• Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la "crypte".

     

    Classée MH en 1862 et inscrite en 1992 au Patrimoine mondial de l'Unesco, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges figure sans conteste de par ses proportions au rang des cathédrales gothiques les plus majestueuses de France. De la rue du Guichet, déboucher sur le parvis, monter les escaliers et se tenir pour la première fois là, debout, face aux 5 portails accolés de cet immense vaisseau de pierre... on a beau s'y attendre, la vision est saisissante !!  

     

    Dédiée à saint Étienne, le 1er martyr de la chrétienté, la cathédrale ne possède pas de transept, comme si elle était faite d'un seul bloc, et c'est assez incroyable compte tenu de ses proportions (120 m de long, 55 de large). C'est aussi ce qui lui confère sa belle unité. Malheureusement, exceptée la crypte, je n'ai guère eu le loisir de profiter de l'intérieur en raison d'une célébration de profession de foi au même moment.

     

    L'accès à la crypte est payant, en visite guidée uniquement. Peu fan de ce mode de visite, j'y ai pourtant cédé car après avoir vu la copie en plâtre du gisant du duc de Berry au Palais Jacques-Cœur, pour une émotion décuplée, j'avais très envie de découvrir l'original. De plus, une collègue de travail m'avait vivement recommandé la visite... Merci Claude :-). Surprise : passé le couloir d'accès, la lumière est bien présente, pas comme dans une crypte, donc... et l'on apprend ainsi que de crypte vraiment, ça n'en est pas une, puisque non enterrée. Il s'agit plutôt d'une église sous l'église, une église basse. A l'intérieur sont exposées de façon assez hétéroclite plusieurs pièces uniques, toutes d'origine, parmi lesquelles des fragments de jubé et une magnifique Mise au tombeau.   

      

    Avec ses 5 portails accolés sur 55 m de façade, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges en impose !! Chacun des portails présente une double porte. Tympans et archivoltes sculptés, ils sont splendides dans leur alignement. Le portail central figure le Jugement dernier. Les autres sont consacrés, de gauche à droite, à saint Guillaume de Bourges (archevêque de la ville au XIIe siècle), à la Vierge Marie, au Jugement Dernier, au martyr de saint Étienne et à saint Ursin de Bourges (il aurait été le 1er évêque de la ville au IIIe siècle). 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Surmonté d'une voûte en croisées d'ogives, le couloir d'accès menant à la crypte... qui n'en est pas vraiment une.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Cette partie de la cathédrale n'est pas enterrée, il y fait grand jour. C'est donc bien une église sous l'église et non une crypte à proprement parler. Située sous le chœur, elle correspond à la première cathédrale, datée de la fin du XIIe siècle, sur laquelle a été en partie construite la cathédrale actuelle. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la "crypte"

       

    La "crypte" renferme une collection d'objets sacrés parmi lesquels le gisant du duc de Berry, visible en arrière-plan, ainsi que des vestiges de l'ancien jubé du XIIIe siècle (jointures d'arcades et bas-reliefs), une sorte de jubé en kit. Les jointures d'arcades sont exposées en hauteur sur un présentoir métallique. Ça fait un peu étalage de côtelettes... 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

      

    Le jubé ne fut par épargné par les guerres de Religion ni par la Révolution, les personnages qui ornaient ces éléments ayant été systématiquement décapités.  Très peu de jubés sont encore visibles en France, le plus célèbre étant sans doute le jubé de la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi (XVe siècle) mais aussi ceux de la cathédrale ND de Saint-Bertrand-de-Comminges, de l'église Sainte-Madeleine à Troyes et de l'abbatiale de La Chaise-Dieu. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Parmi les joyaux de la crypte, cette Mise au tombeau que l'on devine derrière la grille...  Ce sera le clou de la visite.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Autres fragments du jubé, plusieurs bas-reliefs sont exposés dans la crypte (5 photos suivantes). Ci-dessous, le Léviathan, avec Adam et Ève s'échappant de la gueule du monstre.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

      

