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Séjour Jura, été 2023. 5. Découverte de Dole
Séjour Jura, été 2023. 5. Découverte de Dole.
Située au nord du Jura, à la limite avec la Côte-d'Or (mi-chemin entre Besançon et Dijon), Dole compte presque 24 000 habitants, ce qui en fait la ville la plus peuplée du département devant la préfecture, Lons-le-Saunier. Mais aucune comparaison. Si Lons-le-Saunier, grise et froide, sans cachet, m'avait déçue, à l'inverse, j'ai adoré Dole. Et pour plein de raisons, la présence de l'eau y étant pour beaucoup. Baignée par le Doubs, le canal des Tanneurs et le canal du Rhône au Rhin, à Dole, l'eau est omniprésente. Dans le quartier historique, on flâne d'une rive à l'autre à travers un entrelac de canaux, paysage romantique où l'eau glisse, caresse, effleure, c'est bien la Petite Venise Jurassienne.
Cité fortifiée, capitale de la Franche-Comté jusqu'en 1676, Dole abrite un riche patrimoine, notamment lié à son passé moyenâgeux et à son activité de tannerie. Labellisée "Ville d'Art et d'Histoire", elle se découvre au fil de ses ruelles pavées. L'atmosphère est tout à la fois paisible, vivante, chaleureuse. Pour le touriste au pas lent, celui qui aime flâner, il y a largement de quoi passer une journée, voire un week-end. Dominé par la Collégiale Notre-Dame, le quartier des Tanneurs est le plus pittoresque et concentre à lui seul un nombre impressionnant de bâtiments classés, parmi lesquels l'Hôtel-Dieu et l'ancien Hôpital de la Charité dont les longues façades Renaissance s'étirent presque en face à face à proximité des remparts. Tout près, le port, construit sur le canal du Rhône au Rhin, est un autre lieu attractif de la ville. Une agréable promenade longe le bastion jusqu'aux bateaux de plaisance amarrés le long des quais.
Vue sur le Doubs depuis l'hôtel.
"Le Chat de Marcel", posé sur un muret à l'entrée du quartier des Tanneurs. Dans l'œuvre de Marcel Aymé, il s'appelle Alphonse. C'est un chat facétieux ayant le pouvoir de faire pleuvoir en passant sa patte derrière l'oreille. Une aubaine pour Delphine et Marinette, qui évitent ainsi la corvée de la visite chez la peu ragoûtante tante Mélina. Inaugurée le 26 juin 2023, cette sculpture taille réelle signée de la designer ferronnière Bertille Laguet rend hommage à l'auteur des "Contes du Chat Perché", Marcel Aymé, qui a grandi à Dole.
Quartier des Tanneurs. Il tient son nom des nombreuses tanneries qui y étaient implantées au Moyen Age, activité facilitée par la présence du canal au pied des maisons, avec ateliers ouverts directement sur l'eau. Dominé par le clocher de la Collégiale Notre-Dame, le quartier des Tanneurs est l'un des plus anciens et des plus pittoresques de la ville. Une promenade a été aménagée le long des rives.
Promenade du canal des Tanneurs. Visible à gauche sur la photo, la passerelle piétonne longe le canal jusqu'à un cul-de-sac au fond duquel s'élèvent les hautes maisons d'anciennes tanneries, avec terrasses et séchoirs à peaux. Située entre la rue Pasteur et le port fluvial, cette promenade bucolique, très fleurie, est indéniablement l'un des meilleurs atouts touristiques de la ville.
La promenade du canal des Tanneurs s'achève en cul-de-sac à cet endroit (2 photos suivantes). A noter, les séchoirs à peaux. Exposés au sud et garnis de persiennes mobiles, bâtis au-dessus des terrasses où travaillaient les corroyeurs.
Cave de la maison natale de Louis Pasteur. Jean-Joseph, le père de Louis Pasteur, était ouvrier tanneur. La maison familiale, qui donne sur le canal, a été aménagée en musée. Dans la cave, reconstitution de cuves à tan (écorce de chêne broyée utilisée pour transformer les peaux en cuir).
