulaire à toit blanc. Derrière, le bois de Boulogne avec, au milieu du Jardin d'Acclimatation, le bâtiment tarabiscoté de la Fondation Louis-Vuitton (architecte Frank Gehry, inauguration en 2014). En arrière-plan, les tours de la Défense, à Courbevoie dont, sur la droite, la Tour First. Avec ses 231 m, c'est le plus haut gratte-ciel de France (inauguration dans sa nouvelle version en 2011). Complètement à droite sur la photo, l'hôtel Hyatt Regency Paris-Étoile (ex Concorde-Lafayette), 4e plus haute tour de la capitale après la Tour Eiffel, la Tour Montparnasse et le Tribunal de Paris. Pont d'Iéna au 1er plan.
Au pied de la Tour Eiffel, la perspective du Champ-de-Mars (classée, du Champ-de-Mars au Trocadéro) avec, dans le fond, la structure blanche du Grand-Palais éphémère. Signé Jean-Michel Wilmotte, il a été conçu pour accueillir expos et événements culturels pendant la rénovation du Grand-Palais historique. En arrière, la Tour Montparnasse. A gauche, le dôme doré des Invalides.
Du 3e étage.
Du 3e étage, la vue est époustouflante. Des longues-vues sont installées tout autour de la plateforme aérienne. Il y a aussi ces espèces de balais métalliques, 8 en tout au 3e étage et 4 au sommet de la tour. Des paratonnerres.
Dans la perspective du Champ de Mars, la Tour Montparnasse et le Grand Palais éphémère. De chaque côté, les blocs d'immeubles haussmanniens. Toujours le dôme doré des Invalides... et plein de monuments que je ne sais pas reconnaître.
Les Invalides et leur jardin tout en longueur, descendant jusqu'à la Seine au niveau du quai d'Orsay et du pont Alexandre III. L'un des rares grands espaces, libres de construction, de Paris intramuros.
*A voir : rive gauche, entre le Musée du Quai-Branly et la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité, le Palais de l'Alma. De l'autre côté du pont, rive droite, les auvents rouges de la brasserie "Chez Francis". Au centre de la place Charles-de-Gaulle, l'Arc-de-Triomphe et dans le fond, l'immeuble en escaliers du Tribunal de Paris.
En se déplaçant légèrement vers la gauche... Toujours plus ou moins les mêmes monuments. L'œil se familiarise avec la vue aérienne sur la capitale. L'Arc-de-Triomphe et, dominant le paysage urbain, le Tribunal de Paris et l'Hôtel Hyatt-Regency Paris-Étoile (137 m de haut), accolé au Palais des Congrès.
*A voir : l'ombre de la Tour Eiffel pointe en direction du pont de l'Alma Rive gauche, une partie du Musée du Quai-Branly et les coupoles de la cathédrale orthodoxe de la Sainte-Trinité. Entre les deux, le Palais de l'Alma. Enfilade des ponts sur Seine en amont du pont de l'Alma : pont des Invalides, pont Alexandre III, entre les 2 le Grand-Palais et son petit frère. Puis le pont de la Concorde, la passerelle Léopold Sédar-Senghor, le Pont Royal, le Pont du Carrousel, le Pont des Arts et le Pont Neuf.
*A voir : défilé des ponts sur la Seine vers l'aval avec au premier plan, le pont de Bir-Hakeim, suivi du pont de Rouelle et du pont de Grenelle (avec la réplique de la Statue de la Liberté), tous trois sur l'île aux Cygnes. Au-delà, le pont Mirabeau et le pont du Garigliano. Au premier plan, rive gauche, le Centre Sportif Émile-Anthoine avec, en zoomant, visibles sur le toit végétalisé, les 5 anneaux olympiques des JO de 2024. Rive droite, la Maison de la Radio.
Comme vu d'avion, un balcon en plein ciel et Paris à mes pieds : les tours de la Défense, le bois de Boulogne et la Fondation Louis-Vuitton, l'hôtel Hyatt-Regency Paris-Étoile (137 m de hauteur, le plus haut hôtel français après celui de la Part-Dieu à Lyon) et le Palais des Congrès, le Palais de Chaillot. Vertigineux, splendide !!
