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Vacances en Corse, automne 2023. 6. Train Bastia/Calvi.
Pour cette 7e journée de vacances en Corse, c'est en train que je décide de voyager. Sur l'île, on l'appelle "U trinichellu". Utilisé régulièrement en liaisons intervilles par les usagers locaux, ce mode de transport est aussi apprécié des vacanciers pour ses dessertes des plages de Balagne. Son côté populaire et vivant en fait une attraction. En Corse, pas de 1ère ou de 2e classe, tout le monde est logé à la même enseigne. Confort spartiate. Dans le compartiment, les sièges sont recouverts d'un tissu vieux rose passablement défraîchi. Je m'installe côté fenêtre pour les photos, avisant avec réserve l'état des vitres... qui de toute évidence n'ont pas été faites depuis un bon moment. Le train démarre, destination Calvi.
Le chemin de fer corse n'est pas très étendu, 232 km en tout. Depuis que la ligne de la plaine orientale qui desservait Porto-Vecchio a été détruite au cours de la Seconde Guerre mondiale et jamais reconstruite, le réseau de l'île se limite à une ligne principale Bastia/Ajaccio (158 km), avec possibilité de bifurquer au niveau de Ponte-Leccia vers L'Ile-Rousse et Calvi.
Au départ de Bastia, la première partie du trajet jusqu'à la gare de Ponte-Leccia n'a rien d'extraordinaire. Puis notre tortillard prend de l'altitude, le paysage change, devient sauvage, avec un défilé d'étendues arides en moyenne montagne. A partir de Monticello, le train se dirige vers la mer et traverse les pinèdes en épousant les côtes de Balagne. 74 kilomètres plus tard, la citadelle de Calvi apparaît au loin, fièrement dressée au-dessus de la marina. Fin du voyage, 3 heures à un train de sénateur... moyenne : 24 km/h !!
Intérieur du compartiment... Pas de la première jeunesse.
En 14 photos prises à travers les vitres du train, défilé de paysages ligne Bastia/Calvi.
Calvi, ville haute et ville basse vues du port de plaisance. La commune de Calvi se situe au nord-ouest de la Corse. Très touristique, elle est avec l'Ile-Rousse l'une des 2 stations balnéaires les plus réputées de Balagne.
Le port de plaisance de Calvi. En arrière-plan, les cimes du Monte Grossu, toit de la Balagne.
Le port de plaisance de Calvi a été baptisé du nom de Xavier Colonna, maire de la commune de 1974 à 1981 puis de 1983 à 1989.
Trop imposant pour être amarré à quai, le "ClubMed 2" au mouillage à quelques encâblures des côtes de Calvi.
A l'entrée du quai Landry, œuvre en marbre signée Pierre Pardon. Né en 1941, Pierre Pardon a été professeur de dessin à Lyon puis Paris avant de s'installer définitivement à Occhiatana, en Balagne, avec sa femme Élizabeth en 1969. Il travaille aussi bien le marbre que le bois, le bronze ou l'ardoise. Il est exposé en Corse, sur le continent et dans divers pays européens.
Le quai Landry longe le port de plaisance jusqu'au pied de la citadelle. Avec ses terrasses de cafés, bars à cocktails et restaurants, c'est un endroit animé de jour comme de nuit, idéal pour déguster une glace, un rafraîchissement ou pour se restaurer. Je recommande "L'Ange des Mers", presque en bout de quai, le poisson est excellent.
Vues sur la vieille ville, avec le clocher de l'église Sainte-Marie-Majeure pointant au-dessus des toits (2 photos suivantes).
A droite, un bastion de la citadelle.
Citadelle de Calvi (4 photos suivantes). Érigée à partir du XIIIe siècle sur un promontoire rocheux, puis consolidée au XVIe siècle durant l'occupation génoise pour résister à l'envahisseur franco-ottoman, la Citadelle de Calvi (également appelée ville haute) se compose d'imposantes murailles fortifiées de 4 bastions. Au-dessus du porche, entre les 2 encoches dans lesquelles venaient s'encastrer les chaînes d'un ancien pont-levis, une plaque de marbre porte l'inscription "Civitas Calvi Semper Fidelis", en mémoire de la fidélité des Calvais à la république de Gênes durant 500 ans. A voir à l'intérieur de la Citadelle : la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, l'oratoire Saint-Antoine et le Palais des Gouverneurs. Quant à la maison de la ville haute, présentée comme la maison natale de Christophe Colomb, on peut avoir un doute...