Toujours canal des Tanneurs. 2 photos suivantes prises du Jardin des Chevannes, sur la rive opposée, avec de beaux points de vue sur la maison natale de Louis Pasteur, devenue musée. Plutôt déçue par la visite du musée. Beaucoup, beaucoup de lecture, très scolaire.
Courette à l'arrière du musée, avec passage de l'Abreuvoir donnant directement sur le canal, et buste de Pasteur. Natif de Dole, le scientifique (1822-1895), pionnier de la microbiologie, est célèbre pour avoir mis au point le vaccin contre la rage et une méthode de conservation par chauffage léger à l'abri de l'air : la pasteurisation. Il fut Académicien au fauteuil n°17 de 1881 à sa mort.
La collégiale Notre-Dame de Dole (MH 1910) domine le pittoresque quartier des Tanneurs, avec ses maisons serrées les unes contre les autres autour du clocher. Ça part dans tous les sens, des décrochages, des tourelles, un peu de toutes les hauteurs, pas une seule façade alignée. Et pourtant, quelle belle homogénéité.
Collégiale Notre-Dame (21 photos suivantes), sommet du clocher, avec ses 4 clochetons d'angle.
La Collégiale Notre-Dame a été édifiée au XVIe siècle. Culminant à 73 m, son clocher est le plus haut de Franche-Comté.
Sous le clocher, entrée principale de la Collégiale, en pierre de Sampans aux tons jaune-rosé. Le portail est de style Renaissance. L'orifice servait à faire passer les cordes des cloches.
Collégiale Notre-Dame, nef. Érigée entre 1509 et 1586 dans un style gothique tardif, la Collégiale mesure 58 m de long pour une hauteur de 26 m sous voûte. Le verre blanc des grandes verrières au 2e étage rend l'intérieur très lumineux. L'église a été consacrée basilique en 1951 par Mgr Roncalli, futur Jean XXIII (croix bleues de consécration sur les piliers). Dépourvus de chapiteaux, les piliers qui la soutiennent montent d'un seul tenant jusqu'à la voûte. Conçue sur un plan classique en croix latine, la Collégiale Notre-Dame abrite de magnifiques vitraux.
Grand orgue (XVIIIe siècle). Composé de 3500 tuyaux, il a été réalisé par Karl-Joseph Riepp, facteur d'origine allemande auquel on doit également les orgues des cathédrales de Dijon, Chalon-sur-Saône et Autun. De style baroque, le buffet est orné d'atlantes et d'anges musiciens sur les tourelles. De chaque côté de la nef, ensemble de 12 tableaux de Laurent Pécheux figurant des épisodes de la vie du Christ. Peints entre 1753 et 1781, accrochés en hauteur et donc peu visibles... le torticolis guette.
Chef-d'œuvre du mobilier liturgique, cette chaire à prêcher du XVIe siècle (MH 1992) réalisée en pierre rouge de Sampans par Denys Le Rupt. Statues de la cuve sculptées par Séraphin Besson.
Longue dame couronnée... Dans la chapelle des Ames du Purgatoire, statue colonne représentant Sainte Clotilde.
Les vitraux des chapelles latérales datent du XIXe siècle (9 photos suivantes). Ci-dessous, chapelle des Saints-Anges, avec les 3 Archanges : Michel, Gabriel et Raphaël.
Chapelle Sainte-Anne, les vitraux représentent la rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem, la Présentation de Marie au temple et l'Éducation de la Vierge.
Vitrail du Sacré-Cœur, dans la chapelle du même nom. La Sainte Famille et Saint François de Sales.
Chapelle du Rosaire, vitraux représentant la Vierge Marie remettant le Rosaire à Saint Dominique aux côtés de Sainte Catherine de Sienne (à gauche) et du pape Pie V et Sainte Rose de Lima (à droite).
Chapelle Saint François-Xavier, vitrail représentant le Christ et ses Apôtres.
Chapelle Saint-Joseph, vitraux représentant la Dormition de la Vierge et Saint Joseph tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux.
Chapelle des âmes du Purgatoire, représentant les élus et les damnés.
Chapelle de l'Immaculée Conception, vitrail représentant la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX en 1854.
