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Séjour Bretagne, printemps 2024. 6. Bénodet et Sainte-Marine
Séjour Bretagne, printemps 2024. 6. Bénodet et Sainte-Marine.
Stations balnéaires situées dans le Finistère Sud à environ 20 km de Quimper et 25 de Concarneau, Bénodet et Sainte-Marine se font face de part et d'autre de l'embouchure de l'Odet. Chacune son charme et son caractère. Il est facile et même intéressant du fait de leur similitude géographique de les coupler dans la même journée. Avec sa longue plage du Trez et sa Corniche bordée de coquettes villas, Bénodet, plus grande et plus "bourgeoise", est positionnée sur le tourisme haut de gamme (offre hôtelière, centre de thalasso, casino). Repérable depuis l'autre rive à la façade rose de son Abri du Marin, Sainte-Marine séduit par son ambiance intime et chaleureuse. Pour se rendre de l'une à l'autre, deux possibilités : on peut choisir l'option routière via le pont de Cornouaille ou la traversée fluviale par le P'tit Bac. Personnellement, j'ai privilégié la 2e option. Expérience sympathique d'une mini-croisière... 5 minutes montre en main !!
Le matin, Bénodet.
Le chemin de fer puis les congés payés. La vogue des bains de mer, de la navigation de plaisance, les premières villégiatures... Au fil de l'histoire, le village de pêcheurs d'origine s'est mué en une station balnéaire réputée de la côte finistérienne, aujourd'hui classée. Idéalement situé à l'embouchure de l'Odet, Bénodet se découvre à pied en longeant la côte par sa Corniche. Cette très belle promenade en balcon s'étend sur plusieurs km du port de Penfoul jusqu'à l'océan (en fait une succession de 3 corniches : la Corniche de l'Estuaire, la Corniche de la Plage et la Corniche de la Mer). Elle permet de découvrir le patrimoine (église, phares, le "Minaret"...) et offre de jolis points de vue sur le petit port de Sainte-Marine, en rive opposée.
A Bénodet, 2 phares signalent à tribord l'embouchure de l'Odet. Construits la même année, en 1848, ils ont été détruits par l'aviation allemande en août 1944 puis reconstruits. Les 2 phares, alignés avec celui de Combrit à bâbord, sécurisent la navigation à l'approche du chenal. Garée avenue de la Plage, je descends jusqu'à la Corniche par la bien nommée rue du Phare et découvre le premier : élancé, le phare de la Pyramide culmine à 39 m dans le ciel bénodétois (2 photos suivantes).
Tapis de varech, plage du Coq à marée basse. C'est sur cette plage, moins courue que celle du Trez, que je découvre le second phare. Plus petit, plus trapu que celui de la Pyramide, le phare du Coq est à dominante verte (seul le côté tourné vers l'océan est peint).
Haut de 11 m, le phare du Coq s'élève sur la Corniche au-dessus de la plage. Cerclé en rouge, l'Œil de Bénodet.
Comme celui de Pouldreuzic observé durant ce même séjour, l'Œil de Bénodet est l'œuvre de Pierre Chanteau. L'artiste plasticien breton a réalisé à ses frais plus d'une centaine de ces yeux qu'en accord avec les municipalités il a ensuite scellés sur les cales, digues, jetées et rochers des ports. Tesselles de céramique pour le blanc de l'œil, isolateur électrique pour l'iris, billes de verre encastrées dans des goulots de bouteille pour le contour... ils sont tous réalisés sur le même modèle. Hommage aux gens de la mer, les Yeux de Pierre Chanteau sont désormais visibles dans 113 communes du littoral finistérien.
Square Marteville. Tourniquet, balançoires et toboggan avec vue sur l'Odet.
En 1976, la commune de Bénodet choisit d'honorer un enfant du pays en baptisant le square du nom d'un "Fusilier marin Mort pour la France à Dixmude en 1914 à l'âge de 17 ans". Du moins c'est que que l'on peut lire sur le panneau. Il semblerait pourtant que certaines de ces informations soient erronées car voici ce que dit l'article de presse ci-dessous "né le 13 mars 1808... Guillaume Marteville venait de quitter l'école des Mousses quand la guerre éclata. Il partit comme volontaire avec les fusiliers marins et prit part à la bataille de Dixmude. Blessé par éclat d'obus, il succomba à l'hôpital de La Panne le 31 janvier 1915. Il n'avait pas encore 17 ans". Informations corroborées par d'autres articles sur Internet. Donc ce ne serait pas Dixmude mais La Panne, pas 1914 mais 1915, pas 17 mais 16 ans. Qui dit vrai ? A vérifier...