Faisant corps avec les remparts de la Citadelle, buste de Christophe Colomb, sculpté, l'air déterminé, à la proue de sa caravelle.
Ville basse, statue de la Porteuse d'eau. La porteuse d'eau est une figure patrimoniale de la femme corse rendant hommage au courage de toutes ces femmes qui, à une époque où il n'y avait pas d'eau courante, partaient quotidiennement, seau sur la tête, pour aller puiser l'eau à la fontaine. Cette statue en granite située au début du boulevard Wilson est l'œuvre du sculpteur-médailleur Louis Patriarche (1872-1955).
Église Sainte-Marie-Majeure (13 photos suivantes). Sa construction date du XVIIIe siècle, époque à laquelle la population calvaise s'accroît au point que la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de la Citadelle ne suffit plus à accueillir les fidèles. Située dans le quartier piéton de la ville basse, place du Dr Crudeli, l'église Sainte-Marie-Majeure présente une façade caractéristique rose et dorée, ornée de pilastres et de volutes. Percé d'un oculus, surmonté d'un fronton triangulaire, le niveau supérieur porte la flèche et une coupole hexagonale (MH en 1988).
Mosaïque de galets sur le parvis de l'église.
Chœur de l'église Sainte-Marie-Majeure.
Sol carrelé de la nef.
Chapelle latérale.
Sainte Thérèse de Lisieux, dite de l'Enfant Jésus, représentée dans son cercueil. La phrase "Aimer c'est tout donner" est extraite des écrits poétiques de la Sainte, morte à 24 ans le 30 septembre 1897.
Dans les églises, j'ai toujours été émue par la statuaire, la représentation des saints en particulier. Un sourire, un regard, une attitude.
2 photos suivantes : 2 représentations de Sainte Lucie (une sainte très populaire en Corse), portant ses yeux sur un plateau.
Place du Dr Crudeli, vue depuis le parvis de l'église Sainte-Marie-Majeure.
Rues et passages dans la ville basse (4 photos suivantes).
Rue Clémenceau, escaliers mitoyens... stairways to heaven.
Rue Clémenceau, restaurant "La Bohème", décoré pour Halloween (2 photos suivantes).
(Photos prises le 8 octobre 2023)
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Vacances en Corse, automne 2023. 5. Étang de Biguglia.
Me voici de nouveau à l'étang de Biguglia, que je connais bien pour m'y être baladée de nombreuses fois lors de mes séjours en Corse. C'est avec ses 1450 hectares le plus vaste de l'île. Situé à 4 km au sud de Bastia et séparé de la mer Tyrrhénienne par un lido (cordon littoral formé par l'accumulation de sédiments) d'une vingtaine de km, il occupe entre Furiani et Lucciana la presque totalité de la plaine de la Marana. Il faut prendre un peu de hauteur pour apprécier la configuration particulière du site. On distingue alors parfaitement la presqu'île de San Damiano, qui s'avance au milieu de l'eau.
Jonction entre les milieux marin et saumâtre (l'eau salée de la mer s'immisçant au nord de l'étang par un grau) la Réserve Naturelle de l'étang de Biguglia est un écosystème à l'équilibre fragile, réputé pour la richesse de sa flore et de sa faune, avicole notamment. Les roselières et vasières abritent de nombreuses espèces d'oiseaux -échassiers et limicoles. Certains viennent hiverner, d'autres font étape sur la route migratoire les conduisant vers l'Afrique.
Cette photo prise sur les hauteurs de Bastia, en allant vers Saint-Florent, n'est pas de très bonne qualité mais parlante pour comprendre le site : 1. la mer Tyrrhénienne (portion de la Méditerranée comprise entre la Corse et la péninsule italienne), 2. le cordon lagunaire (ou lido) de la Marana, 3. sur le cordon, la plage de la Marana, 4. la commune de Furiani avec le stade Armand Cesari aux 2 toits de tribunes se faisant face, 5. la presqu'île de San Damiano, 6. l'étang de Biguglia.
Appareil photo en main, me voici partie en balade sur le sentier de la presqu'île (12 photos suivantes). C'est l'automne au calendrier. La température est douce, l'endroit paisible. Les fleurs de séneçon forment en chemin une haie de soleil, lumineuse.
Observatoire ornithologique.
(Photos prises le 6 octobre 2023)
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Vacances en Corse, automne 2023. 4. Bastia, Églises baroques.