Chapelle Saint-Bonaventure, vitraux représentant Saint François d'Assise à gauche ; au centre, Saint Bonaventure et Sainte Claire avec Saint Louis et Sainte Élisabeth de Hongrie ; à droite, Saint François recevant les stigmates.
Vierge à l'Enfant (école bourguignonne, XVe siècle), attribuée à l'atelier du sculpteur espagnol Jean de La Huerta. Au fond à droite, entrée de la Sainte-Chapelle.
Sainte-Chapelle (2 photos suivantes). Joyau de la Collégiale, la Sainte-Chapelle, sorte d'église dans l'église, fut érigée entre 1609 et 1612 pour abriter une hostie du miracle de Faverney (petit village situé à une 20aine de km de Vesoul). Remaniée dans un style baroque au XVIIIe siècle, c'est de cette époque que date la voûte en berceau à caissons. Advenu lors de la Pentecôte, en 1608, le miracle de Faverney est un miracle eucharistique. Il est question d'hosties consacrées ayant échappé aux flammes grâce à un ostensoir en lévitation au-dessus de l'incendie. Les vitraux de l'abside représentent le miracle de Faverney et l'arrivée de la Sainte-Hostie à Dole.
Sainte-Chapelle, vitrail sud : Louis XIV et sa cour se prosternent à Dole devant la Sainte-Hostie, le 9 juin 1674.
Baptistère baroque (XVIIIe siècle) dans lequel fut baptisé Louis Pasteur le 15 janvier 1823.
Dans le centre historique, circuit du Chat Perché. Des petites plaques en laiton posées au sol conduisent le visiteur sur 4 km à travers les rues de Dole pour ne rien manquer des points d'intérêt de la ville.
Je connaissais les pousterles à Auch, voici l'équivalent à Dole. Les treiges... Se faufiler dans un trou de souris. Leur nom signifie "ruelle". Les treiges sont des boyaux servant de passage entre 2 rues. Ci-dessous, treige des Dames d'Ounans (2 photos suivantes).
Rue Pasteur (2 photos suivantes). C'est l'une des plus anciennes rues de Dole. Elle abrite au n°43 la maison natale de Louis Pasteur (volets verts au milieu à droite). Transformée en musée, elle communique par l'arrière avec le canal des Tanneurs.
Grande fresque en trompe l'œil ornant le pignon aveugle d'une maison rue de la Sous-Préfecture. Inaugurée en 2017 par le maire de Dole, Jean-Baptiste Gagnoux, et le député du Jura, Jean-Marie Sermier, l'œuvre signée Camille Semelet, Sylvie Casartelli, Anaïs Mazuez et Alain Locatelli, du collectif Haut les Murs, s'est vu décerner le Pinceau d'Argent en 2018. La fresque représente des personnalités liées à l'histoire de Dole depuis le XIIe siècle. Ci-dessous, celles situées à l'étage, parmi lesquelles Pasteur, tout en haut, à gauche à sa fenêtre et Frédéric Ier de Hohenstaufen -dit Barberousse. Les autres sont plus difficiles à identifier (Jean Boyvin dans l'encadrement de la fenêtre sous Pasteur ; Béatrice de Bourgogne, petite fenêtre de droite ; au balcon, de gauche à droite : Jacques Duhamel, Alix de Méranie -dite Adelaïde Ière de Bourgogne, Anne de Xainctonge, une religieuse à cornette de la congrégation de Sainte-Marthe et Charles de Habsbourg -dit Charles Quint). Sans oublier le Chat Perché et la Jument Verte !!
Au rez-de-chaussée, Marcel Aymé en Passe-Muraille. En plus des "Contes du Chat Perché" et de "La Jument Verte", l'écrivain est l'auteur de nombreux romans et nouvelles parmi lesquels "Uranus", "Le Moulin de la Sourdine", "La Vouivre" ou encore "La Table-aux-Crevés" (prix Renaudot en 1929).
A côté du Passe-Muraille, derrière la devanture d'une boutique imaginaire figurent Philippe III de Bourgogne -dit Philippe Le Bon, Charles Sauria, le général et compagnon de la Libération Antoine Béthouart, et Mahaut d'Artois.