(Photos prises le 1er mars 2023)
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Le grand Meccano de la Tour Eiffel.
Inaugurée pour l'Exposition Universelle célébrant les 100 ans de la Révolution Française, n'en déplaise aux fâcheux qui avant même son érection l'affublèrent de doux noms tels que "lampadaire tragique", "squelette disgracieux" ou "suppositoire criblé de trous", lors de sa présentation publique le 31 mars 1889 la Tour Eiffel rencontra un immense succès populaire. 2 millions de visiteurs se bousculèrent durant les 4 semaines d'exposition pour découvrir cette étonnante construction, démonstration du génie tricolore de cette fin de XIXe siècle : 312 m de haut, soit le plus haut monument de l'époque !! Le record tiendra une 40aine d'années, jusqu'en 1930 et l'inauguration du Chrysler Building (319 m), détrôné l'année suivante par un autre gratte-ciel new-yorkais, l'Empire State Building (381 m). La course au gigantisme continue. Record actuel, le Burj Khalifa de Dubaï et ses 828 m.
Connue dans le monde entier, copiée même (Chine, Japon, Pakistan, Roumanie et la plus grande, au Bellagio de Las Vegas), la Tour Eiffel est incontestablement le monument parisien le plus célèbre. Chaque année, quelque 7 millions de touristes se pressent pour la visiter, 300 millions depuis son ouverture. Là, c'était mon tour. Une première.
Ascenseur ou escalier ? Comme je voulais faire des photos de ce gigantesque Meccano, je n'ai pas hésité bien longtemps. Une fois repéré le pilier Sud dédié à la montée à pied, me voilà partie à l'ascension de la charpente métallique, progressant de marche en marche à travers une impressionnante forêt de poutres tenues ensemble par des millions de rivets.
La Tour Eiffel est quadrupède.
Dentelle de béton. Prête à l'envol... Malgré son poids colossal, une structure presque aérienne.
720 comme ça...
A droite, couleur brique, tronçon de l'ancien escalier en colimaçon.
Vue plongeante sur le bassin des jardins du parvis.
Grimpant le long de sa crémaillère verticale, l'ascenseur se fraye un passage à travers le maquis métallique. A gauche, autre vue sur l'ancien escalier en colimaçon.
Roue de machinerie d'ascenseur. De nos jours, la Tour Eiffel est équipée de 3 ascenseurs visiteurs, installés dans les piliers Nord, Est et Ouest. L'ascenseur du pilier Sud dessert uniquement le restaurant "Jules Verne".
Jonction. Les piliers se rejoignent en un tronc unique jusqu'au sommet. Comme un collier de perles, les lampes stroboscopiques maillent la Tour Eiffel sur toute sa hauteur. Éclairage nocturne chaque soir.
Sommet, hérissé d'antennes de radio et de télédiffusion.
(Photos prises le 1er mars 2023)
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Abbaye de Fontevraud. 4. Les gisants des Plantagenêt.
Abbaye royale dirigée de 1115 à 1792 par des abbesses issues de la très haute aristocratie (sœurs, filles, petites-filles, cousines, veuves de rois, de ducs, de comtes...), Fontevraud bénéficia durant des siècles de la protection financière des Bourbons et des Plantagenêt. Son histoire est étroitement liée à celle d'Aliénor d'Aquitaine, reine de France puis d'Angleterre qui en fit sa nécropole et commanda de son vivant son propre gisant. Il voisine avec 3 autres dans la nef de l'église abbatiale depuis 1992.
