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Séjour Bretagne, printemps 2024. 2. De la plage de Tahiti à l'anse de Rospico.
Échappée bretonne, destination Finistère Sud. Besoin de débrancher, de revoir la mer. Mon port d'attache sera Pouldreuzic, en baie d'Audierne. Au programme des vacances, Bretagne côtière et Bretagne de l'intérieur, Armor et Argoat. Pour cette première journée finistérienne une petite rando sur le sentier des Douaniers (GR34) entre la plage de Tahiti et l'anse de Rospico... Au plus près de l'océan.
Plage de Tahiti... océan Atlantique. Ainsi surnommée par des locaux un tantinet chauvins en référence à sa lointaine homonyme de l'archipel polynésien du Pacifique pour son sable blanc et son eau émeraude, la plage de Tahiti appartient à la commune de Névez. Au centre sur la photo, l'île de Raguenez (privée), à sa gauche, l'île Verte.
En surplomb de la plage de Tahiti, une portion du GR34 mène jusqu'à l'anse de Rospico. Il faut compter une heure de marche aller/retour, sans difficultés particulières si ce n'est la déclivité du terrain. C'est parti !!
Petit coup d'œil en arrière pour visualiser l'arc blanc de la plage de Tahiti.
Au loin, l'île Verte, verte, comme les reflets de la mer.
Au-dessus de la lande, un tiki polynésien me regarde passer.
Le sentier monte et descend à flanc de falaise. Superbes panoramas tout le long.
Une "banquette" de gros rochers. J'ai trouvé mon spot pique-nique !!
Assise là, l'Atlantique, pour ultime horizon.
Pause déjeuner terminée, c'est reparti. Derniers km avant Rospico. Quelques randonneurs, mais pas de surfréquentation.
Anse de Rospico (2 photos suivantes). Avec sa plage entourée de falaises rocheuses, l'anse de Rospico a des airs de calanque bretonne. Même sable fin et blanc que la plage de Tahiti, eau translucide aux reflets changeants, un paysage de carte postale.
(Photos prises le 2 juin 2024)
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Séjour Bretagne, printemps 2024. 1. Saint-Launeuc.
Située dans le département des Côtes-d'Armor, à environ 55 km de Saint-Brieuc, Saint-Launeuc est une paisible petite commune de Bretagne intérieure en bordure de forêt de la Hardouinais. Dans ce village à vocation agricole avec la moitié de la superficie en terres cultivées et une densité de population extrêmement faible (199 habitants au dernier recensement, 17 hab. au km²), l'animation se concentre place Saint-Léonore, carrefour de passage entre locaux et touristes où sont regroupés la mairie, l'église et un hôtel à l'accueil chaleureux où l'on vous prêtera la clef pour visiter l'église. Voisin majestueux, peut-être contemporain de l'édifice, un if plusieurs fois centenaire héberge un merisier enraciné dans son tronc. Une curiosité locale.
Au départ du centre-bourg, le circuit de la Forge permet d'aller plus loin, à la découverte de la forêt et de la campagne environnantes. Randonnée facile, boucle de 4,2 km.
Église Saint-Léonore. L'église de Saint-Launeuc est placée sous le patronat de Léonore, un saint breton ayant vécu au VIe siècle, que l'on retrouve aussi sous les appellations Lunaire ou Lormel.
Intérieur de l'église Saint-Léonore (5 photos suivantes). Jour de mariage, tout est prêt pour la cérémonie.
Bas-côté. Sur le mur du fond, "Plafond d'Anges", tableau circulaire réalisé par le peintre Jean-Léon Gérôme en 1859.
Éducation de la Vierge.
Sainte Marguerite.
Chemin de croix, IIIe station : Jésus tombe pour la première fois.
If-merisier (4 photos suivantes). Labellisé "arbre remarquable" en 2001, l'if multiséculaire de Saint-Launeuc est un sublime vieillard qui déploie sur la place du village une ramure époustouflante -7 m d'envergure !! Sa particularité : son tronc creux héberge un merisier qui le pare d'une floraison blanche entre avril et mai et l'enguirlande de cerises juste après.
Circuit de la Forge. Courte randonnée, l'itinéraire est varié, avec plusieurs passages à travers champs et par la forêt de la Hardouinais et son étang de 45 hectares. Ci-dessous, 10 photos prises en cours de balade.