    La Marmite de l'Enfer. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Les Gardiens endormis. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    La Crucifixion, avec le centurion Longin perçant de sa lance le flanc droit de Jésus.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    La Mise au tombeau.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

       

    Toutes ces statues alignées dans la crypte ornaient autrefois la façade de la cathédrale.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    Gisant du duc Jean de Berry. Frère du roi Charles V dit le Sage, qui régna sur la France durant 16 ans (1364-1380), le duc de Berry fut un grand mécène. Au crépuscule de sa vie, il commanda son propre tombeau au sculpteur Jean de Cambrai. Le monument était composé à l'origine du gisant lui-même, posé sur un socle porté par 40 pleurants en albâtre. L'œuvre ne survécut pas dans son intégrité à la Révolution puisque la plupart des pleurants qui soutenaient le gisant ont été détruits (les 26 rescapés sont aujourd'hui répartis dans divers musées à travers le monde, dont le Louvre).   

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

      

    Le gisant du duc est sculpté dans le marbre blanc, incrusté de quelques morceaux de marbre noir pour figurer l'hermine. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

      

    Curieusement, un ours muselé est représenté dormant aux pieds du duc. La guide nous donne l'explication : le duc de Berry séjourna à la cour du roi d'Angleterre Edouard III de 1360 à 1364, époque à laquelle la mode, dans l'aristocratie, était de se choisir un emblème. La consonance proche entre Berry et bear emporta le choix du duc, qui opta pour l'animal comme attribut. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    De chaque côté du gisant, 2 statues agenouillées en prière. Ici, Jeanne d'Armagnac, première épouse du duc Jean de Berry. 

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     

    La seconde statue représente le duc de Berry lui-même. Ces 2 statues ne faisaient pas partie du tombeau initial. Un ajout qui rend la scène un peu étrange puisque l'on voit du coup le défunt veiller... son propre gisant !!

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

        

    Pour finir la visite, joyau de la crypte, cette magnifique Mise au tombeau. Exposée dans une salle en rotonde, l'œuvre, en pierre peinte, a été offerte à la cathédrale de Bourges par le chanoine Jacques Dubreuil vers 1520. Les personnages sont représentés en taille humaine selon l'iconographie traditionnelle : au centre, la Vierge Marie, éplorée, soutenue par l'apôtre Jean. Les saintes femmes, dont Marie-Madeleine, avec leurs vases à parfum. Joseph d'Arimathie se tient à la tête du Christ. Nicodème à ses pieds. Avec celle de l'abbaye de Solesmes, la Mise au tombeau de la cathédrale de Bourges est celle qui m'a le plus émue.

    Bourges : cathédrale Saint-Étienne, la crypte

     (Photos prises le 27 mai 2023)


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  • Bourges, le Palais Jacques-Cœur.

     

    Négociant hardi ayant amassé une immense fortune au XVe siècle en faisant commerce avec le Levant, Jacques Cœur se fit construire à Bourges un fastueux hôtel particulier, que l'on nomme aujourd'hui Palais, et qui est, avec la cathédrale Saint-Étienne, le monument le plus visité de la ville. Pourtant cette magnifique demeure, il ne l'habita jamais. 

     

    Jacques Cœur naquit à l'aube du XVe siècle (vers 1400). Son destin, étroitement lié à celui du roi de France, s'écrit dans la tourmente de la Guerre de Cent Ans. Chassé de Paris par les Bourguignons alliés aux Anglais, Charles VII, rétrogradé "petit roi de Bourges", doit reconquérir son royaume. 2 personnages vont l'aider dans cette entreprise : Jeanne d'Arc, sur le plan militaire, qui monta pour lui une armée, et Jacques Cœur, nommé Grand Argentier, devenu par son commerce florissant avec le Levant l'homme le plus riche du royaume, qui l'aida à financer la guerre. Tous 2 en définitive bien mal récompensés puisque tous 2 lâchés par le pouvoir. Avec le destin funeste que l'on connaît pour la première ; la disgrâce et la prison pour le second. C'est pourtant grâce à eux que Le "petit roi de Bourges" devint "le Victorieux" pour la postérité, un règne de presque 40 ans. Oublieuse raison d'État...