C'est bien ce statut de nécropole royale qui aujourd'hui encore fait la réputation de l'abbaye de Fontevraud. 4 gisants, alignés côte à côte 2 par 2. Mais qui sont-ils exactement ?... Pas évident de les identifier tous. Pour Aliénor, je savais. Plus compliqué en revanche pour les 3 autres. Premier duo : Aliénor, donc ; à côté, le 2e gisant est celui de son second mari, le roi Henri II (pas de France, Plantagenêt). Deuxième duo : le 3e gisant est celui de Richard Cœur de Lion, 3e fils d'Aliénor et d'Henri II. Et à côté de Richard, le 4e gisant, question jackpot... c'est celui de leur belle-fille, Isabelle d'Angoulême. La femme de leur fils, donc, mais pas de Richard, de leur 4e fils, Jean sans Terre. Ignorante de tout cela, j'aurais bien refait les couples et les descendances... Heureusement, la visite de l'abbaye s'apparentant à un cours d'histoire, j'ai pu redonner à chacun sa chacune.
Accolée au cloître, l'église abbatiale. Portail roman en plein-cintre, avec grande baie similaire au 1er étage. Au-dessus, le pignon porte une petite baie géminée de style gothique. Les 2 tours octogonales, étroites, sont coiffées de toits pointus en ardoise.
Portail principal de l'église abbatiale, typiquement roman, voûté en plein-cintre.
En arrière-plan, construite sur 2 étages et accolée au transept nord de l'abbatiale, la galerie Renée de Bourbon.
L'église abbatiale, côté abside.
Surmontée d'une enfilade de coupoles, la nef, lumineuse, très épurée, mesure 58 m de long !! Défilé de touristes autour des gisants.
Mais avec un peu de patience, l'heure du déjeuner aidant, c'est presque un tête-à-tête.
Représentation d'un défunt couché, endormi dans une posture royale ou de piété, le gisant est fait pour laisser à la postérité une image idéalisée. Polychromes, les gisants de l'abbaye de Fontevraud ont été sculptés en pierre pour 3 d'entre eux. Le 4e est en bois.
Gisant d'Aliénor d'Aquitaine (1122-1204). Femme d'influence au destin exceptionnel, politicienne éclairée, mécène instruite, audacieuse, deux fois reine -de France puis d'Angleterre- mère de 10 enfants dont 3 seront rois, Aliénor d'Aquitaine est sans doute le personnage historique féminin le plus célèbre du Moyen-Age, à la tête d'un territoire parmi les plus puissants de l'Europe médiévale. Elle participa à la IIe Croisade, recluse en résidence surveillée durant 15 ans puis libérée, après une vie tumultueuse menée au rythme de ses grossesses successives, elle se retire en 1200 à l'abbaye de Fontevraud où reposent Henri II (son second mari) et Richard Cœur de Lion (son 3e fils). Elle commande leurs gisants et aussi le sien, choisissant de se faire représenter un livre entre les mains, symbole de son érudition. Aliénor d'Aquitaine meurt en 1204, à 82 ans. Une copie du gisant, réalisée par les ateliers du Louvre, est visible depuis 2019 dans l'église Saint-Georges d'Oléron ► gisant d'Aliénor d'Aquitaine, copie. Église Saint-Georges d'Oléron.
Le gisant d'Aliénor d'Aquitaine côtoie celui de son second mari, Henri II Plantagenêt (1133-1189). Premier représentant de la dynastie, Henri II fut comte d'Anjou, du Maine, de Touraine et duc de Normandie. Le comté du Poitou et le duché d'Aquitaine lui furent apportés par son mariage avec Aliénor. Il sera couronné roi 2 ans plus tard et meurt à 56 ans à la forteresse de Chinon en combattant ses fils alliés contre lui aux barons aquitains.
A la mort d'Henri II Plantagenêt, son fils Richard Cœur de Lion (1157-1199) lui succède. C'est le 3e gisant de l'abbaye de Fontevraud. Roi d'Angleterre mais aussi duc de Normandie, duc d'Aquitaine, comte de Poitiers, comte du Maine et comte d'Anjou, son règne fut marqué par sa participation à la IIIe Croisade, son enlèvement lors de la route du retour et sa libération contre rançon, puis par sa rivalité avec le roi de France Philippe Auguste. Richard Cœur de Lion est mort à 41 ans des suites d'une blessure infectée à l'épaule, provoquée par un carreau d'arbalète tiré des remparts du château de Châlus (Haute-Vienne) dont il faisait le siège.
