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Château de Chenonceau, histoires de cour et de coeur
Ma visite du château de Chenonceau (sans x) situé sur la commune de Chenonceaux (avec un x)
Histoires de cour et de coeur lui ont bâti la réputation de "château des Dames", faisant de Chenonceau le plus romanesque des châteaux de la Loire.
Et dans son passé, des dames, il y en eut : Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, Gabrielle d'Estrées, Marie Stuart, Marguerite de France, Louise de Lorraine, Élisabeth d'Autriche, Élisabeth de France, Louise Dupin... Liste non exhaustive !!
De toutes ces dames, l'histoire a surtout retenu la rivalité entre Catherine de Médicis, la légitime, et Diane de Poitiers, la favorite, à laquelle Henri II, roi de France, avait offert le château de Chenonceau. Du temps qu'il lui appartenait, Diane de Poitiers fit construire par Philibert Delorme le célèbre pont sur le Cher. Quant aux 2 galeries superposées, donnant à Chenonceau sa physionomie caractéristique, elles furent ajoutées par Catherine de Médicis lorsque Diane lui restitua le château, à la mort du roi.
Au bout d'une longue allée de platanes, l'entrée du château est gardée par 2 sphinx de pierre. A droite, dans l'avant-cour, la tour des Marques, dernier vestige du château féodal antérieur. Elle en était le donjon.
La longue allée de platanes menant au château...
L'un des 2 sphinx de pierre positionnés au bout de l'allée de platanes. Les statues proviennent du château de Chanteloup, ancienne propriété du duc de Choiseul.
1. La chapelle.
Elle fut préservée des destructions révolutionnaires par la propriétaire de l'époque, Louise Dupin, qui la transforma en réserve à bois.
Dans la chapelle, 3 œuvres m'ont particulièrement émue.
Cette "Vierge au voile bleu" signée Giovanni Battista Salvi, dit Il Sassoferrato (XVIIe siècle).
Le "Saint Antoine de Padoue", signé Murillo.
Et cette superbe "Vierge à l'Enfant", oeuvre en marbre de Carrare signée Mino da Fiesole, sculpteur florentin du XVe siècle.
2. La Chambre de Diane de Poitiers.
Cette chambre fut occupée par Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II, à laquelle il avait offert le château de Chenonceau. Grièvement blessé le 30 juin 1559, à 40 ans, lors d'un tournoi, Henri II meurt quelques jours plus tard. Plus d'obstacle dès lors pour que sa veuve, Catherine de Médicis, récupère le château... Elle donna en échange à la favorite celui de Chaumont-sur-Loire.
On distingue sur la cheminée les initiales HC entrelacées : le H d'Henri II et le C de son épouse Catherine de Médicis, dont un portrait trône sur la hotte. Fauteuils Renaissance recouverts de cuir de Cordoue.
Cheminée signée Jean Goujon. Gros plan sur la hotte.
Lit à baldaquin de Diane de Poitiers et tapisserie des Flandres du XVIe siècle.
3. La galerie.
De la Chambre de Diane de Poitiers, on arrive à la galerie par un passage aménagé. Située sur le pont enjambant le Cher, cette vaste pièce, longue de 60 m au sol entièrement carrelé d'ardoise et de tuffeau fut inaugurée en 1577 par Catherine de Médicis en l'honneur de son fils Henri III. Éclairée par 18 fenêtres, ses murs sont recouverts de médaillons représentant des personnages illustres.
Jour de novembre en semaine. A l'extérieur, grand froid. Résultat : peu de touristes et la Galerie du château pour moi tout seule !!
Le château de Chenonceau servit d'hôpital durant la Première Guerre mondiale.
Cheminée Renaissance à l'entrée de la galerie. La porte la plus à droite est celle du passage communiquant avec la Chambre de Diane de Poitiers. L'autre porte ouverte descend aux cuisines.
La galerie se situe sur le pont enjambant le Cher. Des fenêtres, belle vue sur la rivière.
4. Les cuisines.
Au pluriel car elles se composent en fait de la salle-à-manger de service, d'une boucherie, du garde-manger et de l'office. Les cuisines se situent dans les soubassements formés par les 2 premières piles du pont sur le Cher.