L'étang de la Hardouinais est un plan d'eau artificiel créé pour le fonctionnement du haut-fourneau des forges sidérurgiques, éteint en 1836. De nos jours, une partie est aménagée en zone nautique.
Tranchée désertique.
Parasols champêtres. Les ombellifères, reines des prés à cette saison.
L'œnanthe safranée, ombelles à fleurs blanches étoilées. Cette jolie plante à l'odeur agréable est commune le long des chemins herbeux... mais attention, entièrement toxique.
Le Fœil. Fauteuils Coquille en bord de route, farniente en duo.
(Photos prises le 1er juin 2024)
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Rando Vieilles-Maisons-sur-Joudry, PR de Grignon -13 km.
Une colle pour commencer : comment se nomment les habitants (environ 630) de Vieilles-Maisons-sur-Joudry ?... les Vétula-Domussiens, ça ne s'invente pas. Un gentilé hérité du Moyen Age, du temps où la commune administrée par un major dépendait de l'abbaye de Saint-Benoit-sur-Loire et s'appelait "Vetula Domus", Vieille-Maison en latin. Bourg rural situé dans le Loiret, Vieilles-Maisons-sur-Joudry se trouve à quasi mi distance à l'ouest entre Montargis (29 km) et Gien (32 km). L'histoire du village est intimement liée à sa proximité avec l'immense forêt d'Orléans, capable de fournir en bois d'œuvre et de chauffage la ville de Paris, une capitale en croissance exponentielle au XVIIe siècle. Le défi de l'acheminement s'est soldé par la construction du canal d'Orléans, avec un premier tronçon, en 1676, creusé à Vieilles-Maisons et la création du port de Grignon. Le long des chemins de halage jalonnés d'écluses, les 13 km de randonnée permettent d'appréhender cet intéressant legs historique.
De rivières en rigoles et d'étangs en canal, l'itinéraire en boucle conduit le promeneur à travers une succession de champs fleuris et de sous-bois ombragés. Fraîcheur des allées forestières, trilles des oiseaux enivrés de printemps, passage furtif d'un chevreuil, empreinte d'un sabot enfoncé dans le sol, coassement des grenouilles, odeur des résineux. La sensation de quiétude est extraordinaire. Superbe balade pour cette randonnée nature et patrimoniale !!
Rue du Bourg. C'est là, devant l'école et la mairie, que j'ai garé la voiture.
Clocher de l'église Saint-Pierre, échafaudage en vue.
Le 5 septembre 2022, la foudre s'abattait sur l'église Saint-Pierre de Vieilles-Maisons-sur-Joudry, endommageant sérieusement le clocher. Les travaux de restauration ont débuté en février 2024.
Départ de la randonnée entre le marronnier et la maisonnette à droite, le long de la rigole de Courpalet.
D'une longueur de presque 33 km, la rigole de Courpalet a été creusée au XVIIe siècle pour alimenter le Canal d'Orléans. Après un hiver et un début de printemps particulièrement pluvieux, les berges qui la longent sont par endroits peu praticables, encombrées de branches ou de troncs déracinés tombés dans le passage. Qu'importe, au fil des pas, le sentier pénètre une nature en réveil aux tons vert tendre, douce, belle, calme, apaisante (6 photos suivantes).
Plusieurs étangs ponctuent le parcours.
La passerelle en bois marque l'entrée en forêt domaniale d'Orléans. Par endroits, la terre gorgée d'eau rend la progression hasardeuse. Route des Pommereaux jusqu'au carrefour de la Patte d'Oie, puis route de la Prévôté, à la croisée, route de la Jalousie jusqu'à l'étang de la Noue Mazone. Les larges allées bordées de landes dessinent un autre paysage, tout aussi beau (10 photos suivantes).
Entre canal d'Orléans et étang de la Noue Mazone (3 photos suivantes).
Face à l'étang, mon spot pique-nique.
La randonnée se poursuit le long du Canal d'Orléans (3 photos suivantes).
Site de l'Écluse du Point de Partage, point le plus haut du Canal d'Orléans. Les nombreux étangs et rigoles autour servent de réservoir d'alimentation. A cet endroit, l'envoi d'eau est à son maximum, capable d'alimenter les 2 versants, Loire et Seine (4 photos suivantes).
Maisons éclusières du Point de Partage.
Le chemin continue en bordure de canal jusqu'au site des 3 Écluses, à Grignon.