Des 4 gisants, le plus difficile à identifier est celui ici au premier plan. Il s'agit du gisant d'Isabelle d'Angoulême. Née à une date incertaine (vers 1188/1192), fille du comte d'Angoulême Aymar II Taillefer et d'Alix de Courtenay, petite-fille du roi de France Louis VI le Gros, elle fut l'épouse de Jean sans Terre, roi d'Angleterre et benjamin des enfants d'Aliénor et d'Henri II. C'est cependant à côté de Richard Cœur de Lion, le frère de Jean sans Terre, qu'elle repose dans la nef de l'abbaye.
Les gisants d'Aliénor d'Aquitaine, d'Henri II Plantagenêt et de Richard Cœur de Lion ont tous été sculptés en pierre. Ils sont d'ailleurs passablement dégradés. Seul celui d'Isabelle d'Angoulême, plus tardif, est en bois. C'est le mieux conservé de tous.
(Photos prises le 21 août 2022)
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Abbaye de Fontevraud. 3. La salle du chapitre.
De style Renaissance, ouverte sur le cloître (galerie est), la salle du chapitre telle qu'elle apparaît aujourd'hui date de la restauration entreprise au XVIe siècle sous l'impulsion de Louise de Bourbon, cousine de François Ier et 30e abbesse de Fontevraud. A l'extérieur, l'élégant portail à voussures et les 2 baies géminées qui l'encadrent arborent une profusion de figures décoratives taillées dans la pierre qu'il est intéressant de détailler... Et en passant ce portail, waouh, surprise et admiration, on entre dans l'une des plus belles pièces de l'abbaye, tant du point de vue de l'architecture que du décor. Environ 100 m², voûtée sur croisée d'ogives délimitant 6 travées dont les arcs retombent au centre sur 2 fines colonnes à chapiteaux et se terminent au niveau des murs par des culots sculptés, la salle du chapitre est couverte de fresques !! Signées d'un obscur peintre angevin (Thomas Pot), les 10 fresques forment un bel ensemble dédié à la Passion du Christ. Détail signifiant, représentées en prière dans leur habit noir, les grandes abbesses de l'abbaye apparaissent en coin sur toutes les fresques.
Également appelée salle capitulaire, la salle du chapitre est un haut-lieu de la vie monastique. Admission des novices, questions de discipline, élection des abbesses, réception d'invités, annonces papales, gestion financière, c'est là que se discutait tout sujet en rapport avec la bonne marche de l'abbaye. On y lisait et commentait aussi chaque soir un chapitre de la règle de l'ordre. L'abbesse présidait la séance, réunissant quotidiennement les religieuses autour d'elle. Mais pas toutes les religieuses, seules celles appartenant au collège (sorte de conseil d'administration) avaient... voix au chapitre. D'où l'expression.
Entrée de la salle du chapitre par l'aile est du cloître. Archivolte richement sculptée. Directement dans l'axe d'entrée, visible ici dans la pénombre, la fresque de la Crucifixion. Le sol noir et blanc est pavé de carreaux dont certains sont ornés du "F" de François Ier et d'une salamandre. Sur d'autres on peut lire les initiales "RB" de Renée de Bourbon et "L" de Louise de Bourbon, toutes 2 abbesses issues de la lignée des Bourbon-Vendôme.
3 photos suivantes : archivolte à 5 rangées du portail, détail des sculptures. Dans la salle du chapitre sont disposées des tables basses sur lesquelles se trouvent des informations concernant les figures sculptées du portail et des 2 baies géminées, mais aussi des différentes fresques à l'intérieur. Indispensable pour bien appréhender cette pièce majeure de l'abbaye et toute sa symbolique.
Partie droite de l'archivolte. La rangée centrale porte le "L" couronné de Louise de Bourbon avec au-dessus une date : 1543, date de reconstruction de la salle du chapitre par l'abbesse.