Villa Magdalen, dite le "Minaret" (MH en 1997). Située sur la Corniche face au square Marteville, cette construction massive à l'allure de paquebot attire immanquablement le regard. Construite en 1926 par Albert Laprade pour Maurice Heitz-Boyer, chirurgien de renom spécialisé en urologie et pathologie osseuse, on y retrouve les influences orientalistes chères à l'architecte qui avait commencé sa carrière à Rabat et au propriétaire, ami du pacha de Marrakech Thami El Glaoui qui, pour le remercier de ses bons soins, lui offrit la fastueuse décoration intérieure de sa villa (dont un hammam). D'un blanc immaculé, la construction porte le prénom de l'épouse du chirurgien. Elle doit son surnom à sa tour rappelant un minaret. La Villa Magdalen abrite aujourd'hui le restaurant "L'Alhambra". Monument phare de Bénodet, c'est un jeu de cache-cache à travers les arbres et l'environnement urbain pour la photographier sous divers angles, en variant les points de vue, intramuros et depuis le port de Sainte-Marine (4 photos suivantes).
Sainte-Marine, vue depuis la plage du Coq.
En poursuivant la promenade le long de la Corniche, droit devant, embouchure de l'Odet.
Plage du Trez et son alignement de cabines en béton. Située en centre-ville, exposition plein sud, c'est la plage vedette de Bénodet.
Cabines de la plage du Trez. Elles datent du début du XXe siècle. Mieux vaut les considérer sous le prisme de l'histoire, car côté esthétique, c'est pas terrible. Et les carreaux de verre colorés ne les rendent pas plus joyeuses.
Pointe de Combrit et plage du Trez vues de la Corniche de la Plage. J'ai poursuivi la balade jusqu'au rond-point des Bénodettes (coffee-shop/location de vélos) par la Corniche de la Mer avant de revenir sur mes pas pour un déjeuner Corniche de l'Estuaire.
Balcon aménagé en surplomb de la plage du Coq, un banc face à l'Odet, spot idéal pour le déjeuner. Intéressé par mon sandwich jambon/fromage, ce goéland n'a pas tardé à me rejoindre.
Descendu du muret, le visiteur opportuniste s'approche petit à petit. Un morceau puis un autre, le manège a duré jusqu'à la fin du sandwich. J'ai appris plus tard qu'il est interdit de nourrir les goélands et autres mouettes. Néfaste pour leur santé et pour l'environnement. Un peu comme les pigeons en ville. Alors bon, ça partait d'un bon sentiment, mais à ne pas faire !!
Autre volatile croisé lors de ma visite : Bénoduck. Ce gros canard jaune à l'allure joviale installé devant le Relais Thalasso de Bénodet fut peu de temps après mon séjour victime d'un fait-divers pour le moins rocambolesque... un kidnapping !! Le 8 septembre 2024, la nouvelle fait le tour de la ville : déboulonné de son socle durant la nuit, Bénoduck a disparu. Retrouvé le matin sur la plage du Trez, gisant pitoyablement sur le flanc, il sera secouru par... la SNSM !! Une mission surréaliste pour ramener à sa place l'infortuné volatile.
L'église Saint-Thomas-Becket (MH en 1928), également connue sous la dénomination église du Port du fait de sa situation face à la cale des Vedettes de l'Odet. Construite au XIIIe siècle, elle est placée sous le patronat de l'archevêque de Canterbury. L'homme d'Église paya de sa vie son opposition au roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt. Assassiné dans sa cathédrale le 29 décembre 1170, l'histoire le réhabilita cependant très vite puisqu'il fut canonisé 3 ans plus tard.
Façade côté rue, portail surmonté d'un arc brisé réhaussé d'une accolade. Les 2 colonnes latérales se terminent par une figure sculptée.
Intérieur de l'église Saint-Thomas-Becket (6 photos suivantes). Dans le chœur -partie la plus ancienne de l'édifice- à voir : les colonnes à culot sculpté et un très bel autel comportant les statues en bois des 4 évangélistes.
Culots sculptés du chœur.
Autel en bois avec les statues des 4 Évangélistes : l'aigle pour Jean, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l'homme pour Matthieu.
Comme dans bien des églises bretonnes, des bateaux ex-voto ornent les bas-côtés.
Vierge à l'Enfant.
Représentation de la Sainte Trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Port de plaisance de Penfoul (2 photos suivantes).
