• Douai... un sentiment très mitigé

    Douai... un sentiment très mitigé.

     

    Poursuite de mon séjour dans les Hauts-de-France. En cette journée d'été 2022, je découvrais la ville de Douai (à une 40aine de km au sud de Lille) et notamment le centre historique. Je voulais voir le beffroi, réputé comme l'un des plus beaux du Nord. Avec son harmonieuse tour en grès surmontée d'une flèche, véritable merveille d'orfèvrerie, il est effectivement magnifique. La ville abrite aussi de nombreux autres monuments superbes, beaucoup d'hôtels particuliers et, dans un étonnant mélange de styles flamand et Art déco, des successions de façades architecturées, parfaitement alignées sur rue, toutes plus belles les unes que les autres, chacune personnalisée de délicates fioritures par leur propriétaire historique. Lucarnes à frontons, oriels, médaillons, frises, mascarons, tout est dans le détail pour cultiver sa différence.

     

    Tirant sa prospérité de l'industrie drapière, Douai fut l'une des plus riches cités des Flandres au Moyen Age. Elle peut aujourd'hui s'enorgueillir d'être triplement distinguée à l'Unesco : 1. pour son beffroi, 2. pour sa fête des Gayants, 3. pour son passé minier. Ce n'est pas rien !! Et pourtant... Si toutes les qualités précitées sont bien réelles, en me promenant, j'ai été frappée par la relative saleté des rues, les magasins fermés, l'abondance de kébabs et de fast-food, mais aussi le sentiment limite insécurité lié au type de fréquentation dans certaines zones du centre-ville. Et cela dit sans vouloir stigmatiser. Positif et négatif, donc. Construite sur la Scarpe, dotée d'un patrimoine historique et architectural de première importance, Douai avait tout pour elle. Vraiment dommage...

      

    Ils sont 17 beffrois des Hauts-de-France inscrits depuis 2005 au patrimoine mondial de l'Unesco (Abbeville, Aires-sur-la-Lys, Amiens, Armentières, Arras, Bailleul, Bergues, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais, Cambrai, Comines, Douai, Doullens, Dunkerque (2), Gravelines, Hesdin, Lille, Loos, Lucheux, Rue et Saint-Riquier). Mais s'il n'est pas le plus haut de tous, avec sa tour en grès coiffée de tourelles, pinacles et lucarnes et d'une flèche superbement ciselée, ornée de soleils dorés, le beffroi de Douai, qui veille sur les habitants depuis plus de 6 siècles, est assurément l'un des plus beaux. Il fait corps avec la mairie de style Renaissance. Tous deux forment un ensemble remarquable, joyau du patrimoine architectural de la ville.

    Douai... un sentiment très mitigé

     

    Voici un autre des 17 beffrois de la région Hauts-de-France inscrits au patrimoine de l'Unesco : le beffroi d'Arras, superbe, culmine à 75 m !! Lui aussi fait corps avec la mairie (photo prise le 14 août 2022). 

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    Mais, revenons à celui de Douai. Dentelle de pierre incroyablement ciselée, sa flèche s'élève "modestement" à 61 m de hauteur. Accrochés sur le toit des tourelles, au-dessus des niches et sur les pinacles, 54 soleils dorés scintillent dans le ciel douaisien. Doré également, le Lion des Flandres, domine fièrement l'édifice.

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    Posté debout au sommet du beffroi de Douai, le Lion des Flandres tient entre ses pattes le blason de l'ancien comté. Situées entre la mer du Nord et l'Escaut, les Flandres sont aujourd'hui partagées entre 3 pays : la France, la Belgique et les Pays-Bas. Or (fond jaune) au Lion de sable (noir en héraldique) lampassé de gueules (rouge en héraldique), le drapeau flamand est toujours utilisé de nos jours.

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    Le beffroi de Douai, vu de la rue de la Mairie. Bien que ressemblant à des clochers d'églises, les beffrois n'ont rien à voir avec la religion. Édifiés en grand nombre dans le Nord de la France au Moyen Age et à la Renaissance, accolés ou non aux hôtels-de-ville, ils sont au contraire la marque de l'autorité civile et symbolisent la richesse de la ville. 

    Douai, mon mix photos

      

    Le beffroi de Douai, toujours vu de la rue de la Mairie. C'est à peu près l'angle selon lequel Camille Corot a peint l'édifice en 1871, alors réfugié chez un ami à Douai pour échapper à l'insurrection de la Commune. Construit entre 1380 et 1414, le beffroi arbore une tour de guet en grès de style gothique primitif. Sa flèche, rajoutée fin XVe siècle, est de style gothique flamboyant. Composé de 62 cloches, son carillon est le plus important de France. Il rythme le temps toutes les 15 minutes.  

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    Attablée en terrasse pour dîner... passage fugace d'un drôle de nuage. A droite, l'élégant balcon en fer forgé de la Mairie. 

    Douai, mon mix photos

      

    Façade en grès de l'Hôtel-de-Ville, avec le balcon en fer forgé. Mais à qui appartient cet œil féminin en bas à gauche ?... 

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    C'est celui de Madame Gayant, ici réunie en photomontage à son mari, Monsieur Gayant. Heureux parents de Jacquot, Fillon et Binbin, Monsieur et Madame Gayant sont de sortie avec leurs rejetons chaque vendredi, samedi et dimanche du premier week-end après le 5 juillet. 3 jours de festivités durant lesquels la ch'tite famille défile dans les rues de Douai pour la célèbre Fête des Gayants, une manifestation populaire rattachée à la tradition des Géants du Nord de la France. Leur histoire remonte au XVIe siècle. Les Géants de Douai sont inscrits au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'Unesco.

