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Notre-Dame de Royan, née des décombres
Notre-Dame de Royan, née des décombres.
J'ai découvert l'existence de Notre-Dame de Royan en prospectant sur Internet à la recherche d'idées de visites pour mon séjour en Charente-Maritime. 4 jours de mini-vacances dans ce département dont je savais déjà qu'ils passeraient trop vite... Il s'agissait de bien remplir, sans surcharger. Je l'ai donc ajoutée un peu en dernière minute à la liste quasi bouclée des choses à faire... et j'ai été bien inspirée. Avancer rue Notre-Dame et découvrir au bout de la rue son impressionnante silhouette de béton armé dont le clocher pointe à 60 m vers le ciel relève du choc visuel. Le second choc se produit à l'intérieur. En pénétrant dans l'église, la sensation de verticalité saisit. La hauteur de la nef aussi. Monumentale, portée par une ossature de piliers en béton qui la dégage de tout soutènement, son architecture d'un seul tenant libère un volume exceptionnel, étonnamment baigné de lumière dans tout ce gris. Une lumière blanche, que l'on dirait céleste.
Née des décombres, l'édification de Notre-Dame de Royan fit partie du vaste plan de reconstruction mené à partir des années 1950 dans une ville détruite à 80 % par le déluge de feu s'étant abattu sur son sol en janvier puis avril 1945. Et là, je pensais connaître l'histoire du bombardement de la ville au cours de la Seconde Guerre mondiale, mais j'avais tout faux. Car ce ne sont pas les Allemands (comme je le pensais) qui ont bombardé Royan mais les Alliés. Une action menée au cours de la phase de Libération du pays pour venir à bout d'une poche ennemie.
Le centre-ville de Royan devient dès lors un immense chantier. Choisi par le maire de l'époque, l'architecte Guillaume Gillet a pour mission de rebâtir une église la plus haute possible, église symbole d'une ville non plus couchée mais debout, d'une ville qui se relève de ses plaies. Après 3 années de travaux, Notre-Dame de Royan est bénie le 10 juillet 1958.
L'église de Royan (MH depuis 1988) fit partie des bâtiments détruits par le bombardement allié de 1945. Plutôt que de la rebâtir à l'identique, le choix s'est porté sur la construction d'une nouvelle église à l'architecture futuriste, en béton brut, conforme aux canons de l'époque. Le chœur épouse la forme d'une proue de navire. Le clocher, visible depuis l'océan, culmine à 60 m.
Une nef de 35 m de haut, verticalité saisissante !! Œuvre de l'architecte Guillaume Gillet et des ingénieurs Bernard Lafaille et René Sarger, l'église Notre-Dame de Royan s'intègre dans le renouveau de l'architecture religieuse lié à la reconstruction d'après-guerre. A l'intérieur comme à l'extérieur, le béton domine.
La particularité de l'église Notre-Dame de Royan réside dans sa structure : une ossature composée de 24 piliers en béton armé en forme de V. Conçus par l'ingénieur Bernard Lafaille dont ils sont la spécialité (les fameux V Lafaille), mais d'une hauteur et d'une envergure ici jamais atteintes, ces piliers, en dégageant la nef de tout soutènement, libèrent un vaste espace intérieur (capacité de 2000 fidèles) baigné de lumière par l'alternance de grandes verrières verticales non figuratives. La plupart des vitraux de l'église Notre-Dame ont été réalisés par le maître verrier Henri Martin-Granel (1914-2008).
Derrière le maître-autel, le vitrail de la Vierge illumine l'espace de ses couleurs vives. Il s'emboîte parfaitement dans le grand V Lafaille du chœur. Œuvre du maître verrier Claude Idoux (1915-1990), réalisé en cristal de Baccarat, il représente la Vierge en Assomption.
L'orgue placé en tribune est l'œuvre du facteur Robert Boisseau. Inauguré en 1964, c'est le plus grand de Charente-Maritime : 47 jeux, 3 claviers et 3 600 tuyaux en étain martelé (MH depuis 2006).
Notre-Dame de Royan abrite une statuaire de qualité, de belles œuvres exposées dans la nef, le déambulatoire et la tribune qui témoignent du renouveau de l'art sacré dans les décennies d'après-guerre. Ci-dessous, "La Vierge" (1965-1966, Jean-Pierre Roux).
Les fonts baptismaux.
Bénitier métallique surmonté d'une croix (1958, Guillaume Gillet).
"La Descente de croix" (vers 1960, Jacques-Yves Perret)
"Sainte Jeanne d'Arc" (1968, Jacques-Yves Perret).
"L'Immaculée Conception, ou Vierge noire" (1958, Gaston Watkin).
A 3 m au-dessus du sol, la galerie qui ceinture l'édifice est illuminée de vitraux en forme de losanges. Ces vitraux, figuratifs, reprennent le thème du Chemin de Croix, tout en s'éloignant toutefois de sa représentation traditionnelle à 14 stations fixée au XVIe siècle. Ici, il est composé de 18 panneaux. Ci-dessous : Marie reçoit le corps de son fils, 15e panneau.
Symbole de Résurrection : la Croix, lumière sur le monde, 16e panneau.
(Photos prises le 11 juin 2022)
« Talmont-sur-Gironde, l'église Sainte-RadegondeMornac-sur-Seudre, rues du village et église Saint-Pierre »
Tags : Royan, Nouvelle-Aquitaine, Charente-Maritime
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