En arrière-plan, le Pont de Cornouaille. Construit en 1972, il relie Bénodet à Sainte-Marine par la route (avant sa construction, il fallait faire le détour par Quimper). Le péage instauré les premières années a été supprimé une fois le pont amorti... Gestion vertueuse.
L'après-midi, Sainte-Marine.
Port de Cornouaille situé en rive droite de l'Odet, Sainte-Marine fait face à Bénodet. Quittant l'un -les 2 phares, le clocher de l'église Saint-Thomas-Becket et le Minaret rapetissent à l'horizon tandis que se rapprochent les murs roses de l'Abri du Marin en direction de l'autre. A peine le temps d'en profiter qu'on y est déjà. Je laisse derrière moi le paquet de nuages qui m'ont accompagnée toute la matinée pour retrouver le ciel bleu en accostant quai Jacques-de Thézac où se déploient les grands parasols blancs du Café de la Cale.
Le P'tit Bac, 4 euros la traversée Bénodet/Sainte-Marine aller-retour (5 photos suivantes).
L'Abri du Marin, une maison rose représentative de l'histoire de Sainte-Marine et de plusieurs autres ports finistériens. Œuvre de l'ethnologue et photographe Jacques de Thézac, ces Abris du Marin construits au début du XXe siècle ont pour la plupart été rachetés après-guerre par les communes dans lesquels ils étaient implantés ou par des particuliers, perdant leur destination d'origine. Inscrit aux MH en 2007, celui de Sainte-Marine est devenu un musée racontant l'histoire de ces hébergements. Natif d'Orléans mais installé en Bretagne avec son épouse, Jacques de Thézac est témoin des dures conditions de vie des marins-pêcheurs, qui n'ont à l'époque d'autres possibilités en mettant pied à terre que de descendre dans les bistrots. Le yachtman philanthrope eut l'idée de construire des lieux de vie qui offriraient de multiples services (centres de soins avec pharmacie, salles de jeux, salles de lecture...), des refuges confortables et sains qui avaient aussi pour vocation d'éloigner les hommes de l'alcoolisme.
Depuis le quai Jacques-de Thézac, vue sur l'église Saint-Thomas-Becket et le phare de la Pyramide à Bénodet.
Quai Jacques-de Thézac, un chêne pédonculé distingué "arbre remarquable" (2 photos suivantes).
Largement inclinées vers la mer, ses branches maîtresses font corps avec le muret. Seulement voilà, tout occupée que j'étais à admirer ce superbe chêne, j'ai raté l'Œil scellé sur la cale (cercle rouge). Après ceux de Pouldreuzic et de Bénodet, ça aurait dû être le 3e Œil de mon séjour dans le Finistère, sauf que je ne l'ai remarqué qu'en téléchargeant la photo pour préparer mon article de blog !!
La chapelle Sainte-Marine se situe sur le port, juste à côté du chêne pédonculé. Édifiée au XVIe siècle, agrandie au XXe, les 2 époques sont bien visibles sur la photo : à gauche, la partie la plus ancienne ; à droite, l'aile qui lui a été ajoutée en 1962. La chapelle est dédiée à Sainte-Marine, mais son véritable patronage reste obscur : Saint Moran, devenu Maraine puis Marine par glissement sémantique ? Pas évident l'hagiographie bretonne !! Beaucoup de folklore et de légendes... ce que confirmera ma visite de la Vallée des Saints à Carnoët 2 jours plus tard.
Intérieur de la chapelle Sainte-Marine (6 photos suivantes). Les vitraux contemporains sont l'œuvre du peintre et prêtre jésuite André Bouler (1924-1997), élève de Fernand Léger. A voir, de belles statues en bois polychrome parmi lesquelles une rare Vierge allaitante, les trois-mâts ex-voto dont l'ombre se dessine sur la voûte ainsi que les sablières sculptées.
La découverte de Sainte-Marine se poursuit par la rue du Phare et la rue Ar Pussou jusqu'au centre nautique (2 photos suivantes). Bien visible ci-dessous, émergeant au-dessus des pins, le Minaret de Bénodet.
En attente du bac de retour.
Le P'tit Bac fait partie de la flotte des Vedettes de l'Odet. Il assure quotidiennement la traversée Bénodet/Sainte-Marine. Une cinquantaine de passagers maximum (animaux, vélos et poussettes acceptés).
(Photos prises le 4 juin 2024)
Tags : Bretagne, Finistère, Cornouaille, Odet, Bénodet, Sainte-Marine, Pierre Chanteau
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