Roman pisan, gothique, baroque... De tous temps, la Corse a voué fidélité au catholicisme romain, dressant sur l'ensemble de l'île et jusque dans les plus petits villages quantité d'églises, chapelles et oratoires. Financée pour un tiers par le clergé, le reste par les paroissiens, les églises baroques les plus ostentatoires y ont été édifiées dans les régions où l'activité économique florissante -agriculture et viticulture- faisait les paroisses plus riches. Leur implantation se superpose d'ailleurs à la carte économique de l'île, avec une concentration marquée dans le nord, particulièrement en Castagniccia, Balagne et dans le Cap.
Les églises baroques corses se remarquent de l'extérieur à la beauté de leur façade principale. Quand les autres murs de l'édifice sont laissés nus, juste crépis, la façade principale est la plus travaillée. Couleur et symétrie sont des constantes. Élevée sur 3 étages coiffés d'un fronton souvent triangulaire, la façade est rythmée de corniches moulurées, de pilastres et de volutes. A l'intérieur, waouh, admiration. Du sol au plafond, l'espace est rempli, la profusion décorative est incroyable, quasi théâtrale.
Ce 5 octobre, tournée de 3 églises baroques du centre de Bastia : Saint-Jean-Baptiste, Sainte-Marie et l'oratoire de l'Immaculée-Conception.
1. Église Saint-Jean-Baptiste.
Construite au XVIIe siècle, entre 1636 et 1671, c'est la plus grande église de Corse. Façade jaune tournée vers le Vieux-Port, elle se dresse souveraine au-dessus des maisons colorées, des terrasses de restaurants et cafés blottis à ses pieds, témoin silencieux et révéré de l'effervescence joyeuse qui règne de jour comme de nuit dans ce lieu branché de la vie bastiaise.
L'église Saint-Jean-Baptiste... façade dédoublée. Dans le Vieux-Port, ses 2 clochers se mirent tête en bas parmi les bateaux.
Intérieur de l'église Saint-Jean-Baptiste. Nef et chœur, séparés par une balustrade
Plafond de la nef (2 photos suivantes).
En médaillon, le baptême du Christ par Jean-Baptiste.
Dans le chœur, tabernacle en argent du maître-autel, ciselé par l'orfèvre Gaetano Macchi (XIXe siècle).
Grande chapelle à droite de l'entrée principale avec le Sacré-Cœur, pris dans un rayon du soleil (3 photos suivantes).
Tiens, en jetant un regard sur la gauche, je reconnais le visage de Padre Pio, prêtre capucin canonisé en 2002 par Jean-Paul II.
Je m'approche, et là, perplexité... S'il apparaît sur le pilier regard et sourire bienveillants dans sa représentation la plus célèbre, son visage en statuette m'a laissée songeuse... Un air sévère, presque inquiétant.
Les bas-côtés de l'église Saint-Jean-Baptiste sont creusés de chapelles latérales, toutes aménagées selon le même modèle. Délimitées par une balustrade et coiffées d'un dôme auquel est suspendu un lustre, chacune abrite un autel dédié avec son tabernacle et son retable décoré d'une peinture monumentale. Ci-dessous, chapelle de la Décollation de Saint Jean-Baptiste (2 photos suivantes).
Auréolée, regard doux tourné vers le ciel, Sainte Lucie de Syracuse. Ce tableau daté du XIXe siècle est une copie. L'œuvre originale, signée Carlo Dolci, se trouve à la Galerie des Offices de Florence. Dans l'iconographie traditionnelle, Sainte Lucie est plus souvent représentée portant ses yeux sur un plateau, symbole de son martyre.
Chaire à prêcher en marbre polychrome. A gauche, dans la chapelle du Rosaire, tableau du retable représentant la Vierge à l'Enfant donnant le rosaire à Saint Dominique et le cordon de l'ordre à Saint François (XVIIe siècle).
Chapelle des Pêcheurs (2 photos suivantes).
Le tableau du retable représente la Vierge à l'Enfant apparaissant à Saint Augustin, Saint Pierre et Saint Paul (XVIIe siècle).
Placée dans une niche au-dessus de l'autel, statue en bois peint de Saint Pascal Baylon en extase devant le Saint-Sacrement. Moine franciscain espagnol du XVIe siècle, Pascal Baylon passait au couvent le plus clair de son temps en adoration devant l'hostie consacrée. Canonisé en 1690 par le pape Alexandre VIII, c'est dans cette attitude extatique qu'il est le plus souvent représenté.
Chapelle des fonts baptismaux, groupe sculpté représentant le Christ baptisé par Saint Jean-Baptiste (marbre de Carrare, XIXe siècle).
2. Église Sainte-Marie.