     

    Construit en 8 ans de 1443 à 1451 dans le style gothique flamboyant, le Palais Jacques Cœur affiche clairement son faste. En plus de l'architecture ostentatoire du monument, ce qui frappe en le visitant, c'est la surabondance de cœurs et de coquilles. Évidents insignes de son commanditaire. Sculptés sur les murs, les cheminées, dans la chapelle... il y en a partout. Dans les pièces nues, le mobilier se limite à quelques cheminées monumentales. A savoir donc, il ne faut pas s'attendre à trouver un palais meublé (excepté la chapelle). Si cet aspect ne m'a pas gênée, il est à regretter que parmi le peu de mobilier, celui d'intérêt majeur justement (le tombeau du duc de Berry), soit en fait... une copie. Bémol aussi concernant la qualité de la restauration, notamment les façades. Trop blanches, trop lisses... un résultat qui s'apparente un peu à un lessivage. Alors certes, la visite permet de se faire une idée de ce que fut ce palais, mais force est de constater qu'il n'en reste finalement pas grand chose de vraiment authentique.  

     

    Debout sur son piédestal, Jacques Cœur face à son palais (statue en marbre signée Augustin Préault).

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Inaugurée par le maire Eugène Brisson en 1879, la statue représente Jacques Cœur en costume oriental, long manteau drapé et turban sur la tête, rappel de ses échanges commerciaux avec le Levant. Après sa disgrâce, Jacques Cœur sera emprisonné à Poitiers. Il parviendra à s'échapper en 1454. Il rejoint alors Rome puis entre au service du pape Calixte III qui le charge d'affréter une flotte pour mener croisade contre les Ottomans. Blessé au combat ?... ou malade ?... il mourra sur l'île grecque de Chios en 1456.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Façade du Palais Jacques-Cœur, la chapelle. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    L'entrée du Palais se faisait soit par la porte piétonne, soit par la porte charretière à deux battants. La chapelle arbore un tympan orné d'une fleur de lys (allégeance au roi) avec un coeur de chaque côté. Au-dessus du portail, la niche vide comportait à l'origine une statue équestre de Charles VII, détruite à la Révolution. De part et d'autre de la niche, 2 personnages en trompe-l'œil accoudés à la fenêtre. Sans doute Jacques Cœur et sa femme, Macée de Léodepart. Chacun tourné de son côté, ils ne se regardent pas. Il semblerait qu'au cours des diverses restaurations, la position de ces 2 personnages ait été inversée. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Sous la fenêtre, quadrilobe orné d'une coquille pour Jacques Cœur. La coquille fait référence à son prénom, le coeur à son nom.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

     Quadrilobe orné d'un coeur pour Macée de Léodepart. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    La cour intérieure est encadrée sur 3 côtés de galeries ouvertes à arcades en anse de panier.   

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Véritable dentelle de pierre, extérieurement, le Palais regorge de hauts-reliefs, comme ici, la tourelle centrale du corps de logis, aux fenêtres à meneaux (nombreuses, pour un maximum de luminosité) ornées de sculptures à tous les étages. Les arbres exotiques stylisés au-dessus de la porte évoquent les voyages au long cours de Jacques Cœur vers ses comptoirs du bout du monde. 

    Bourges, le Palais Jacques-Cœur

     

    Tourelle centrale du corps de logis avec les statues de Macée de Léodepart et Jacques Cœur. Macée de Léodepart, dans ses plus beaux atours, est coiffée d'un hennin à bourrelets, typique du XVe siècle. Jacques Cœur tient à la main un marteau de maître des monnaies.

    Bourges, le Palais Jacques

      

    Parmi les nombreux personnages sculptés sur la tourelle principale, ces 2 femmes portant et filant la quenouille.

    Bourges, le Palais Jacques

      

    Plusieurs personnages sont visibles sur les toits, dont Saint Michel, en armure, perçant de son épée la gorge du dragon. L'autre personnage, au centre, est peut-être Jacques Cœur, représenté un pied posé sur le globe terrestre... ? 

