-
Rando à Fougères-sur-Bièvre, circuit de Tarilly
Rando à Fougères-sur-Bièvre. Circuit du Tarilly (9 km).
Situé dans le Loir-et-Cher, à une quinzaine de km de Blois, le pittoresque village de Fougères-sur-Bièvre compte environ 800 habitants. Depuis 2019, il fait partie de la commune nouvelle du Controis-en-Sologne, après avoir fusionné avec Contres, Feings, Ouchamps et Thenay. Dans un environnement bucolique de vignes et d'étangs, Fougères-sur-Bièvre abrite un patrimoine bâti soigneusement entretenu et mis en valeur qui justifie pleinement une visite. A commencer par son château classé. Tout près, sur une placette arborée, l'église Saint-Éloi fait face à une charmante petite mairie à l'architecture champêtre. Construit sur la rivière dont il porte le nom, le village abrite également un lavoir du XIXe siècle, en excellent état de conservation.
Sur une boucle de 9 km au coeur de la Sologne viticole, la randonnée associe patrimoine historique et naturel. Point de départ, le parking du château. Rue de la Fontaine de Biétry, un habitant devant sa maison, en train de cueillir sur le mur le raisin de sa treille, m'en offre une grappe. La randonnée commence à peine, sous les meilleurs auspices. Quelques mots échangés, remerciements. C'est aussi pour ces petites rencontres que j'aime partir à l'aventure sur les chemins de campagne.
Rue de l'Église, parking du château, ce platane majestueux domine tout le paysage.
Pour l'ombre, c'est parfait !!
Au départ de la randonnée. Parmi le petit patrimoine du village, ce beau lavoir (2 photos suivantes), témoin des grandes lessives du temps jadis qui cassaient l'échine et faisaient les mains rêches. Construit sur la Bièvre (rivière de 23,6 km, sous-sous-affluent de la Loire par le Beuvron), il a été restauré en 2003.
Sous la charpente en bois, 4 tables à laver, avec encoches pour les battoirs aux extrémités.
En chemin, ce massif aux petites fleurs blanches dressées en panicules a attiré mon attention. J'observe la plante, mais sans pouvoir l'identifier. Appel à l'appli amie Seek pour la réponse : renouée du Japon. Sans le savoir, je venais de tomber sur une nuisible figurant au palmarès des pires plantes envahissantes de la planète. Focus en 6 photos.
Renouée du Japon est un terme générique. Il existe en fait 3 espèces de renouées japonaises : la renouée du Japon proprement dite, la renouée de Sakhaline et la renouée de Bohême (hybride des 2 autres). Des espèces proches, difficiles à différencier, très invasives. Toutes 3 forment des massifs denses (appelées colonies) arborant à la fin de l'été de petite fleurs blanches dressées à la verticale.
Ci-dessous, grandes feuilles de la renouée de Sakhaline, en forme de coeur.
La renouée du Japon possède des feuilles plus petites que la renouée de Sakhaline, tronquées à la base.
Au coeur de la colonie, dans le fouillis des tiges, cannes creuses rappelant le bambou. Vivaces à croissance rapide dont la hauteur atteint 2-3 m en fin d'été, les renouées japonaises forment des peuplements si denses qu'ils empêchent, par effet d'étouffement, la croissance des espèces indigènes. Pas bon pour la biodiversité. Comme toujours, prévenir plutôt que guérir... mais l'éradication s'avère très compliquée. Les rhizomes s'enfoncent à plus 2 m de profondeur et s'étendent latéralement jusqu'à 7 m autour du pied. L'excavation d'une colonie et de son réseau racinaire est affaire de pelle mécanique. Mais attention à ne rien laisser en terre : le moindre bout de rhizome oublié repart à vitesse grand V.
Dans le massif, il y avait des nouvelles pousses partout. La plante, véritable danger pour la biodiversité, est dans le viseur de l'Union Internationale pour la conservation de la Nature (UICN).
Bâtisse en plein champ. Ancien Beach Club, fermé en 2020.
8 photos suivantes : randonnée nature, distance à parcourir 9 km... Ça, c'était sur le papier.
Une grande partie de la randonnée se fait au coeur des vignes, nous sommes en Sologne viticole.
AOP Cheverny.
Plus je progresse sur le parcours, plus j'entends distinctement des bruits de détonations.
Suivant avec application le balisage triangle jaune, j'arrive à ce point précis où le panneau "Société de chasse de Fougères" voisine, bien en évidence, avec le balisage des voies de randonnées. Les détonations se précisent, elles viennent du bois au loin... Pas envie d'être confondue avec une biche ou un sanglier. Les 9 km ont tourné court, dépitée, je décide de rebrousser chemin.
Me voilà revenue au point de départ. En attendant l'ouverture du château (en arrière-plan), pause pique-nique au bord de la Bièvre.
Dans le centre-bourg, l'église (XIIe siècle) se situe à 2 pas du château et de la mairie. Elle est placée sous le patronage de Saint Éloi, évêque de Noyon et conseiller du roi Dagobert Ier. Je n'ai malheureusement pas pu la visiter, car fermée.
Mairie de Fougères-sur-Bièvre, le charme champêtre d'une mairie de village. Accès au jardin sur la droite.