Les Corses vouent une dévotion fervente à Marie, de très nombreuses églises sur l'île lui sont dédiées. Ancienne cathédrale de Bastia, l'église paroissiale Sainte-Marie est plus spécifiquement consacrée à l'Assomption de la Vierge. Construite entre 1604 et 1619, elle s'élève au coeur même de la Citadelle. Sa nef unique repose sur des colonnes de marbre rose. Au sol, superbe pavement de marbre tricolore : marbre blanc de Carrare, rouge de Levanto et gris-bleu de Corte.
3. Oratoire de l'Immaculée-Conception.
Situé rue Napoléon, ce petit oratoire à nef unique construit en 1589 illustre le faste décoratif du baroque dans sa plus belle expression !! Chargé de dorures et boiseries, tapissé de velours carmin, avec son plafond peint à caissons triangulaires, ses lustres raffinés et sa chaire à rideaux, en saillie façon loge d'opéra, il a tout de la scène d'un théâtre lyrique.
(Photos prises le 5 octobre 2023)
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Vacances en Corse, automne 2023. 3. Étang d'Urbino.
Situé au nord de Ghisonaccia, l'étang d'Urbino fait partie du chapelet d'étangs de la Costa Serena groupés sur une douzaine de km à mi-distance entre Bastia et Porto-Vecchio, le long de la façade orientale de la Corse. Avec une superficie de 790 hectares, c'est le 2e plus grand de l'île, derrière Biguglia (1450 ha). Ses eaux se mêlent à celles de la mer Tyrrhénienne par un grau artificiel ouvert sur le lido, cordon lagunaire accessible à pied par la plage de Casabianda.
A l'ouest, une presqu'île s'avance au milieu de l'étang. En suivant sur quelques centaines de mètres le chemin qui y est aménagé, on arrive à un ponton en bois dont la course en S s'arrête net au milieu de l'eau. Postée en vigie zen face à cette étendue lisse et miroitante dans laquelle moutonnaient quelques cumulus, j'ai eu un peu l'impression d'être au bout du monde. Après la balade, dégustation de fruits de mer et poissons grillés au restaurant sur pilotis de la presqu'île. Rapport qualité/prix limite, addition salée. Mais, avec sa grande terrasse sur pilotis ouverte sur l'étang, l'endroit est magique. Sacrément aéré aussi, foulard recommandé !!
Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 2007, l'étang d'Urbino appartient au Réseau Natura 2000. La diversité des paysages (plages, dunes, montagnes, pinèdes) concentrés sur un périmètre restreint rend l'endroit particulièrement agréable à parcourir. Sur place, une petite expo renseigne sur l'histoire du site, sa faune, sa flore, et sa gestion. Un garde du Conservatoire du Littoral assure la surveillance et l'information au public. Grâce à lui, j'ai appris l'existence du crabe bleu, un cauchemar pour la biodiversité et les pêcheurs locaux. Il paraît que c'est bon. Pour bientôt au menu du restaurant ?...
Étang d'Urbino, restaurant sur pilotis.
Promenade aller/retour sur le chemin aménagé le long de la presqu'île. Le rythme est lent pour profiter de la vue, plein de pauses contemplatives (8 photos suivantes).
Installations de pêcheurs en rive ouest.
Barque de pêche amarrée. Le fond de l'eau est jonché de pinces de crabe bleu. J'ai fait une incrustation photo, histoire de voir à quoi ressemble le crustacé maudit : dessus de la carapace gris/vert, pinces bleu clair, rouge vif aux extrémités. Plutôt joli au demeurant !! Mais l'animal, invasif et vorace, est un véritable fléau. Arrivé dans les eaux méditerranéennes en provenance d'Amérique du Nord au début des années 1990, le crabe bleu prolifère en Corse où il envahit les eaux saumâtres des étangs. Les pêcheurs en remontent chaque année davantage dans leurs filets, au détriment des espèces autochtones. Un désastre écologique et économique.
Restaurant de l'étang d'Urbino. Posé sur l'eau, dans un cadre de rêve.
Pour une vision plus complète du site, après le déjeuner, je suis partie à pied jusqu'au grau qui fait communiquer l'étang d'Urbino avec la mer Tyrrhénienne, inaccessible depuis la presqu'île où se trouve le restaurant. Il faut passer par la plage de Casabianda et marcher près d'une heure dans le sable, entre mer et pinède.
Contraste de couleur et de courant, le point de rencontre est bien visible : c'est ici que l'étang d'Urbino s'unit à la Méditerranée.
(Photos prises le 4 octobre 2023)
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