-
Nécropole nationale Notre-Dame de Lorette, le cimetière militaire
Nécropole nationale Notre-Dame de Lorette, le cimetière militaire.
Des croix alignées par milliers rappellent qu'il y a un peu plus d'un siècle s'abattait sur cette terre d'Artois le feu de la mitraille et des canons. Octobre 1914-octobre 1915, une année ensanglantée par 3 batailles successives au cours desquelles les forces françaises, soutenues par les Britanniques, et les forces allemandes s'affrontèrent pour la conquête de la colline de Lorette, position stratégique dominant la commune d'Ablain-Saint-Nazaire, entre Lens et Arras. Effroyable guerre de tranchées, sifflement des obus qui pulvérisent tout, la terre et les hommes. Dans les 2 camps, les pertes furent exorbitantes.
Afin de rendre un hommage solennel à ces soldats "morts pour la France" et aussi permettre aux familles endeuillées de se recueillir dans une même communion, le général Maistre et l'évêque d'Arras -Monseigneur Eugène Julien- décidèrent d'ériger sur la colline, à l'emplacement des combats, un cimetière commémoratif national. Les dépouilles provenant de quelque 150 cimetières des fronts des Flandres et de l'Artois seront recueillies et rassemblées en une grande nécropole. Inauguré en 1925, le site accueille également une basilique, une tour-lanterne dressée à 52 m au-dessus des croix et depuis 2014, l'Anneau de la Mémoire.
Corps identifiés placés en sépultures individuelles ou soldats inconnus regroupés en ossuaires, sur la colline de Lorette, plus de 43 000 combattants tués au cours de la Première Guerre mondiale reposent en paix pour l'éternité.
Entrée de la nécropole, avec l'arrivée d'un garde d'honneur. La nécropole Notre-Dame de Lorette est veillée depuis 1927 par des gardes d'honneur, près de 4 000 bénévoles qui se relaient pour assurer l'accueil et la surveillance du site.
Allée d'entrée. On le devine, dépassant à peine au-dessus des croix, l'Anneau de la Mémoire est tout près, de l'autre côté de la haie.
Alignements de milliers de croix blanches. Plus grande nécropole militaire de France, le cimetière de Notre-Dame de Lorette accueille plus de 43 000 corps en tombes individuelles ou en ossuaires. L'écrivain Henri Barbusse fut de ceux qui firent la guerre sur la colline sanglante. De son expérience de poilu, il tira un roman, "Le Feu", prix Goncourt en 1916.
Partout dans le cimetière, les plots en béton délimitent l'emplacement des ossuaires.
Tour-lanterne de la nécropole. Posée sur un socle de 12 m de côté, la tour comprend 5 étages et s'élève à 52 mètres. 200 marches permettent d'accéder à la lanterne, un projecteur qui balaie l'horizon à la façon d'un phare côtier (70 km de portée). 4 plots entourent le socle de la tour, indiquant que le monument abrite un ossuaire.
Place d'armes de la nécropole, face à la tour-lanterne.
Entrée de la tour-lanterne avec, en arrière-plan, la basilique.
Placé sous la dalle, l'ossuaire de la tour-lanterne est le plus grand du cimetière. Il contient les restes non identifiés de 6 000 soldats. Dans les terres autour de la nécropole, des ossements sont encore retrouvés chaque année par les agriculteurs ou les terrassiers. En novembre 2022, des ouvriers qui travaillaient sur un chantier de déploiement de la fibre optique sur l'autoroute A1 ont découvert des ossements, attestés depuis comme ceux d'un soldat de la Première Guerre mondiale.
Au rez-de-chaussée de la tour-lanterne, une chapelle ardente abrite les cercueils de soldats inconnus morts au cours des grands conflits récents : Première et Seconde Guerres mondiales, Indochine et Afrique du Nord, ainsi qu'un reliquaire renfermant de la terre et des cendres ramenées des camps de concentration.
Vue de la nécropole avec la basilique, côté abside, et la tour-lanterne.
Œuvre de l'architecte Louis-Marie Cordonnier (comme la tour-lanterne), la basilique fut construite dans le style romano-byzantin. La croisée du transept est surmontée d'une coupole octogonale s'élevant à 34 m. Les chapelles latérales sont aussi coiffées d'une coupole.
Coupole de la croisée du transept. Autant l'extérieur de la basilique est plutôt sobre, autant l'intérieur, couvert de mosaïques dorées (ateliers Félix Gaudin), brille de mille feux.
Dans le chœur, la voûte en cul-de-four est ornée d'une mosaïque représentant le Christ en majesté.
Bras ouverts, auréolé de gloire.
Posée sur le tabernacle, juste au-dessous des pieds du Christ en croix, une petite fiole offerte par la communauté catholique polonaise contient du sang du pape Jean-Paul II.
Bras gauche du transept : tombeau de Monseigneur Julien, évêque d'Arras, à qui l'on doit la création de la nécropole, dans son diocèse particulièrement meurtri par la guerre. Visible à gauche sur la photo, une vitrine à la mémoire de Louise de Bettignies contient des photos de la résistante et la croix en bois de sa tombe au cimetière de Cologne, où elle fut d'abord enterrée. Cette croix a été offerte par la famille de Bettignies à la Garde d'honneur de la nécropole en 1994.
Grand orgue de la basilique, posé sur sa tribune en 1932, entièrement restauré en 2014.
Bras droit du transept : statue de Notre-Dame de Lorette.
Notre-Dame de Lorette est représentée tenant l'Enfant Jésus dans ses bras, assise sur une maison portée par 2 anges.
(Photos prises le 16 août 2022)
« Nécropole nationale Notre-Dame de Lorette, l'Anneau de la MémoireDouai... un sentiment très mitigé »
Tags : Hauts-de-France, Pas-de-Calais, Artois, mémorial, Notre-Dame-de-Lorette
-
Commentaires
Cimetières militaires, nécropoles ; en Artois, en Normandie ou ailleurs… Les visites de ces lieux de mémoire sont tristes et poignantes. Tout cela devrait nous faire réfléchir. Quand on se rappelle que l’Union Européenne a été récompensée du prix Nobel de la Paix en 2012 pour ses efforts de maintien de la paix. 10 ans plus tard, la guerre est là, à notre porte, sur le continent… L’histoire ne nous apprend-elle rien ?...
L’extrait que tu proposes est très beau. Maurice Genevoix a habité le Loiret, une maison à Saint-Denis-de-l’Hôtel baptisée « Les Vernelles », mais elle ne se visite pas, je crois. A défaut, je vais lire « Ceux de 14 ».