    Bourges, le Palais Jacques-Cœur

       

    Exemples de gargouilles, reproductions (2 photos suivantes).

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

        

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Le Palais Jacques-Cœur passa de mains en mains au cours de l'histoire. Confisqué par Charles VII en 1451 après l'arrestation de Jacques Cœur, puis rendu aux enfants de l'Argentier, le petit-fils de Jacques Cœur s'en sépare et le Palais appartiendra successivement durant près de 2 siècles à plusieurs propriétaires privés, le dernier ayant été Jean-Baptiste Colbert, qui le revendit à la ville de Bourges en 1682. Un temps hôtel de ville, puis siège de la Cour d'Appel en 1820, il subit dès lors d'importantes destructions et réaménagements destinés à le rendre plus fonctionnel. S'alarmant de la dénaturation de l'édifice, Prosper Mérimée le classa MH en 1840. En 1923, l'État se porte acquéreur, avec à la clef de nouvelles restaurations, pas toujours très heureuses.   

     

    Résidence de plaisance d'un homme qui fut riche, très riche et qui voulait l'afficher, le Palais comporte 43 salles sur 4 000 m² divisés en espaces privés et pièces utilitaires, 8 escaliers à vis, un donjon et une chapelle. Première pièce de la visite intérieure, au rez-de-chaussée : la Salle des Festins, avec sa cheminée monumentale. On ne voit qu'elle en entrant... sauf que, la cheminée d'origine ayant été totalement détruite quand la Cour d'appel prit possession des lieux, celle-ci est en fait une reconstitution en ciment. 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

        

    Détails de la cheminée : manteau sculpté façon château-fort. On aperçoit des soldats au combat entre les créneaux. Toujours les cœurs (représentation licencieuse ?...) et les coquilles. Et montreur de singes sous le linteau (4 photos suivantes).

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Mais à y regarder de près, par endroits, un replâtrage un peu grossier... 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

       

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Le bandeau est décoré de feuilles de chou frisé dans lesquelles folâtrent de petits animaux (escargot, porcelet, tortue, lapin, mouton).

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

       

    Détail de la porte de l'angle sud-ouest de la salle des Festins. Au-dessus de l'accolade en pointe se trouvent une biche et un cerf ailés, tous 2 couchés sur des feuilles d'iris. Ils représentent Charles VII et son épouse Marie d'Anjou. Cette porte a presque entièrement conservé son décor d'origine. 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    La petite ouverture carrée à côté de la porte d'entrée correspond au passe-plats de l'office.   

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Décor sculpté au-dessus de la porte d'entrée de la salle des Festins, fou musicien à la jonction des 2 arcades.

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    En hauteur, loge d'orchestre dans laquelle prenaient place les musiciens qui accompagnaient les banquets. 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Salle d'Apparat, une pièce assez semblable en superficie et aménagement à la salle des Festins. Elle comportait elle aussi une cheminée monumentale, détruite en 1822 pour installer la salle d'audience de la Cour Royale. Tout a été perdu du décor d'origine. Depuis une restauration en 1935, le côté mur sud où se trouvait initialement la cheminée accueille une reproduction en plâtre du tombeau du duc Jean de Berry. Le gisant original se situe dans la crypte de la cathédrale Saint-Étienne. 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Pleurants du tombeau du duc Jean de Berry, reproduction (2 photos suivantes). Les pleurants sont de petites statues d'hommes sculptés en posture de deuil, généralement placées sous la plateforme du cercueil ou du cénotaphe. Cette tradition iconographique remonte au XIIIe siècle. Des 40 pleurants d'albâtre d'origine, il n'en reste que 26, répartis dans plusieurs musées à travers le monde (notamment au Louvre, au Musée Rodin et au Met de New York). 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Chaque pleurant est représenté debout, vêtu d'un long manteau à capuchon.

