• Saxicole, à la faveur des vieux murs

     

    S  Saxicole, à la faveur des vieux murs.

     

    Adjectif du vocabulaire botanique, saxicole est dérivé du latin "saxum" signifiant rocher et du suffixe "cole" définissant un type d'habitat (suffixe que l'on retrouve dans arénicole, cavernicole, messicole...). Le terme saxicole qualifie une plante poussant dans les milieux rocheux créés par l'homme (à ne pas confondre avec rupicole, qui concerne les milieux rocheux naturels).

     

    Urbaines, les plantes saxicoles se plaisent à l'ombre et affectionnent particulièrement les vieux murs dont elles colonisent les moindres interstices. Autant dire des plantes peu exigeantes parce que dans les creux, fissures et anfractuosités des vieux murs, pour les nutriments, c'est moyen...

     

    Il faut compter près d'un siècle avant qu'un mur, transformé par le processus de dégradation du substrat, devienne favorable à l'implantation d'une flore spontanée. Pionniers de cette implantation (car dépourvus de racines), les mousses et les lichens. Fougères et plantes à fleurs constituent la deuxième vague. Elles arrivent quand un peu de matière organique et d'humidité se sont accumulées dans les fissures de la roche. Parmi les plantes saxicoles les plus communes : la pariétaire de Judée, la capillaire des murailles et la cymbalaire des murs.

     

    Discrètes par nature, pas spectaculaires, elles font peu parler d'elles. Les ayant toutes à portée de jardin, c'était l'occasion, le temps d'un article, de les pousser vers la lumière.

     

    Sur les murs du jardin, patchwork de plantes saxicoles.

    Rupicole, génération spontanée

     

    Pariétaire de Judée. Plante urbaine parmi les plus communes, la pariétaire de Judée est très présente en ville. Son nom, tiré du latin "paries" signifiant mur, paroi, dit bien son mode de vie. Elle pousse sur les vieux murs ombragés dont elle squatte la moindre fissure. Ses racines sécrètent un suc capable de dissoudre la roche, ce qui lui vaut ses surnoms évocateurs de perce-muraille et casse-pierre. Également surnommée épinard des murailles, la pariétaire de Judée est une plante comestible (comme l'ortie, elle appartient à la famille des urticacées). Tiges et feuilles se consomment cuites ou crues en salade. Son pollen est très allergisant.

    Saxicole, génération spontanée

      

    Capillaire des murailles. Également appelée "doradille", la capillaire est une petite fougère rustique, peu exigeante, résistant aussi bien à la sécheresse qu'au froid. Elle pousse spontanément dans les interstices des vieux murs, à l'abri du soleil. Plante à croissante lente, la capillaire déploie en étoile ses frondes d'une 15aine de cm. Chaque fronde est découpée en pinnules arrondies le long d'un pétiole noir. Famille des aspléniacées.  

    Saxicole, génération spontanée

     

    Cymbalaire des murs. Plante vivace de la famille des scrophulariacées, la cymbalaire des murs présente des feuilles charnues, luisantes, à limbe arrondi en 5 à 7 lobes ainsi que des petites fleurs violettes à gorge jaune. Également appelée "ruine de Rome", elle pousse spontanément entre les pierres des vieux murs, exposition mi-ombre. Pour se reproduire, la cymbalaire des murs utilise une ingénieuse stratégie en 3 temps, basée sur les techniques de phototropisme et d'autochorie : 1. pas encore fécondée, la fleur se tourne vers le soleil (phototropisme positif) ; 2. une fois fécondée, la fleur se détourne du soleil (phototropisme négatif) et s'oriente vers le mur grâce au pivotement de sa tige ; 3. la fleur dissémine alors ses graines (autochorie), qui vont se loger dans les interstices du mur... et produire une nouvelle plante. 

     Saxicole, génération spontanée

       (Photos prises les 30 avril et 1er mai 2022)

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  • Commentaires

    1
    Samedi 7 Mai 2022 à 20:21

    Bonsoir Cécile,

    Très bonne idée de nous présenter ces plantes saxicoles (j'ai appris un nouveau mot aujourd'hui). Je connais les 2 dernières, on en a chez nous. Par contre la première, je suis sûre de l'avoir déjà vue quelque part, mais je ne sais plus où. C'est fou comme la nature arrive à s'adapter même aux milieux les plus hostiles créés par l'homme !

    A bientôt.

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