Et voici la fresque dans son intégralité.
Sur la placette à proximité de la fresque, l'escalier de l'Hôtel Terrier de Santans (XVIIIe siècle), remarquable avec ses volées en pierre garnies de rampes en fer forgé. Il en existe plusieurs à Dole, de la même époque, construits sur le même modèle.
Belle maison doloise sur le canal des Tanneurs.
Sur les rives du canal des Tanneurs, l'Hôtel-Dieu de Dole (4 photos suivantes). Ci-dessous, vu du pont de la Charité.
Construit au XVIIe siècle (MH en 1928), il présente une façade Renaissance, rigoureusement symétrique, ceinte sur toute sa longueur d'une élégante balustrade. Les lignes horizontales dominent. Tenu par les religieuses de la congrégation de Sainte-Marthe pour soigner les indigents, l'Hôtel-Dieu a fonctionné jusqu'en 1973. Depuis l'an 2000, les bâtiments sont occupés par la Médiathèque et les Archives municipales. Le clocheton indique l'emplacement de la chapelle.
Cour intérieure de l'Hôtel-Dieu, avec sa tourelle abritant un escalier à vis. Au rez-de-chaussée, le cloître desservait les différents espaces des bâtiments (apothicairerie, cuisine, réfectoire, cellier...). Le 1er étage était réservé aux malades, installés de part et d'autre de la chapelle. Les religieuses occupaient le 2e étage.
Du 1er étage, vue sur la cour intérieure, le cloître et le puits.
Ancien hôpital de la Charité (MH en 1948). Construit au XVIIIe siècle, tout près de l'Hôtel-Dieu, il arbore une façade austère. C'est un autre bâtiment imposant de la ville. L'Hôpital de la Charité se situe Grande Rue, à proximité du Bastion du pont. Il a plusieurs fois changé de destination au cours des siècles. Tour à tour hôpital militaire, orphelinat, collège de jeunes filles, il accueille l'internat du lycée Charles Nodier depuis 1964.
Fortifications sur le canal du Rhône au Rhin (3 photos suivantes). Après la promenade du canal des Tanneurs, voici une autre promenade très agréable, aménagée cette fois le long du canal du Rhône au Rhin. Parallèle à celle précitée, elle part du Bastion du pont pour arriver jusqu'au port de Dole, offrant au passage de beaux points de vue sur la Collégiale.
La passerelle du Prélot enjambe le canal du Rhône au Rhin. Piétonne, elle permet de passer sur l'autre rive, côté vieille ville.
Port de Dole (2 photos suivantes). C'est sur ce paisible paysage que s'est achevé mon séjour dans le Jura à l'été 2023.
(Photos prises les 18 et 19 août 2023)
Tags : Bourgogne-Franche-Comté, Jura, Dole
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Commentaires
et pour le fun :
“Seules les femmes voient vraiment les choses. Les hommes n'ont jamais qu'une idée.” Marcel Aymé
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Jeudi 8 Février à 20:23
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Si je ne connaissais absolument rien sur la ville de Dole, à la lecture de ton excellant article on n'apprend pas mal de choses très intéressantes et passionnantes, entre autres à propos de Marcel Aimé et de Louis Pasteur. Cette ville semble bâtie sur du solide. Pour le quartier des tanneurs cela m'a fait sourire habitant un ancien quartier de tanneurs
Tes photos sont toutes vraiment très belles, lumineuses et détaillées.
On ne peut s'empêcher de t'imaginer déambuler, dans les petites ruelles, appareil photo à la main, curieuse de tout, au fond c'est assez touchant.
J'ai passé un agréable moment à te lire.
Merci beaucoup Cécile, je devine aisément ce que représente comme travail l'édition d'un tel article. Chapeau Madame !
Amitiés
Jeff
Vivement les beaux jours, j'ai hâte de repartir sur les routes !! En attendant, je profite de l'hiver pour diffuser les articles en retard de mes balades 2023. Un peu de "travail", mais ça permet de fixer les souvenirs.
Merci M'sieur pour les compliments ;-) ... et merci de ta présence assidue et bienveillante. Bonne soirée, Jeff. A bientôt.