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Dans la salle d'Apparat toujours, sur le mur faisant face au tombeau du duc de Berry : "Le Déluge et l'arche de Noé", tapisserie flamande (XVIIe siècle). 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Détail.

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Sous les combles, belle charpente en berceau brisé. 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    A gauche de la cheminée, une curieuse installation pseudo-artistique attire le regard.

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Moi dans le décor, essayant de comprendre... Sans explication, compliqué. Ombre projetée de monuments... ? Installation en cours... ? 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Après la visite des combles, on arrive au donjon. Dans la salle du Trésor, une petite pièce fermée par une lourde porte de fer ornée de têtes de clous cordiformes présente au mur un cul-de-lampe en haut-relief évoquant le mythe de Tristan et Yseult (daté entre 1443 et 1450). 

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    La scène représente Tristan et Yseult à la fontaine, épiés par un personnage caché derrière un arbre... Mais plusieurs autres interprétations circulent mettant en scène Jacques Cœur lui-même, Agnès Sorel, et Charles VII.  

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Salle des Échevins avec sa peinture en grisaille du XVIIe siècle.

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

     

    Chambre des Galées. Là encore, une pièce entièrement vide. Dédiée à la flotte de Jacques Cœur, cette pièce conserve au-dessus de la porte un haut-relief d'origine représentant une galée (bateau à voile et à rames, équivalent de la galère).

    Bourges, le Palais Jacques Coeur

      

    Gros plan sur le haut-relief, dont persistent quelques traces de polychromie. Les galériens rameurs sont encore bien visibles, ainsi que des marins dans la hune, qui lancent des projectiles.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Personnage sculpté sous la corniche de la cheminée.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    En plus du haut-relief, la salle des Galées possède une autre représentation de ces navires à voiles et à rames avec lesquels Jacques Cœur, également armateur, commerçait avec le Levant : un vitrail en grisaille (1444), le seul authentique conservé dans le Palais, présente en arrière-plan le port d'Aigues-Mortes. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    La visite se poursuit par la galerie Est, couverte d'un superbe plafond en arcades lambrissées. Dans la vitrine au centre, une maquette du Palais Jacques-Cœur (datée de 1944). La porte du fond conduit à la chapelle.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

       

    La Chapelle. Cette pièce entièrement décorée du sol au plafond, tranche avec le reste du Palais, chichement meublé. La voûte est ornée d'anges déployant des banderoles sur lesquelles figurent des extraits du "Cantique des Cantiques". La chapelle abrite 2 oratoires, l'un aux armes de Jacques Cœur, l'autre dédié à son épouse, Macée de Léodepart. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Piéta (XVIe siècle) provenant de l'église de Beaune-la-Rolande, dans le Loiret. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

       

    Belle stalle sculptée dans l'oratoire de Macée de Léodepart, avec miséricorde (abattant) relevée dévoilant une sirène.

    Bourges, le Palais Jacques-Cœur

     

    Plafond peint de la Chapelle. Les arcs retombent sur des culots sculptés d'anges dorés.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Détail. Protégées durant des siècles par un faux plafond, les peintures de la voûte ont été mises à jour au XIXe siècle et restaurées par le peintre Alexandre Denuelle. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    L'oratoire de Jacques Cœur, avec la célèbre devise "A vaillans cuers riens impossible" (écrite en ancien français), courant sur une frise à fond bleu le long des murs de la chapelle. La porte à droite mène à la galerie Sud.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Au-dessus de la porte menant à la galerie Sud, prophète portant un bonnet et déroulant une banderole.  

     Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Dans la chapelle, Christ en haut-relief (original, XVe siècle).   

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Galerie Sud. Un inquiétant "visage" dissimulé dans les lambris de la voûte... Démasqué !!