Ligne de bitume visible au centre de la photo, la route de Châtenoy passe entre le canal d'Orléans et l'étang du Gué des Cens.
Arrivée à Grignon, site des 3 Écluses (14 photos suivantes). L'histoire de Grignon est indissociable du canal. Jadis très actif, le port fut au centre du commerce de bois issu de la forêt d'Orléans. Une intense activité qui en fait aujourd'hui un site batelier remarquable dont subsistent plusieurs constructions d'époque parmi lesquelles ses 3 écluses (du Gué des Cens, du Milieu de Grignon, du Bas de Grignon) et la maison éclusière, datant des années 1830.
Ci-dessous, dans le prolongement l'une de l'autre, écluses du Gué des Cens et du Milieu de Grignon, avec leur alignement de platanes aux troncs biscornus dénudés par l'hiver.
Derrière l'un des platanes, quelques maisons parfaitement rangées.
Relais des 3 Écluses (2 photos suivantes).
Cette vieille auberge laissée à l'abandon durant des années a été rachetée par la commune de Vieilles-Maisons-sur-Joudry en 2019. Gérée par l'association d'insertion Les Jardins de la Voie Romaine, l'établissement inauguré en octobre 2022 fonctionne sur le modèle du tiers-lieu proposant service de restauration/café culturel, boutique de légumes bio et 5 chambres en gîte. Une initiative à la croisée de l'économie, du social et du tourisme sur le tracé de la Véloroute.
Site de l'écluse du Bas de Grignon (7 photos suivantes). Ci-dessous, la maison éclusière. A voir aussi les bâtiments de la Direction des Canaux d'Orléans et du Loing qui abritaient les ateliers et dépôts de matériaux nécessaires au chantier de construction du canal puis à son entretien. Sans oublier d'admirer la Belle de Grignon.
La Belle de Grignon, comme échouée au milieu des prés.
La Belle de Grignon, amarrée au port face aux bâtiments de la Direction des Canaux d'Orléans et du Loing. A noter, un beau pigeonnier de forme atypique dans le jardin (mieux visible sur la photo suivante).
La Belle de Grignon est la réplique d'une flûte berrichonne, bateau du XIXe siècle, traditionnel des canaux d'Orléans et du Berry.
Née de la volonté d'un groupe de bénévoles -"Les Mariniers de Grignon"- cette Belle embarcation de 27 m de long et 20 tonnes, tout en chêne, a été mise à l'eau en 2018 au terme de 10 années de construction selon des techniques ancestrales. Une sacrée aventure humaine pour cette flûte... peut-être baptisée au champagne ?
(Photos prises le 9 mai 2024)
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Journée dans le Gâtinais à Ferrières et Griselles.
Après Château-Landon en Seine-et-Marne le 10 avril, me voilà repartie dans le Gâtinais à la découverte de 2 nouveaux villages d'une région naturelle qui s'étend entre Hurepoix, Seine, Brie, Puisaye, forêt d'Orléans et Beauce sur 3 régions administratives (Ile-de-France, Centre-Val de Loire, Franche-Comté) et 4 départements (Seine-et-Marne, Essonne, Loiret, Yonne). Au programme cette fois : Ferrières et Griselles dans le Loiret, distants de 4 km l'un de l'autre.
Labellisée "Petite cité de caractère", Ferrières-en-Gâtinais, dont la 1ère partie du nom rappelle l'exploitation du minerai de fer qui y fut pratiquée jusqu'au XVIIIe siècle, doit son essor à la présence d'une abbaye bénédictine ayant connu un rayonnement européen au cours du Moyen Age, notamment à l'époque carolingienne. 2 rois de la dynastie franque -Louis III et son frère Carloman II, descendants de Charlemagne- y furent sacrés le même jour, le 4 septembre 879. De la place Saint-Macé, on accède à la vieille ville par une porte fortifiée menant à la cour de l'abbaye où se dresse l'ensemble remarquable formé par l'abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, l'église Notre-Dame de Bethléem et les bâtiments monastiques. A l'intérieur de l'enceinte historique, la visite se poursuit par la coquette place des Forges et la rue de la Pêcherie, avec son lavoir au bord de la Cléry. A la sortie de la ville, boulevard de la Brèche, ne pas manquer l'espace Saerbeck et le sentier botanique de l'étang des Moines.
