-
Rando à Montlivault, circuit de la Noue et des bords de Loire
Rando à Montlivault. Circuit de la Noue et des bords de Loire (15,5 km).
Montlivault est un village de près de 1 300 habitants situé dans le département du Loir-et-Cher, à une douzaine de kilomètres de Blois et 7 de Chambord, dans le périmètre du Val de Loire inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco. Une bonne partie de sa superficie est dédiée aux cultures maraichères. Intra-muros, le tissu ancien donne beaucoup de charme au village. Les petites rues s'organisent autour de l'église Saint-Pierre et du château, avec son pont-voûte menant au lavoir sur la Noue. Face au château se dresse l'imposant ensemble formé par la mairie et l'école. C'est le point de départ de la randonnée, balisage barrettes jaunes. Un itinéraire dont j'ai très vite dévié... au gré d'une rencontre.
Sortant de la boulangerie avec son pain et les gâteaux du dimanche, une habitante du village, me voyant prendre des photos, est venue vers moi, intéressée de savoir d'où je venais. Après m'avoir donné quelques informations sur le château, elle m'a gentiment proposé de me guider à travers les rues de Montlivault à la découverte du patrimoine rural de sa commune, dont elle connaissait parfaitement l'histoire. Et pour cause, j'appris en la quittant qu'elle avait été maire du village. Elle et moi avons cheminé côte à côte une demi-heure durant, elle fut une charmante guide. Grand merci !! Me restait plus maintenant qu'à recoller au circuit.
Un circuit de presque 16 km qui réunit en fait 2 boucles : l'une au départ de Montlivault à travers la campagne environnante ; l'autre le long de la Loire jusqu'à Saint-Claude-de-Diray.
Départ de la randonnée Grande Rue, sur le parking de la mairie. Ce bel ensemble de bâtiments de la fin du XIXe siècle comprend la mairie proprement dite et 2 pavillons accolés : l'école de filles (à gauche) et l'école de garçons (à droite). La première pierre a été posée le 20 mars 1887 par le maire de l'époque, Eugène Chabault-Billon. Inauguration le 25 mars 1888 avec 93 écoliers pour la première rentrée scolaire, filles et garçons séparés... Près d'un siècle plus tard (1976), la loi Haby rendait la mixité obligatoire dans les écoles.
En contournant les bâtiments de la mairie, on arrive devant l'entrée de l'école maternelle, qui fait partie du même ensemble de bâtiments. "École enfantine"... le nom d'origine a été conservé... charmante appellation surannée.
Sous la conduite éclairée de ma guide, j'arrive rue de la Voûte où ce pont ancien daté du XVIIe siècle enjambe la route. Faisant la jonction entre 2 parties du parc du château, il était utilisé jadis par les propriétaires qui passaient dessus pour se rendre directement au lavoir et au vivier à poissons situés de l'autre côté, au bord de la Noue.
Du château de Montlivault, c'est à peu près tout ce que j'ai vu : le mur d'enceinte dont dépasse, à droite, une longue toiture, et de hauts arbres à travers lesquels se devine un bout de bâtiment.
Lavoir du XIXe siècle dit de la Fontaine Brouat, bâti en bord de Noue, une rivière de 12,4 km. Situé à l'angle de la rue Basse et de la rue de la Voûte, c'est un lavoir double. Couverts d'une charpente en bois, les 2 abris latéraux se trouvent de part et d'autre d'un bassin entouré d'une margelle en pierre. Le lavoir de Montlivault a été utilisé durant près d'1 siècle. Contrairement à ce que leur nom laisse penser, les lavoirs ne servaient pas à laver le linge (opération faite à la maison) mais à le rincer, ce qui demandait de bien plus grandes quantités d'eau. De nos jours, le village organise des reconstitutions historiques à l'ancien lavoir. Ci-dessous, j'ai superposé à ma photo d'origine celle d'une reconstitution à laquelle a participé ma guide.
Cheminant toujours accompagnée, j'arrive à ce bâtiment aux murs noircis. Il s'agit d'un séchoir à tabac (2 photos suivantes). La culture du tabac dans le Val de Loire s'est développée après la Seconde Guerre mondiale, avant de rapidement décliner puis de disparaître totalement dans les années 1980. Elle permettait un complément de revenus. Ma guide m'a raconté s'être battue pour conserver le séchoir à tabac de Montlivault, témoin du patrimoine rural de sa commune. C'est là que nos chemins se sont séparés.