    Bourges, le Palais Jacques-Cœur

     

    La galerie Sud abrite 2 cheminées monumentales richement sculptées. Ci-dessous, cheminée dite des Jeux de la guerre (5 photos suivantes). 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Seconde cheminée de galerie Sud, la cheminée dite des Loisirs de la Noblesse (6 photos suivantes). Manteau divisé en 3 arcades surmontées d'arcs en accolade avec 2 personnages sculptés à la retombée des arcs centraux. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

      

    Visible dans la galerie extérieure de la cour d'honneur, tourelle polygonale à triple tympan ouverte sur un escalier donnant accès à la chapelle, au 1er étage.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    2 photos suivantes : tympans sculptés de la tourelle polygonale.

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

     

    Exposée dans la galerie extérieure de la cour intérieure, face à la tourelle polygonale, cette gargouille d'origine... L'attitude du personnage, la mimique... Il aurait pu inspirer Munch. 

    Bourges, le Palais Jacques Cœur avec un peu d'imagination

       (Photos prises le 27 mai 2023)


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  • Iris, frémissement de corolles au Parc Floral d'Orléans.

     

    Le Parc Floral d'Orléans fait partie de la "Route des Iris", circuit botanique entre Val-de-Loire, Sologne et Berry composé de 8 parcs et jardins (Parc Floral d'Apremont-sur-Allier, domaine de Chaumont-sur-Loire, domaine de Morchêne, domaine des Poulaines, parc de Pesselières, château du Rivau, jardin de Marie) auxquels se sont associés 2 producteurs (Bourdillon et Cayeux), courant à travers 5 départements : Loiret, Loir-et-Cher, Indre-et-Loire, Indre et Cher.

     

    J'étais venue au Parc Floral d'Orléans voir la "mer bleue", un champ entièrement planté chaque année d'iris en camaïeu, tons intenses ou pastels, formant une étendue éphémère dont l'effet visuel est spectaculaire. Hélas, je suis arrivée trop tard. Fin mai, la moitié des iris étaient déjà fanés. Alors à défaut de "mer bleue", voici mon bouquet photographique de quelques fleurs en gros plan, toutes de la variété Germanica. 

     

    Frémissement des corolles, comme un froissement de tissu.

     

    Iris, Parc Floral d'Orléans

      

    Iris, Parc Floral d'Orléans

     

    Iris, Parc Floral d'Orléans

     

    Iris, Parc Floral d'Orléans

         

    Iris, Parc Floral d'Orléans

            

    Iris, Parc Floral d'Orléans

        

    Iris, Parc Floral d'Orléans

           

    Iris, Parc Floral d'Orléans

                

    Iris, Parc Floral d'Orléans

     (Photos prises le 30 mai 2023)


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  • Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery.

     

    D'une longueur avoisinant les 80 km, le canal d'Orléans est une voie d'eau aménagée au XVIIe siècle pour relier le bassin de la Loire à la Seine et ainsi permettre la navigation -et donc les échanges commerciaux- en continu d'un fleuve à l'autre. Entièrement circonscrit dans le département du Loiret, il débute comme son nom l'indique à Orléans puis va tranquillement d'écluse en écluse (27 en tout) à travers champs, sous-bois, prés et villages jusqu'à la commune de Châlette où son parcours se termine dans le canal du Loing et celui de Briare, au bief de Buges.

     

    En 2018, dans le cadre d'un projet départemental à visée touristique autour du thème de l'eau (Loire et canaux) baptisé "Le Loiret au fil de l'eau", le département a racheté à l'État l'ensemble du domaine canal d'Orléans. Projet global -prévention des crues, restauration des écluses, aménagement des berges- et vertueux destiné à réhabiliter et pérenniser un patrimoine local à valeur historique et naturelle, tout en tirant intérêt de l'atout qu'il représente. 

     

    Sur le chemin de halage, les paysages bucoliques défilent au rythme de mes pas. Me voilà partie en vadrouille le long du canal, de l'écluse de Pont-aux-Moines, port fluvial de Mardié, à celle de Donnery 4,7 km en amont, soit toute la longueur du bief. Un arbre, une fleur, une église, un banc... des petites choses retiennent mon attention. Rien de grandiose en somme, juste le plaisir de flâner l'esprit léger dans un cadre paisible et verdoyant. 