Marteau en l'air, prêt à frapper l'objet posé sur l'enclume, ce forgeron réalisé par Norbert Daems trône depuis 2007 sur le rond-point de la place Saint-Macé, rappelant que l'exploitation du minerai de fer fut une activité florissante dans l'histoire de la cité.
Sur la place, les vieux platanes sont couverts de nœuds proéminents... des excroissances parmi lesquelles j'ai débusqué ces 2 têtes, cachées dans l'écorce... Paréidolie, un petit jeu auquel j'aime bien m'adonner.
Depuis la place du même nom, on accède à l'enceinte abbatiale par la porte Saint-Macé (MH en 1991).
Cour du couvent. Elle forme une place ombragée de tilleuls entre les portes Saint-Macé et Saint-Michel.
Ouverte dans le mur de la grange aux dîmes, la porte Saint-Michel, accolée au clocher, descend vers la place des Églises.
L'abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul domine la place des Églises. Sa façade nord, seulement percée de 6 baies romanes en plein cintre, accentue l'aspect austère de l'édifice. C'est le bâtiment le plus imposant de l'abbaye dont la fondation remonterait au VIIe siècle et qui connut un rayonnement spirituel majeur à l'époque carolingienne sous les abbatiats d'Aldric et de Loup de Ferrières (adoption de la règle bénédictine). Largement reconstruite aux XIIe et XIIIe siècles sur les fondations d'origine, incendiée lors de la guerre de Cent Ans, en partie détruite par les Huguenots pendant les guerres de Religion, à la Révolution, la petite communauté de moines qui y vivait encore fut dispersée et les bâtiments rescapés, vendus comme bien nationaux. 40 m de haut, carolingien à sa base, roman et gothique aux étages, flèche de pierre de style flamboyant, le clocher raconte plus de 14 siècles d'histoire.
La façade ouest comporte 2 éléments notables : le portail principal, accessible par un perron d'une quinzaine de marches, et, sur la gauche, une curieuse petite porte murée. Sans intérêt, les tympans maçonnés ont perdu leur décor d'origine. Remarquable par contre, les colonnettes supportant les voussures sont ornées de chapiteaux historiés.
Chapiteau sculpté de musiciens, portail principal.
A gauche de l'entrée principale, cette petite porte située à environ 2 mètres du sol, dite "porte Papale" (2 photos suivantes), était réservée aux papes en visite à l'abbaye. Il y en eut 4 au cours de l'histoire : Grégoire II, Calixte II, Alexandre III et Innocent IV. A chaque fois, la porte était murée après leur départ.
Ci-dessous, chapiteau de la porte papale représentant le combat de Pépin le Bref contre un lion. La légende raconte qu'au VIIIe siècle, lors d'un séjour à Ferrières avec sa cour, le roi aurait jeté dans l'arène où se trouvait un lion la chaussure de son épouse, Berthe au grand pied, en demandant un volontaire pour aller la récupérer. De volontaire, il n'y eut pas et c'est Pépin lui-même qui alla affronter le lion, témoignant ainsi de sa vaillance malgré sa petite taille. Sur le chapiteau, on peut voir le roi couronné porter le coup fatal à l'animal. Autre version : Pépin le Bref aurait lancé aux spectateurs le défi de séparer un lion et un taureau qui se battaient dans l'arène. Personne ne se désignant, Pépin y est allé. Après avoir tué le lion puis le taureau, le roi victorieux aurait lancé à l'assemblée "Ne suis-je pas digne d'être votre seigneur ?".
Intérieur de l'abbatiale. Couverte d'une charpente lambrissée en coque de bateau renversée, la nef date du XIIe siècle. Elle a été consacrée par le pape Alexandre III en 1163. Inspirée du plan de l'église carolingienne primitive, la coupole octogonale de la croisée du transept (12 m de diamètre et 16 m de haut) a été élevée au XIIIe siècle. Elle repose sur 8 gros piliers en pierre de Souppes (pierre calcaire beige extraite des carrières de Souppes-sur-le-Loing, à une quinzaine de km). Les murs blanchis à la chaux en 1818 renforcent la luminosité intérieure.
Les 3 statues suivantes datent du XVe siècle, toutes en pierre polychrome. Ci-dessous, rare représentation de Saint Pierre en pape.
Saint Éloi.
Ecce Homo (MH en 1966). Statue installée dans une niche créée à partir de la porte ogivale par laquelle communiquaient autrefois le cloître et l'église.