Partie gauche de l'archivolte. Là encore, le "L" couronné de Louise de Bourbon.
Intérieur de la salle du chapitre, couverte de voûtes sur croisées d'ogives et décorée de fresques.
Scène de la Crucifixion. C'est cette fresque que l'on voit tout de suite en entrant, directement dans l'axe du portail.
Comme celui-ci, chacun des murs de la salle du chapitre est orné de fresques. Ces fresques (10 en tout), peintes sous les belles arcades en plein-cintre, représentent des scènes de la Passion.
Partie droite de la salle du chapitre.
Les fines colonnes à chapiteaux divisent la salle en 2 nefs de 3 travées. Les arcs retombent côté murs sur des culots sculptés.
Baie géminée avec voussures décorées de médaillons représentant des scènes bibliques ou païennes, ou des motifs végétaux.
Archivolte de l'une des baies géminées avec son décor de médaillons sculptés.
Toutes les photos suivantes représentent les fresques de la salle du chapitre. Ici, la Cène et le lavement des pieds. A gauche est dressée la table du cénacle. Le pain et le vin évoquent l'Eucharistie tandis que l'agneau posé sur un plat symbolise le sacrifice du Christ. Le peintre Thomas Pot s'est représenté en bout de table. Sur la partie droite de la fresque, scène du lavement des pieds.
Scène du lavement des pieds, détail. Jésus, auréolé, lave les pieds de ses disciples. Seul Judas n'est pas nimbé. Il tient à la main une bourse évoquant les 30 deniers de la trahison. Sur la droite, l'abbesse Marie-Gabrielle-Éléonore de Bourbon-Condé, petite-fille de Louis XIV et de la marquise de Montespan.
L'agonie au jardin de Gethsémani et le baiser de Judas.
L'agonie au jardin de Gethsémani et le baiser de Judas, détail. En bas à gauche, Pierre, Jacques et Jean accompagnent Jésus mais s'endorment au lieu de veiller. Au-dessus, Jésus voit en rêve sa Passion symbolisée par le calice et l'hostie ainsi que par la croix que lui tend un ange.
Retour sur la scène de la Crucifixion avec le Golgotha et les 3 croix : celles de Jésus et des 2 larrons, le bon et le mauvais.
La descente de croix. Richement vêtu, Nicomède aide Joseph d'Arimathie à descendre Jésus de la croix, prêt à envelopper son corps d'un linceul, tandis que Marie-Madeleine embrasse les pieds du Christ mort.
La mise au tombeau. Couché sur une table d'onction, le corps du Christ est préparé pour l'ensevelissement dans le tombeau situé sous l'amas de rochers visible en arrière-plan. Agenouillée à gauche, l'abbesse Renée de Bourbon.
La Résurrection. A gauche, en arrière-plan du soldat au bouclier effrayé par le retour à la vie du Christ en habit rouge, on aperçoit les 3 croix sur le Golgotha.
L'Ascension. A noter, groupés derrière Marie, les apôtres ne sont plus que 11 (Judas s'est suicidé).
L'Ascension, détail.
La Dormition de la Vierge. Réunis autour du lit, les apôtres offrent à Marie des cierges et une croix, symboles de la mort chrétienne. Petite scène visible en haut à droite : l'Assomption. Agenouillée en bas à gauche, Marie-Madeleine Gabrielle de Rochechouart de Mortemart, 34e abbesse de Fontevraud et soeur d'Athénaïs, marquise de Montespan, favorite de Louis XIV.
Au centre de la photo, culot sculpté. Visible sur la fresque de la Dormition de la Vierge, la jeune femme tenant un livre sur ses genoux n'est autre que Françoise-Marie de Bourbon, dite "la seconde Mademoiselle de Blois". Fille naturelle de Louis XIV et de la marquise de Montespan, elle épousera Philippe d'Orléans, régent du royaume durant la minorité de Louis XV.
(Photos prises le 21 août 2022)
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