A gauche, escalier remontant vers la galerie. Pièce du fond : le garde-manger.
La salle-à-manger de service.
Dans chaque pièce du château, des compositions florales originales en végétaux naturels.
Gros plan.
Salle voûtée de l'office. Elle abrite une belle collection d'ustensiles en cuivre.
Collection de moules en cuivre.
Petit coucou au passage...
5. Le Salon François Ier.
Dans ce salon, ce sont les pièces de mobilier que j'ai particulièrement admirées. Qu'il s'agisse de la cheminée Renaissance (la plus belle du château), du cabinet italien tout incrusté de nacre et ivoire ou des 3 crédences superbement ouvragées, tout est somptueux. On peut aussi contempler de très beaux tableaux de maîtres, parmi lesquels Van Loo, Van Dyck, Le Primatice et Zurbaran.
L'imposante cheminée Renaissance du Salon François Ier.
Sur le manteau, on peut lire : "S'il vient à point, me souviendra", devise de Thomas Bohier, éminent homme d'État au service de 4 rois de France, dont François Ier.
Le cabinet italien (XVIe siècle). Offert en cadeau de mariage à François II et Marie Stuart, il est incrusté d'ivoire et de nacre et gravé à la plume.
Au mur, les Demoiselles de Nesle, voluptueusement figurées en "3 Grâces" par le peintre Carle Van Loo. Les sœurs furent toutes 3 favorites de Louis XV.
L'une des 3 crédences du Salon François Ier.
Partie haute.
Partie basse.
En face, cette autre crédence.
Au-dessus de la crédence : "Archimède", signé Francisco de Zurbaran.
Au centre du mur : "Diane de Poitiers en Diane chasseresse", huile sur toile signée Le Primatice (1566).
Détail sur les 2 putti dans l'angle inférieur gauche.
6. Le Salon Louis XIV
Après le Salon François Ier, encore un salon fastueux par sa décoration et son ameublement : fauteuils et tabourets recouverts de tapisserie d'Aubusson, cheminée Renaissance monumentale ainsi que plusieurs tableaux de maîtres (Rubens, Van Loo, Nattier), dont un portrait de Louis XIV signé Hyacinthe Rigaud à l'encadrement époustouflant.
Cheminée Renaissance avec, sur le manteau, la salamandre de François Ier et l'hermine de la reine Claude de France.
De l'autre côté de la cheminée, portrait d'apparat de Louis XIV signé Hyacinthe Rigaud. Et un superbe tableau de Rubens : "L'Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste".
"L'Enfant Jésus et Saint Jean-Baptiste"... dans son halo de lumière en forme de coeur...
Louis XIV en costume de sacre. Huile sur toile de Hyacinthe Rigaud (1700). Le sujet en impose autant que le cadre !! Signé Lepautre, il est constitué de 4 énormes pièces de bois sculptées et assemblées.
Détail de la partie basse du cadre.
Sous le tableau de Rigaud, une superbe console, oeuvre de l'ébéniste André-Charles Boulle. Et sur la console, une autre jolie composition florale.
Dans le Salon Louis XIV, 2 gracieux tableaux signés Jean-Marc Nattier. Premier tableau de Nattier : "Madame Dupin". Propriétaire du château au XVIIIe siècle, Louise Dupin y reçut Voltaire, Diderot, d'Alembert ou encore Rousseau et Fontenelle. Elle est une aïeule par alliance de George Sand.
L'autre tableau de Nattier : "La princesse de Rohan".
7. La Chambre des 5 Reines.
Cette pièce, d'une certaine sobriété, doit son appellation aux 2 filles de Catherine de Médicis : la reine Margot et Élisabeth de France, ainsi qu'à ses 3 belles-filles : Marie Stuart, Élisabeth d'Autriche et Louise de Lorraine. Outre un bel ensemble de tapisseries des Flandres du XVIe siècle, on y remarque surtout le grand lit à baldaquin.
Composition florale de la Chambre des 5 Reines.