     

    Trop long à boucler à pied en une journée, le canal d'Orléans se parcourt par tronçons. Comme le chemin de Compostelle, toutes proportions gardées bien sûr... dont il est justement un tronçon. Le GR655, via Turonensis.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Longé sur tout le côté amont par un chemin de halage (4 photos suivantes). En cheminant, l'image vient en tête de ces hommes, harnais autour de la poitrine, qui halaient les bateaux le long des berges à la seule force des jambes. 

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Sous l'ombrage des grands arbres, sérénité de l'instant.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    6 ans presque jour pour jour, me voici de nouveau face à cette grande bâtisse délabrée que j'avais photographiée à l'époque... ► ici.      Il y a aussi la petite, bien à l'abri derrière son bosquet, visible un peu plus loin sur le chemin.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    La voici, la petite, bien à l'abri derrière son bosquet.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Pour vivre heureux, vivons cachés ?...

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

       

    Pause déjeuner face au canal. Je découvre ce galet déposé sur le banc par un promeneur... En phase avec le message.  

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Il pousse entre les planches de bois d'une table de pique-nique... Le bouton d'or veut sa place au soleil.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Écluse de Donnery. A droite, direction Fay-aux-Loges. De Pont-aux-Moines (à gauche) à Donnery : 4,7 km parcourus. C'est le 3e bief le plus long du canal d'Orléans après le bief de partage (19 km) et celui de Combleux (5,4 km). Un petit tour dans le village pour découvrir son patrimoine, avant de repartir en direction de Pont-aux-Moines.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Sur les bords du canal, un beau spécimen de prunus au feuillage pourpre.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Écluse de Donnery. L'âge d'or du transport fluvial sur le canal se situe au XVIIIe siècle. On y acheminait essentiellement du bois provenant de la forêt d'Orléans mais aussi du vin, du vinaigre, du charbon, des céréales ou encore du poisson. Des péages installés à chaque extrémité permettaient de prélever une taxe lors du passage des mariniers. A droite, la maison de l'éclusier.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Dans le centre-bourg, église Saint-Étienne (XIIIe et XVe siècles), inscrite aux MH en 1925. La tourelle latérale abrite un escalier à vis.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Façade principale, encadrée par le superbe feuillage de 2 féviers d'Amérique (variété Sunburst, la bien nommée). Un panneau explicatif détaille les points d'intérêt de l'édifice. Oui, mais comme dans beaucoup de villages désormais, elle était...  fermée !!

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Le clocher, coiffé d'un toit en bâtière, est percé de chaque côté de 2 arcs en plein cintre. L'horloge a été ajoutée en 1901. 

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Face à l'église, voici un autre point d'intérêt du village, sa mairie, installée dans une ancienne maison de maître dont on peut lire le nom en médaillon au-dessus de la grille d'entrée : "Villa Aurélie", construite en 1881 par Eugène Pénillon, habitant de la commune ayant fait fortune dans le commerce du vin à Frontignan (baptisée du prénom de sa fille unique). A la mort d'Eugène Pénillon, sa fille Aurélie et son mari, Antoine Chibrac, médecin à Fay-aux-Loges qui fut maire de Donnery de 1904 à 1919, héritent de la villa et font des travaux d'agrandissement. La façade côté rue présente une grande verrière qui lui donne son caractère. Le W sur le drapeau vert et blanc est celui de Wiesenbach, village allemand du Bade-Wurtemberg avec lequel Donnery est jumelé depuis 1988.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Grande verrière aux carreaux multicolores à l'étage, et une autre, plus petite, au-dessus de la porte d'entrée. 

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Pour le retour, histoire de changer un peu, j'ai choisi de passer sur l'autre rive. Le début du parcours, le long des maisons individuelles, est jalonné de plusieurs arbres  majestueux dont ce robinier en fleurs à l'odeur suave.  

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Ou ce frêne, à la ramure impressionnante. 

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

      

    Bucolique et printanier, paisible, ressourçant.

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

     

    Canal d'Orléans, de Pont-aux-Moines à Donnery

       (Photos prises le 21 mai 2023)


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