La couleur des murs résulte du goudron dont le bois était enduit pour le protéger des intempéries. A l'avant du séchoir se trouve une grande porte à 2 battants dont l'ouverture, avec celle des volets latéraux, permettait de réguler l'aération. Le tabac devait sécher tout en gardant une certaine souplesse. En fonction de la météo, on ouvrait plus ou moins grand les portes. Le bon dosage afin d'éviter la dessication, tout en empêchant la plante de moisir. A l'intérieur, le tabac était suspendu en gerbes de 4 à 5 pieds, têtes en bas, sur des fils métalliques tendus parallèlement sur toute la longueur de la charpente.
Église Saint-Pierre, avec son haut clocher à l'allure défensive. Photo prise de l'hôtel-restaurant "Le Relais de Loire". Aux beaux jours, l'établissement, situé juste en face de l'église, de l'autre côté de la rue, dispose tables et chaises au soleil le long du chevet. Une agréable terrasse !! L'église Saint-Pierre possède un chœur couvert d'une voûte en berceau avec abside en cul de four. Elle est entièrement inscrite aux MH depuis 2010, année au cours de laquelle des peintures murales datées du XVe siècle ont été mises à jour lors des travaux de restauration. Peintures murales que malheureusement je n'ai pu qu'imaginer... l'église était fermée.
Il a plu abondamment les jours précédents, la première partie de la randonnée à travers champs est une éponge.
Un bonheur pour les limaces, de sortie elles aussi... mais pas au même rythme : 4 à 7 m par jour.
Suite de la randonnée sur des chemins de terre et des allées champêtres, au milieu des cultures (6 photos suivantes).
Champ de sorgho.
Envol de faisan. Par dessus les champs, soudain j'ai vu... ♫ ♪ ♫
Aux abords de la parcelle à droite, quelques pieds de datura, épars.
La même parcelle. Pas encore envahie, mais l'ennemi prend position. Herbacée de la famille des solanacées (comme la tomate ou encore la pomme de terre), le datura, originaire du Mexique, a désormais colonisé toutes les régions tempérées d'Europe. Il se plait dans les champs cultivés où il peut très vite proliférer l'été. Facilement reconnaissable à ses grosses fleurs blanches en forme d'entonnoir, le datura est aux plantes ce que l'amanite phalloïde est aux champignons. Toutes les parties sont toxiques. La plante contient 3 alcaloïdes hallucinogènes (atropine, scopolamine et hyoscyamine), responsables de graves intoxications. Avec des surnoms pour le moins évocateurs : herbe du diable, herbe aux sorciers, chasse-taupes.
Effet bicolore... A l'inverse, cette parcelle est complètement envahie (2 photos suivantes).
L'une habillée de noir, l'autre verte... nul caprice vestimentaire, elles n'en sont pas au même stade de leur métamorphose. Plus connue sous le nom de punaise verte ponctuée, Nezara viridula passe successivement par 5 stades larvaires qui la verront évoluer de noire, à verte et rouge à points blancs, avant de devenir entièrement verte une fois adulte.
5e et dernier stade larvaire, juste avant l'imago. Aptère et donc dépourvue d'ailes, ce n'est qu'une fois adulte que la punaise verte pourra s'envoler. Originaires d'Afrique, ces ravageurs phytophages voient leur aire de répartition s'accroître vers le nord depuis les années 1990 en raison du réchauffement climatique.
Retour au village, le clocher de l'église de Montlivault pointe au bout du champ d'asperges.
Changement de décor, paysages ligériens (6 photos suivantes). La deuxième partie de la randonnée est la plus jolie à mon goût. Elle suit le chemin de halage, avec de belles vues panoramiques sur Cour-sur-Loire et le parc du château de Ménars, en face, en rive droite.
Girouet rappelant que la randonnée se situe sur la portion de Loire inscrite au patrimoine de l'Unesco.
Partie de pêche en famille.
Panorama sur la rive droite. Cour-sur-Loire jouxte le mur d'enceinte du château de Ménars et son parc de 50 hectares. Les fleurs jaunes visibles en bas à droite sont des fleurs de tanaisie.