8. La Chambre de Catherine de Médicis.
Pas très grande mais superbement décorée, la Chambre de Catherine de Médicis est un espace intime couronné d'un plafond en bois à caissons carrés où se lisent les initiales "C" et "H" entrelacées de Catherine et Henri. Le sol est en tomettes. Riche mobilier sculpté, dont le lit de la reine, à baldaquin, orné de frises. Les murs sont tendus de magnifiques tapisseries des Flandres du XVIe siècle. A droite du lit : "L'Éducation de l'Amour", peinture sur bois signée Le Corrège.
Le lit à baldaquin trône au centre de la chambre.
"L'Éducation de l'Amour" (peinture sur bois, Le Corrège). Une version peinte sur toile est exposée à la National Gallery de Londres.
L'ensemble de tapisseries des Flandres illustre le thème biblique de la vie de Samson.
Les tapisseries, fragiles, son protégées jusqu'à mi-hauteur par des vitres... d'où la réverbération...
De la Chambre de Catherine de Médicis, vue sur la galerie enjambant le Cher.
9. Le Cabinet d'estampes.
Petit appartement ouvrant sur le Cher, le Cabinet d'estampes est accessible par la Chambre de Catherine de Médicis. Il abrite une collection de gravures montrant le château de Chenonceau au fil des époques, depuis le XVIe siècle de Diane de Poitiers (avec une sanguine où le pont est représenté pour la première fois) jusqu'aux aquarelles d'architectes du XIXe siècle. Les œuvres sont très belles, d'une finesse remarquable, mais impossible de les détailler toutes !!
10. La Chambre de César de Vendôme.
César de Vendôme était le fils d'Henri IV et Gabrielle d'Estrées, mais aussi l'oncle de Louis XIV. Il devint propriétaire du château de Chenonceau en 1624.
Dans cette pièce : belle cheminée Renaissance, murs tendus d'une série de 3 tapisseries de Bruxelles (XVIIe siècle), lit à baldaquin. A noter, les 2 caryatides en bois de chaque côté de la fenêtre (XVIIe siècle).
La cheminée Renaissance a été peinte et dorée au XIXe siècle aux armes de Thomas Bohier.
Gros plan sur l'une des 2 caryatides en bois encadrant la fenêtre.
Tapisserie de Bruxelles évoquant le cycle de Cérès et l'alternance des saisons (XVIIe siècle).
11. La Chambre de Gabrielles d'Estrées
Favorite royale, Gabrielle d'Estrées fut le grand amour d'Henri IV. Elle lui donna un fils, César de Vendôme, que le roi légitima. L'ensemble du mobilier est d'époque Renaissance. Les murs sont tendus de tapisseries des Flandres (XVIe siècle) et de Bruxelles (XVIIe siècle). Au-dessus de la crédence, belle toile anonyme représentant sainte Cécile, la patronne des musiciens.
"Les mois Lucas. Août, la paye des moissonneurs". Tapisserie de Bruxelles (XVIIe siècle).
"Sainte Cécile". École florentine du XVIIe siècle (anonyme).
Je n'ai malheureusement pas pu voir la chambre de Louise de Lorraine, fermée pour travaux. Ce sera l'occasion de retourner visiter ce magnifique château, ainsi que ses jardins...
(Photos prises le 22 novembre 2018)
Tags : Indre-et-Loire, château, château de Chenonceau, Diane de Poitiers, Gabrielle d'Estrées, Catherine de Médicis, Henri II, Henri IV, César de vendôme
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Commentaires
Bonsoir, et bienvenue sur Eklablog.
Merci d'être passée sur "Le Pigeon migrateur". Je me suis régalée avec ce reportage à Chenonceau, que j'ai visité une fois avec mes filles. Voir le château en hiver, et surtout tous ces détails sur les personnages qui y ont vécu, le mobilier et les œuvres exposées, c'est comme si je découvrait l'endroit pour la première fois. Merci pour le partage !
A bientôt.
Bonsoir et merci pour ce sympathique message de bienvenue Chenonceau est l'un des plus beaux châteaux de la Loire. Magnifiquement meublé, de superbes tableaux et tapisseries, et particulièrement riche du point de vue historique -de la féodalité à l'Ancien Régime en passant par la Révolution et la Première Guerre mondiale. Arrivée à l'ouverture, il a suffi de laisser passer devant un car de touristes asiatiques et leur guide pour avoir le château presque pour moi tout seule !!