Jardin de la mairie.
Le château de Fougères-sur-Bièvre (MH en 1912), mélange singulier entre forteresse médiévale et demeure d'agrément. Du château d'origine érigé au XIe siècle, il ne reste que le donjon carré. Passé successivement aux mains du trésorier de Louis XI, Pierre de Refuge, puis de son petit-fils, Jean de Villebresme, l'édifice gagne en raffinement avec ajouts d'éléments de style Renaissance (fenêtres à meneaux, toiture d'ardoises aux pentes complexes, édification d'une chapelle et d'une galerie à arcades). Après avoir servi de filature au XIXe siècle, l'État le rachète en 1932 et lance d'importants travaux de rénovation, notamment la restauration des 4 500 m² de toiture, chantier d'envergure qui, de 1933 à 1935, occupera à temps plein 6 ouvriers pendant 2 ans et demi !! La Seconde Guerre mondiale écrit une nouvelle page de son histoire. Proche de la ligne de démarcation, le château de Fougères-sur-Bièvre se transformera sous l'Occupation en annexe de Chambord, abritant des œuvres d'art de musées français rangées dans des centaines de caisses, parmi lesquelles des sculptures de Rodin, les vitraux de la cathédrale de Chartres, mais aussi la célèbre Dame à la Licorne.
Au-dessus de la porte d'entrée menant à la cour d'honneur, ces 2 hautes rainures verticales renvoient au Moyen Age. Elles servaient au fonctionnement du pont-levis. Le tablier était relié par des chaînes à 2 flèches qui, par contrepoids, se relevaient, venant chacune s'encastrer dans le logement vertical prévu à cet effet.
Sous le clocher, passage menant à la cour d'honneur. Le château se visite sur 3 étages mais c'est vraiment l'extérieur qui vaut le coup. Exceptées les charpentes, l'intérieur présente peu d'intérêt. En plus, quand je l'ai visité, le château accueillait l'expo "Natures sauvages" avec plusieurs œuvres (dont certaines pérennes) du plasticien Julien Salaud exposées dans plusieurs salles. Un truc, mais, hideux !!
Au-dessus de l'entrée du château, la girouette aux armes de la famille de Refuge représente 2 serpents entremêlés en forme de coeur.
L'entrée du château vue depuis la galerie à arcades. Bel effet d'étagement des toits.
Édifiée au XVIe siècle par Jean de Villebresme, la galerie à arcades relie la chapelle au donjon carré.
La galerie à arcades est l'un des éléments les plus remarquables de la cour d'honneur. Raffinée, style italianisant, elle se compose de 5 arcs reposant sur des piliers octogonaux. On retrouve une certaine parenté avec celle du château de Talcy.
Dans la cour d'honneur, lucarne avec archer sculpté au sommet du fronton.
Cour d'honneur, fronton avec personnage porte-flambeau sculpté au sommet.
Face à l'entrée médiévale, au fond de la cour d'honneur, le corps de logis sud (7 photos suivantes).
Angle des corps de logis sud et est. Ce sont les parties les plus anciennes du château (datées entre 1450 et 1475).
Les 2 portes du logis sud sont surmontées de frontons richement sculptés.
Décor sculpté de la porte de la grande salle du logis : sous l'accolade, 3 anges dont 2 portent un blason. Au-dessus, représentation de l'archange Saint Michel terrassant le dragon.
Tympan de la seconde porte du logis sud. Au-dessus de l'accolade, 2 soldats, l'un victorieux, l'autre vaincu.
A gauche, soldat victorieux.
A droite, représenté à l'envers, le soldat vaincu.
A mon goût, l'intérieur est nettement moins intéressant.
Sans parler des salles dénaturées par les œuvres contemporaines qui y sont exposées. Ci-dessous, Salle des Gardes, "Nuit étoilée". Signé Julien Salaud, l'œuvre représente un igloo en peaux de chevreuils, drapé au sommet d'un assemblage de peaux de loups (avec têtes et pattes). De petites ouvertures aménagées dans la structure permettent de découvrir à l'intérieur un décor d'étoiles... Faire cohabiter art contemporain et monuments classés, d'accord. Autant certaines fois ça peut être réussi, autant là... !!
Même (bon) goût sous la charpente en carène de bateau renversée. Même auteur.
Dans le prolongement de la 1ère charpente se trouve une seconde charpente remarquable, celle en poivrière du chemin de ronde.
Le chemin de ronde, accès fermé.
Entrée du jardin d'inspiration médiévale.
(Photos prises le 3 septembre 2023)
Tags : Centre-Val-de-Loire, Loir-et-Cher, Fougères-sur-Bièvre
-
Commentaires
La fin du mois de février approche, bientôt la fermeture de la chasse !! Vivement, que je puisse retourner marcher en forêt en toute tranquillité. Chaque randonnée apporte son lot de rencontres et de découvertes. Tu évoques à propos de celle-ci la mémoire de Michel Delpech, un chanteur que j'aimais beaucoup. "Il était 5 H du matin"... pour le coup, pas trop l'heure de la sieste ;-) A bientôt de t'emmener en balade sur d'autres chemins... Bonne soirée à toi Jeff.