La tanaisie est une plante que l'on rencontre partout en Europe à l'état sauvage, dans les prairies ou au bord des rivières. De la famille des astéracées, elle est facilement reconnaissable à ses petites fleurs jaunes en forme de boutons ronds, comme des marguerites sans pétales. Très odorante, les fleurs froissées entre les doigts dégagent une agréable odeur citronnée de dentifrice.
Clocher de l'église Saint-Vincent-et-Sainte-Radegonde de Cour-sur-Loire.
La randonnée bifurque ensuite à travers les broussailles en direction de Saint-Claude-de-Diray.
Au sortir des broussailles, levée de Loire, avec la route à traverser au sommet.
S'il est peu visible depuis la route nationale qui longe sa façade nord, le château de Ménars s'apprécie mieux de ce côté, à la faveur de trouées végétales. Édifié aux XVIIe et XVIIIe siècles par les architectes Gabriel et Soufflot, ancienne résidence de la marquise de Pompadour, il a connu plusieurs propriétaires successifs jusqu'à l'époque contemporaine. Saint-Gobain l'a acquis en 1939 pour en faire un centre de séminaires et de vacances. Suite à la nationalisation de la compagnie sous François Mitterrand, le château de Ménars (MH en 1949) ses 62 chambres et son parc de 50 hectares sont rachetés en 1983 par Edmond Baysari. L'homme d'affaires libano-américain ayant fait fortune dans l'immobilier aurait dépensé plus de 100 millions pour redonner son lustre au château de la Pompadour. Toujours en mains privées, le château est depuis juin 2022 la propriété de Clara Kuo, femme d'affaires franco-taïwanaise.
Ligne droite jusqu'à Saint-Claude-de-Diray. Au bout du champ, visible sur la gauche, le château de Nozieux.
Montlivault, Ménars, Nozieux... 3 châteaux en une même rando !! Détruit au XIXe siècle, il ne reste du château de Nozieux que les dépendances. La grande tour carrée a été transformée en gîte ("La Tour de Nozieux"), comportant 3 pièces sur 3 niveaux.
La randonnée touche à sa fin. 3 petits km à parcourir jusqu'à Montlivault.
(Photos prises le 24 septembre 2023)
Tags : Centre-Val-de-Loire, Loir-et-Cher, Montlivault, Patrimoine de l'Unesco
-
Commentaires
"avec son pain et les gâteaux du dimanche..."
de beaux souvenirs nostalgiques me reviennent...
Une belle balade qui commence au mieux avec la gentille maire du village.
L'école un peu austère qui me rappelle la blouse et l'encrier.
le lavoir avec un photo-montage de pro ;)
le séchoir à tabac à la couleur de mes poumons.
et puis
ça fait "floc floc" dans l'herbe mouillée...
Humour et clin d'œil compris ;)
"Envol de faisan. Par-dessus les champs, soudain j'ai vu... ♫ ♪ ♫ "
le champ de sorgho sous le soleil.
ça fleure bon la campagne, les oiseaux qui chantent, l'odeur de l'herbe
marcher d'un cœur léger,
"c'est ça le bonheur"
la Loire toujours majestueuse se profile enfin sous un soleil éclatant
et enfin le retour à Montlivault.
Merci pour tes belles photos que j'aime, ton bel article si bien écrit, paisiblement lu derrière la fenêtre de mon bureau... alors que dehors il fait tout gris
( en écoutant Erik Satie, Wolfgang Amadeus Mozart
Eine kleine Nachtmusik: 2.Satz Romanze etc...)
au plaisir de te lire Cécile ;)
bien amicalement
Jeff
Ça fait un peu cliché, mais la France est belle dans sa diversité, même ces balades de proximité me ravissent. Et je te rejoins totalement, un pied devant l'autre, marcher tranquillement sous le ciel bleu, réchauffée par le soleil (un délice sous les premiers rayons printaniers), traverser des villages, des champs, cheminer le long de notre belle Loire, c'est aussi ça le bonheur. Et plein de fois, la surprise de rencontres fort sympathiques. A bientôt en balade sur ton blog ou le mien.
Belle fin de journée à toi, ami mélomane :-)