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    Au 70 Place d'Armes, le superbe Hôtel du Dauphin (classé MH en 1926). Remarquable façade rocaille, notamment le 1er étage, souligné d'un balcon en fer forgé et richement orné de guirlandes, chapiteaux, coquilles, putti, feuillages... Les 5 travées sont percées de baies en plein-cintre encadrées de pilastres ioniques. Construit au XVIIIe siècle, il abritait jusqu'en janvier 2023 l'Office de Tourisme du Douai.

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    Les 10 photos suivantes illustrent la richesse architecturale et la beauté des façades douaisiennes dans le centre historique de la ville. Construites en grès ou en brique, les maisons particulières, cossues, rivalisent d'élégance et se démarquent les unes des autres par leurs détails ornementaux (frises, mascarons...).

     

    Maison dite de la Poule, rue de la Cloris (XVIIIe siècle, MH depuis 1945). 

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    Art déco/brique... Télescopage de styles à l'angle de la place Suzanne Lannoy et de la rue de la Mairie. Le Nord, la brique : ok, sans surprise. Mais le centre historique de Douai (comme d'autres villes de la région) abrite aussi de nombreuses maisons de style Art déco. Dans les années 20, quand il s'est agi de reconstruire après les dévastations de la Première Guerre mondiale, la mode architecturale a suivi la fantaisie ambiante des Années Folles faisant preuve d'une grande liberté artistique et d'un raffinement certain dans le détail.  

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    Succession d'alignements de belles façades, le centre historique de Douai se visite le nez en l'air... A en faire tourner la tête. 

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    A l'angle de la rue de Bellain et de la rue des Ferronniers, façade de l'immeuble "A l'Homme de Fer", du nom d'un magasin spécialisé dans la vente d'articles en fer qui y a pignon sur rue depuis 5 générations (2 photos suivantes). Reconstruit de 1926 à 1929 après la Première Guerre mondiale, l'immeuble est réputé pour sa magnifique façade en brique mêlant Art déco et régionalisme flamand, œuvre de l'architecte parisien Marcel Dastugue. 

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    Douai... un sentiment très mitigé

     

    Douai... un sentiment très mitigé

     

    Pur style flamand rue Gambetta. Encore une très belle façade qui a attiré mon regard, notamment pour son pignon et la succession de visages sculptés sur les 2 étages.

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    Dont celui-ci. Grosse colère...

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    Statue de la Vierge à l'Enfant devant l'église Notre-Dame, avec en arrière-plan la porte de Valencienne. D'époque médiévale, construite à l'emplacement d'une ancienne chapelle du XIIe siècle, l'église était jadis adossée aux remparts de la ville (MH depuis 1962). 

     Douai, mon mix photos

      

    Construite en 1454, la porte de Valencienne, vestige des anciennes fortifications. Trapue, massive, plantée au centre du rond-point de la place d'Haubersart, elle a d'abord porté le nom de porte de Vacqueresse (là où passaient les vaches) et ne comportait à l'origine qu'un passage central. Remaniée au XVIIIe siècle avec l'ajout au sommet des pavillons de corps de garde en brique, la porte de Valencienne a perdu l'appui de ses remparts au XIXe siècle, lors du démantèlement des fortifications de la ville pour permettre le percement des boulevards. Elle se retrouve depuis isolée au milieu du rond-point (MH depuis 1945).

    Douai, monuments place d'Haubersart

      

    Le monument aux morts, square de Jemmapes, en regard à l'église Notre-Dame de l'autre côté de la route. Inauguré en 1927, il se compose de 3 éléments : un bas-relief central représentant la Victoire ailée et le Lion des Flandres ; de chaque côté, une statue de soldat, dont la particularité est qu'ils sont chacun d'une époque différente. 

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                                            A gauche, un arbalétrier de 1214                                                  A droite, un poilu de la guerre 14-18 

       Douai... un sentiment très mitigé                                   Douai... un sentiment très mitigé     

      

    Le clocher-porche de la collégiale Saint-Pierre (1512-1686). Menaçant de s'effondrer, le reste de l'édifice a été reconstruit au XVIIIe siècle. Avec ses 112 m de long, la collégiale Saint-Pierre est en longueur la plus grande église des Hauts-de-France. Sans possibilité de recul, impossible de la faire tenir dans l'objectif !! Je n'en ramène qu'un petit bout (MH depuis 1974).

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    Sur le rond-point au centre de la place L'Hérillier, monument à Jean de Bologne. Réalisée de 1929 à 1932, cette sculpture est l'œuvre d'Alexandre Descatoire qui y a représenté le sculpteur maniériste de la Renaissance, Jean de Bologne (né à Douai en 1529 et mort à Florence en 1608) surmonté d'une scène figurant l'enlèvement des Sabines, épisode légendaire de l'histoire de Rome. La perspective donne un petit côté Neptune à la Sabine du haut... avec l'antenne en guise de trident.

    Douai, mon mix photos

        

    Au cours de ma flânerie dans les rues de Douai, rue Jean-Bellegambe, ce magasin au charme d'antan. "A l'As de Pique", une ancienne coutellerie qui a fermé suite du décès de la propriétaire et qui n'a pas trouvé repreneur depuis.

    Douai, mon mix photos

     

    Et cette fontaine place du Marché aux Poissons. Située tout près de la Scarpe (rivière de 94 km, affluent de l'Escaut), la place tient son nom de la halle sous laquelle était autrefois vendu le poisson. 

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       (Photos prises le 15 août 2022)

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