Sur le mur sud, à droite de la statue Ecce Homo, cette Descente de Croix d'origine inconnue est une réplique inversée de la Descente de Croix peinte par Rubens pour son triptyque exposé à la cathédrale d'Anvers.
Contigu aux bâtiments conventuels, le pavillon Louis XIII abritait le logis du prieur et la bibliothèque.C'est aujourd'hui l'Hôtel de Ville.
Pignon du pavillon Louis XIII.
La cour de l'abbaye, vaste espace dégagé recouvert de pelouse (2 photos suivantes). Aménagé en coin pique-nique (mon spot pour la pause déjeuner), la vue est idéale sur les 2 églises et les bâtiments conventuels. Ici, en arrière-plan, l'église Notre-Dame de Bethléem, édifiée à une vingtaine de mètres de l'abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul.
A gauche, une partie de l'église ND de Bethléem et l'église abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Visible aussi la porte Renaissance donnant, en face, sur la cour de la mairie. A droite, escalier en sous-sol menant à la Porte Louis XIII par laquelle passaient les moines pour accéder à leurs jardins au bord de la Cléry.
Porte Renaissance. Autrefois porte du réfectoire des moines, elle a été déplacée à cet endroit au XIXe siècle. Quelques marches conduisent à une cour -l'ancien cloître- autour duquel étaient distribués les bâtiments conventuels.
Les bâtiments conventuels sont aujourd'hui occupés par la mairie. La salle capitulaire de l'ancienne abbaye est devenue salle des mariages et la cour fait office de parking (2 photos suivantes).
Église Notre-Dame de Bethléem. A maintes reprises détruite et reconstruite, l'église aurait été édifiée à l'emplacement supposé de l'oratoire primitif commémorant la vision miraculeuse de la Nativité apparue aux saints évangélistes Altin, Savinien et Potentien à la fin du IIIe siècle. De taille bien plus modeste que l'abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, l'église possédait jadis un clocher qui s'est effondré au XIXe siècle. Sa façade nord donne sur la place. Côté sud, elle présente une façade faite d'un curieux assemblage d'éléments de tailles et d'époques différentes ajoutés au fil du temps. La construction carrée à gauche en bout de nef constitue l'ajout le plus récent (pour abriter la chaudière). Cette petite église, joyau du patrimoine médiéval de Ferrières, a subi d'importants travaux de restauration entre 2021 et 2023. Ce qui frappe en l'observant c'est à quel point elle semble de construction récente. L'enduit a en grande partie recouvert les pierres d'origine, le toit a perdu ses belles tuiles, remplacées par des tuiles plates à l'aspect uniforme. La restauration semble hélas l'avoir dépouillée de tout caractère... en attendant qu'elle retrouve un peu de patine.
Modillons de l'église Notre-Dame de Bethléem.
Notre-Dame de Bethléem, la nef et l'abside, entièrement occupée par un imposant retable signé Gilles Guérin (1650).
Tableau représentant le miracle du crâne de Saint Aldric, abbé de Ferrières puis archevêque de Sens au IX siècle. Pour identifier les reliques dispersées du Saint, son crâne est présenté à une femme aveugle qui retrouve aussitôt la vue.
Le retable de Gilles Guérin est dominé par une statue de la Vierge à l'Enfant entourée de 2 anges. Dans une niche, de chaque côté du tableau central, se trouvent les statues de Saint Potentien et Saint Savinien.
Sous le retable, autel orné d'un bas-relief représentant la Sainte Famille dans l'atelier du charpentier Joseph (Gilles Guérin).
Je quitte maintenant l'enceinte abbatiale pour continuer à explorer la ville. Belle maison au 6 Grande Rue, en face d'une galerie d'art. Comme de nombreuses maisons à Ferrières, elle arbore le blason de la cité, adopté par le Conseil municipal le 9 juillet 1963, ainsi décrit en héraldique : d'azur à 2 clefs passées en sautoir, celle en bande d'argent brochant sur celle en barre d'or. Le fond azur et les fleurs de lys symbolisent la royauté (2 rois, Louis III et son frère Carloman II, y ont été couronnés), les clés d'or et d'argent, la papauté (les 4 papes venus à Ferrières).
La rue de la Pêcherie descend jusqu'à la place des Forges et à un lavoir au bord de la Cléry (5 photos suivantes).
La Cléry est une rivière de 43 km de long. Sous-affluent de la Seine par le Loing, elle coule dans les départements de l'Yonne et du Loiret. Son cours dérivé par les moines de Ferrières en bras secondaire (nommé localement "fausse rivière" ou "fausse Cléry") a permis le développement de la cité avec l'implantation sur ses berges de nombreux moulins, lavoirs et tanneries.
Situé le long du boulevard de la Brèche, en sortie de ville, l'espace Saerbeck (7 photos suivantes) porte le nom de la localité allemande avec laquelle Ferrières-en-Gâtinais est jumelée depuis 1994. Parcours de santé et botanique, espace pique-nique, promenade ombragée le long de la Cléry, c'est aussi le lieu où se tiennent chaque été les Médiévales de Ferrières.
Drapeaux français, européen et allemand hissés sur la pelouse.
Espace Saerbeck, sentier botanique de l'Étang des Moines.
Niché dans un cadre verdoyant, le village de Griselles compte un peu plus de 800 habitants contre environ 3 750 pour Ferrières. Des 4 moulins d'origine autrefois établis sur les rives de la Cléry, il en subsiste 2, dont le superbe moulin Tosset. A découvrir également, le pont du Grill, en sortie de bourg.
Garée sur la place de Verdun, le premier monument qui se présente est l'église de Griselles. Placée sous le patronat de Saint-Aignan, évêque d'Orléans, elle a dépendu de la puissante abbaye de Ferrières jusqu'à la Révolution. Tout en longueur, l'église frappe par le contraste de couleurs des toitures, certaines couvertes d'ardoise (clocher et collatéral), les autres de tuile (porche, nef et chœur).
Le porche caquetoire adossé à la façade principale a été ajouté au XIXe siècle. L'église était fermée, je n'ai pu la visiter. En partant sur la gauche au niveau de la barrière, un sentier descend en sous-bois jusqu'au moulin Tosset.
Moulin Tosset (3 photos suivantes). Situé en contrebas du village, tant pour son environnement verdoyant que pour son bâti, cet ancien moulin à farine est une jolie découverte. Construit entre les XVe et XVIIe siècles, il a cessé de fonctionner en 1900. La roue et le système hydraulique, en excellent état de conservation, sont inscrits à l'inventaire des MH depuis 1991. Coup de cœur pour la maison en pierre attenante et sa magnifique toiture.
Roue du moulin.
En poursuivant la route, j'arrive au chemin de Courvilaine où se situe une belle propriété entourée d'un immense parc dont on aperçoit ici l'une des entrées. Accrochée à la grille, la glycine grimpe jusqu'au ciel.
Le chemin de Courvilaine (3 photos suivantes) mène à une impasse au fond de laquelle est établi le moulin des Aulnes. Ci-dessous, à gauche sur la photo, autre point de vue sur la belle propriété et son parc arboré.
Transformé en demeure privée, le moulin des Aulnes a fonctionné jusqu'en 1940.
La Cléry au moulin des Aulnes... sac de nœuds.
Le pont du Grill (5 photos suivantes) franchit la Cléry à la sortie du bourg de Griselles. Construit en dos d'âne par les moines de Ferrières au XIIIe siècle, il a la particularité de présenter 2 profils radicalement différents, une curiosité qui s'explique par sa fonction de barrage filtrant.
Tablier du pont avec son revêtement pavé.
De ce côté, arches carrées, renforcées de becs de culées. Il faut imaginer ces arches équipées à la conception du pont de grilles destinées à retenir les débris charriés par la rivière (branchages, cadavres d'animaux...). Le dispositif permettait d'éviter que ces débris ne se retrouvent dans l'étang des Moines aménagé en aval par les bénédictins (étang aujourd'hui disparu) avec le risque de polluer le plan d'eau qui leur servait de vivier. Au-dessus de l'arche centrale figure le blason de Louis de Blanchefort, abbé de Ferrières de 1465 à sa mort en 1505 qui fit reconstruire l'ouvrage après sa destruction au cours de la guerre de Cent Ans.
De l'autre côté, le pont présente 7 arches ogivales de taille inégale d'où la Cléry s'échappe en formant une chute.
Créée artificiellement, cette petite chute d'eau au pied des arches permettait d'oxygéner la rivière avant qu'elle ne se déverse dans l'étang des Moines. On perçoit son murmure avant même de voir le pont.
(Photos prises le 28 avril 2024)
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